Job dating inversé : et si on inversait les rôles ?

Le 7 mars dernier se tenait le forum de l'emploi d'Aubenas. Parmi les innovations de cette année, l'agence France Travail et la Mission locale ont expérimenté un nouveau dispositif de rencontre professionnelle avec le job dating inversé. Le principe : renverser les rôles traditionnels et laisser les recruteurs présenter leurs postes à de jeunes demandeurs d'emploi. À Aubenas, une dizaine d'employeurs du bassin se sont prêtés au jeu, représentant des secteurs aussi divers que la restauration, la grande distribution, le médico-social, le bâtiment ou l'animation socio-culturelle.

Face à eux, des candidats répartis sur plusieurs tables attendaient leur "pitch". Tous étaient des jeunes motivés bénéficiant d'un accompagnement spécifique - AIJ (accompagnement intensif jeune) ou CEJ (contrat d'engagement jeune). "L'enjeu consistait à regrouper nos jeunes avec la Mission locale", explique Christine Fayolle, conseillère entreprise au sein de l'agence France Travail d'Aubenas. "On a fait venir les jeunes intéressés par le concept, et on les a préparés au maximum en amont : savoir se présenter, écouter, et surtout poser les bonnes questions."

L'esprit du job dating

Pour les candidats, la simplicité du dispositif est un vrai plus. "C'est très différent d'un recrutement habituel", poursuit Christine Fayolle. "Pas de CV à prévoir, il suffit d'écouter la présentation du recruteur."
L'intérêt était double : échanger avec des professionnels dans un cadre informel, et découvrir des postes auxquels les candidats n'auraient pas nécessairement pensé. "Quand c'est le recruteur qui vient directement à la table, on découvre des personnes vers lesquelles on ne serait pas forcément allé dans le cadre d'un job dating classique", explique-t-elle, en citant l'exemple d'un poste de croupier.

Dans le cadre du dispositif, l’esprit du job dating est respecté, car c'est vraiment la rencontre avec un professionnel passionné qui peut donner envie aux candidats de postuler. À l'issue des présentations, les jeunes intéressés étaient reçus individuellement par les recruteurs pour un mini-entretien.

Répondre à des besoins récurrents

Pour les recruteurs, l'enjeu était de présenter des métiers pour lesquels il existe un besoin récurrent, ou des postes souffrant d’un déficit d’informations.
"On avait par exemple une grosse entreprise du secteur médico-social qui était là pour recruter sur un poste informatique – les candidats potentiels n'auraient sans doute pas pensé à aller vers eux."

Théoriquement, les professionnels étaient censés faire leur pitch en 7 minutes chrono face à une table de candidats potentiels, puis passer à la table suivante, mais la convivialité a rapidement pris le dessus. Les recruteurs se sont simplement assis à table avec les jeunes candidats et ont présenté leur structure tour à tour. Deux conseillers de la Mission locale et quatre conseillers Jeunes de France Travail jouaient les animateurs pour passer la parole et relancer la discussion.

Un des objectifs de cette demi-journée était de dédramatiser le contact entre le recruteur et les jeunes candidats, et le contrat a clairement été rempli. Les échanges ont été directs et informels, y compris entre différents employeurs.
"Ces échanges entre professionnels n'étaient pas prévus, mais ils ont été très enrichissants pour tout le monde. On a eu des retours très positifs", indique Christine Fayolle. "L’emploi c’est aussi du feeling et des opportunités, et au bout du compte ça peut déboucher sur un poste" .

Quand le courant passe

C'est exactement ce qui est arrivé à Adrien Boiron, directeur des ressources humaines de l'Intermarché d'Aubenas. D'habitude, ses recrutements se font plutôt en fonction des CV laissés à l'accueil du magasin ou en passant par des plateformes spécialisées, mais le job dating inversé s'est avéré redoutablement efficace. “Le fait de pouvoir rencontrer beaucoup de personnes très rapidement est génial. Nous voyons vite les personnes intéressées pour un autre entretien plus poussé, ça nous fait gagner un temps précieux", explique-t-il. “Un entretien me prend en moyenne 25 minutes par candidat. Le job dating m'a permis de rencontrer environ 45 candidats en moins de deux heures !”

Surtout, le contact avec les jeunes présents a été très fructueux. "On n’avait même pas spécialement d’urgence à recruter, mais le courant est vraiment passé avec plusieurs candidats, alors on a créé trois postes. Tous les trois viennent de terminer leur période d'essai."

Pari tenu pour cette première édition, donc. Prêts à renouveler l'expérience bientôt ? "On voudrait toucher d'autres publics aussi, pour répondre encore mieux aux besoins des entreprises", indique Christine Fayolle. "Mais c'était bien aussi pour les employeurs de voir la diversité des candidats et d'essayer d'adapter leur discours".

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