France Travail Pro et BTP Jobs Normandie : inclusivité et innovation

Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est le GEIQ BTP et quelles sont ses missions ?

Stéphane Nicolle : Le GEIQ signifie Groupement d’Employeur pour l’Insertion et la Qualification. Nous sommes une association loi 1901, créée en 1994 par la Fédération Française du Bâtiment du Havre et nous sommes pilotés par des entreprises qui partagent une même valeur : l’insertion professionnelle.

Notre particularité est de valoriser des profils éloignés du marché du travail car nous parions avant tout sur le potentiel des personnes. Nous mettons à disposition des entreprises adhérentes, des salariés correspondant à leur besoin, dans la durée, mais aussi en termes de compétences et de formation. Entre 1994 et 2023, nous avons ouvert 5 antennes dans toute la Normandie et nous accueillons aujourd’hui entre 180 et 200 salariés par mois.

Quelle est la différence avec un groupement d’employeurs classique ?

SN : Un groupement d’employeurs classique permet à une entreprise de recruter un salarié en CDD ou du CDI. Le GEIQ quant à lui recrute des personnes dans le cadre de contrat en alternance (professionnalisation ou apprentissage). Nous accompagnons les salariés sur toute la durée de leur parcours en alternance, nous sommes omniprésents. Lorsque nous recrutons une personne, le GEIQ la forme pendant toute la durée du contrat ; on peut adapter le parcours de formation en fonction du besoin de l’entreprise. Par exemple, si un couvreur a besoin d’une formation en nacelle, nous allons lui apporter ce complément de formation indispensable. Nous réalisons donc des parcours de formation sur-mesure en fonction des attentes de l’entreprise et des appétences du salarié.

Pendant toute la durée du contrat, nous mettons également en place un accompagnement social. C’est-à-dire que l’on va lever les freins à l’emploi que ce soit sur la partie financière, le permis, les démarches en préfecture ou bien encore le logement. Notre objectif est de qualifier et de professionnaliser ces personnes éloignées du marché du travail. Le GEIQ est la dernière marche avant l’emploi pérenne.

Quels sont les publics cibles d’un GEIQ ?

SN : Nous accueillons des publics de tous âges et de tous niveaux. La seule condition est que nos salariés soient des demandeurs d’emploi éloignés de l’emploi : demandeurs d’emploi de longue durée, personnes résidant en quartiers prioritaires de la ville, travailleurs handicapés, jeunes sans qualification, personnes en réorientation professionnelle contrainte, personnes réfugiées ou bien encore des bénéficiaires du RSA. Nous parions avant tout sur le potentiel de la personne, son « devenir », le savoir-être est prioritaire.

Avez-vous des exemples concrets d’actions lancées dans le cadre de ce partenariat ?

SN : Actuellement nous développons un projet avec les équipes de France Travail qui s’appelle les « Geeks du bâtiment ». Il s’agit d’une idée développée par l’association Impala qui a souhaité créer des passerelles entre les jeunes en recherche d'emploi et les entreprises qui recrutent dans le secteur du bâtiment. Un projet d’insertion professionnelle destiné aux jeunes, vers les métiers du bâtiment, axé sur des formations courtes organisées dans des immeubles à rénover au cœur des quartiers prioritaires de la ville. En Normandie nous avons 5 projets en cours (Hérouville, Rouen, Gaillon, Cherbourg et Le Havre). Nous travaillons en collaboration avec l’OPCO Constructys et avec la Région Normandie dans le cadre des FOREM (une formation un emploi) pour le financement et France Travail pour la partie rémunération. En outre, France Travail nous accompagne en organisant des réunions d’informations collectives et en sourcant les candidats. Nous utilisons leurs canaux de communication via les réseaux sociaux et nous avons créé un QR code sur les affiches qui renvoie directement au site mesévènementemploi. France Travail vérifie également l’éligibilité des personnes pour intégrer le dispositif afin de créer notre groupe de stagiaires.

Je pense également à l’action « Batibox » organisée par l’agence France Travail de Rouen St Sever à laquelle nous participons. C’est typiquement l’action dans le « recruter autrement » qui prend tout son sens. En une journée l’employeur potentiel se rend compte des savoirs-être et des habiletés d’une personne. Ce qui nous intéresse dans cette action, c’est de voir ce que le candidat a envie de nous dire et qu’il se livre sans préjugés. Les immersions professionnelles sont aussi des leviers très efficaces pour l’insertion professionnelle

Ces actions cassent les codes du recrutement et ouvrent les entreprises à des profils différents. Ce sont de beaux projets qui permettent de recruter autrement et d’intégrer des entreprises plus rapidement. On voit une bonne dynamique de tous les acteurs et une grande synergie avec toutes les équipes des agences France Travail.

Quels sont les bénéfices concrets de ce partenariat pour les entreprises du bâtiment et des travaux publics ?

Nous sommes tous complémentaires, on se rend compte de l’importance du lien et de l’importance de faire du lien. J’ai des demandes d’entreprises et de l’autre côté chez France Travail vous avez les candidats. En faisant ainsi du lien, nous améliorons notre connaissance mutuelle d’un territoire. C’est très enrichissant et la finalité commune est de répondre aux besoins des entreprises tout en favorisant l’insertion professionnelle des candidats.

Notre vocation, au GEIQ et à France Travail, est d’accompagner les entreprises à recruter autrement et les aider à s’ouvrir à des candidats sans expérience dans le secteur. On invite les entreprises à bouger en cassant les codes du recrutement. Et cela fonctionne, au GEIQ nous avons un taux de sortie positive vers l’emploi de 80% !

Sur quoi avons-nous besoin de progresser ensemble pour répondre aux besoins des entreprises du secteur du BTP ?

Nous pouvons aller encore plus loin en développant des actions de recrutement innovantes afin de capter de nouveaux candidats et de mieux faire connaître les métiers du bâtiment et des travaux publics. Tout ce qui se met en place actuellement tels que le rallye, la batibox ou les stades vers l’emploi, va dans le bon sens car c’est innovant. Pourquoi ne pas avoir un véhicule de démonstration de nos métiers qui circulerait dans les campagnes ? Le GEIQ et un conseiller France Travail pourraient organiser des rencontres avec les entreprises et des demandeurs d’emploi. C’est ce qui nous manque aujourd’hui, avoir plus de proximité dans les zones rurales.

Nous pourrions également mutualiser davantage nos actions afin de ne pas sur-solliciter les entreprises. A nous de lever les idées reçues que peuvent avoir certaines entreprises, de les rassurer et ainsi de permettre la rencontre avec des personnes éloignées du marché du travail. Les aider à arrêter les recrutements uniquement sur CV ou sur les premiers ressentis.

Accompagnement, insertion, bienveillance voilà le triptyque gagnant pour créer la confiance auprès des entreprises comme des candidats.

Découvrez le témoignage de Nicola, plombier en contrat de professionnalisation chez Celfy :