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Femmes dans la Tech : le regard de Doctolib

Mélanie Bérard, Engineering Manager chez Doctolib, s’implique au quotidien pour recruter et faire grandir les femmes dans les métiers techniques de l’entreprise.

Publié le  11/03/2021

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Un enjeu d’attractivité fort à l’heure où de nombreux acteurs du secteur de la Tech rivalisent d’ingéniosité pour atteindre plus de parité femmes/hommes dans leurs rangs. Diagnostic, traitement, prévention… Les réponses en entretien.

Quelle est la répartition hommes-femmes chez Doctolib ?

Sur nos 1600 collaborateurs en France et en Allemagne, qui composent les effectifs de Doctolib, 45% sont des femmes. C’est un pourcentage qui nous fait figurer au rang des bons élèves dans le secteur de la Tech. Ces collaboratrices sont bien représentées dans nos fonctions commerciales, opérations, marketing, ressources humaines... Dans les équipes de développement, nous comptons maintenant 22% de femmes, et bien que nous soyons au-dessus de la moyenne nationale, nous voulons mieux faire et arriver à une meilleure représentation des femmes dans la Tech, même au-delà des murs de Doctolib. 
 

Comment expliquez-vous cette différence ?

Il y a des raisons culturelles d’abord : l’image du garçon matheux, bon en code et un peu nerd a la vie dure*. Ce cliché a dissuadé beaucoup de jeunes femmes de s’engager dans des études scientifiques ou techniques, avec pour conséquence la sous-représentation des femmes dans ces filières en écoles d’ingénieurs et d’informatique, et ensuite en poste. Pendant des décennies, cette situation n’a guère évolué. Aujourd'hui, alors que beaucoup d’entreprises à forte composante technologique se font concurrence pour embaucher les meilleurs talents, les équipes de recrutement déploient des efforts particuliers pour trouver, attirer et fidéliser des talents au féminin.
 

Menez-vous des actions pour y remédier ?

Absolument. Nous avons lancé fin 2019 une initiative « Women in Tech », visant à promouvoir nos talents en interne et à l’extérieur. Notre objectif : recruter plus de talents féminins dans les métiers techniques : les software engineers, les développeurs, les data scientists…
 

Avez-vous des exemples d’actions ?

Nous avons commencé par créer un réseau interne « Women In Tech » rassemblant toutes les femmes dans les métiers Tech chez Doctolib. Cela nous a permis de parler de solutions à mettre en œuvre pour attirer plus de talents féminins et aussi de nous connaître. Ce sentiment d’appartenance à une communauté nous a rapprochées et inspirées. Nous avons décidé de mettre en lumière le quotidien professionnel et les parcours de nos collaboratrices via des articles de blogs à destination des professionnelles et étudiantes de la Tech.

On peut trouver des exemples sur Medium avec Mélanie Godard, full stack développeuse, Maurine Prevel, technical recruiter, ou en vidéo avec Saskia Menke, une collègue allemande, software engineer. 

En parallèle, les membres de notre communauté Women in Tech animent des conférences et des rencontres auprès des talents féminins de la Tech. Nous les encourageons à saisir ces opportunités, et nous les accompagnons aussi en proposant par exemple des formations à la prise de parole en public, des ateliers pour développer les sujets dont elles ont envie de parler. Mélanie Godard, développeuse senior, est ainsi retournée dans son école EPITA pour échanger avec des lycéennes en stage de découverte du code.

Ces rencontres leur permettent  d’appréhender les subtilités et la richesse des métiers techniques, pour mieux s’orienter vers l’UX design, la mesure de performance ou la gestion de serveur, entre autres possibilités. Autre exemple, Ségolène Alquier et Manon Budin, toutes deux software engineers sont allées présenter leur métier à l’ADA Tech School, auprès des étudiantes en début de cursus et en reconversion. Nous accueillons aussi des meetups** en partenariat avec Ladies of code, une communauté de développeuses. 
 

Avez-vous connaissance des impacts de « Women in Tech » sur les femmes rencontrées ?

Il va bien au-delà de ce que nous pouvions imaginer en nous lançant. Au fond, nous parlons d’un phénomène bien connu dans les secteurs autres que la tech : l’existence de références visibles participent à la construction de notre parcours professionnel. Ces actions ont permis également de donner une image plus juste de nos équipes tech : exigence et performance sont au programme, dans un climat de bienveillance et avec une certaine flexibilité d’organisation du travail. Grâce à ces efforts de représentation, nous recevons maintenant des CV que nous n’aurions pas reçus auparavant.
 

Vos actions concernent-elles aussi la phase de recrutement ?

Tout à fait, lors des entretiens pour des postes techniques, nous nous assurons que les postulantes rencontrent au moins une collaboratrice, car le fait de savoir qu’elles ne seront pas seules dans leur équipe joue beaucoup dans leur décision finale.

Nous avons également apporté davantage de neutralité dans la formulation de nos offres d’emploi pour adopter un langage moins genré et plus inclusif, qui reflète mieux la réalité de nos équipes. C’est un changement qui peut paraître anodin, mais qui a toute son importance dans notre démarche. 

Enfin, nous lançons en février une campagne de communication afin de mettre en valeur ces ambassadrices métiers de Doctolib, à travers leurs compétences, leur leadership mais aussi leurs projets d’épanouissement personnel. Ce sera sur notre compte LinkedIn. 
 

Pour cette série « Femmes au cœur de l’emploi » consacrée à la Tech, nous avons constaté un réel engouement sur les sujets d’inclusion et de diversité. Comment l’expliquez-vous ?

Nous avons aussi constaté l’intérêt positif suscité en interne et en dehors de Doctolib par notre initiative « Women in Tech ». C’est une évolution suivie de près par notre comité de direction, d’ailleurs. Et contrairement à ce que l’on peut entendre partout, les sujets de diversité et d’inclusion ne sont pas la préoccupation des nouvelles générations uniquement : il suffit souvent qu’un groupe se crée pour discuter du sujet pour voir les bonnes volontés affluer, sans distinction d’âge, d’ancienneté ou de fonction. C’est la preuve que ce sont des sujets de société qui touchent tout le monde. En plus, une entreprise en retard sur ces sujets se prive d’un vivier de talents incroyables. Il y a donc un enjeu stratégique de recrutement et de création de valeur. Ce que nous disons pour les femmes vaut également pour la diversité ethnique et de genre.
 

La notion de role model est revenue chez vos trois consœurs de la Tech interviewées dans cette série d’entretien. Pourquoi est-ce autant partagé dans le secteur ?

C’est très fort dans la Tech car c’est un secteur relativement jeune. Les trois entreprises que vous citez ont moins de 10 ans d’existence, tout comme nous, et la première génération des sites web date des années 2000. Nous manquons donc de référentiels, en particulier chez les femmes senior. Je ne connais personnellement que peu de femmes de plus de 40 ans exerçant un métier de programmation ou de développement, par pénurie et parce que beaucoup poursuivent leurs carrières dans d’autres départements (produit, management…) ou quittent le secteur. Donc la mise en valeur des role models existants, jeunes comme plus expérimentées, est un élément essentiel pour se projeter dans un secteur et dans une entreprise. 

* Nerd : Personne qu’une passion obsessionnelle, généralement pour les mathématiques et l’informatique, conduit souvent à vivre en marge de la société. Source : Larousse. 
** Meet-up : Soirée de réseautage social, centrée, pour les participants, sur un ou plusieurs centres d'intérêt communs. Source : Wikipedia. 
 

Créé en 2013, Doctolib compte 1600 collaborateurs en France et en Allemagne. L’entreprise propose un service de prise de rendez-vous en ligne pour les patients et de téléconsultations pour les professionnels de santé. 

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