Un parcours sur-mesure pour recruter des profils de tous horizons

Installée en Haute-Savoie depuis 1991, l’entreprise familiale de transport routier MEGEVAND Frères rencontre des difficultés liées au recrutement depuis quelques années.

« On sait qu’il va y avoir des départs massifs à la retraite. Il y a un problème de pénurie dans le secteur », constate Gaëlle Pelud, directrice de l’agence France Travail de Meythet.

Face à cette pénurie, France Travail et la Fédération Nationale des Transports Routiers (FNTR) ont collaboré pour créer un parcours transport sur mesure avec une formation personnalisée ainsi qu’une intégration en Préparation Opérationnelle à l’Emploi Individuelle (POEI).

Exploitant de transport, un métier sous tension

Au sein de MEGEVAND Frères, la partie transport représente l’activité principale et touche plusieurs domaines : industrie agro-alimentaire ; distribution de produits secs ; lien entre les fournisseurs et les magasins de la grande distribution ; etc.

Si le métier de conducteur routier est le plus connu du grand public, c’est surtout celui d’exploitant de transport qui est moins en vue et se retrouve aujourd’hui en tension au sein de l’entreprise. « Les métiers de l’exploitation sont des postes centraux et très recherchés. Ce sont les aiguilleurs de la route qui vont orchestrer les conducteurs », synthétise Frédéric Megevand, directeur de l’entreprise familiale.

Cependant, la méconnaissance du métier n’est pas le seul facteur derrière les difficultés de recrutement. « On se situe à Annecy, à une demi-heure du SMIC le plus élevé du monde qui est à Genève. », reconnaît le directeur.

Diagnostiquer pour mieux comprendre les besoins du secteur

Depuis 7 ans déjà, les échanges entre l’entreprise familiale et France Travail ont permis de recruter des conducteurs en reconversion. « La dernière conductrice qui nous a rejoint était peintre, celui d’avant était gendarme. Des profils standards, il n’y en a plus beaucoup », concède Frédéric Megevand. Avec la FNTR, ils se sont penchés sur le cas du métier d’exploitant en faisant un diagnostic de la profession. « Au regard des diplômes nécessaires pour être exploitant, on s’est rendu compte que les formations dispensées ne nous permettaient pas de positionner les candidats en reconversion professionnelle », explique la directrice d’agence.

Avec des organismes de formation, France Travail a analysé les besoins afin de préparer le terrain à une POEI. Ce dispositif permet la mise en place d’une formation de préparation à une prise de poste et permet également de réduire l’écart entre les compétences des demandeurs d’emploi et les compétences attendues. Les candidats sont formés sur une durée de 400 heures maximum pour être suffisamment qualifiés pour le poste. « On devait être réactif avec les contraintes en termes d’heures car les candidats devaient pouvoir être embauchées au bout de 3 mois », appuie Gaëlle Pelud.

MRS, sourcing et job dating : une détection de potentiel optimale

Une fois la trame de programme validée par les organismes de formation, France Travail et MEGEVAND Frères ont pu mettre en place la Méthode de Recrutement par Simulation (MRS), un dispositif fondé sur les habiletés requises pour occuper un poste qui consiste à repérer les compétences nécessaires pour réaliser un travail et à construire des exercices pour tester les candidats. « Après une refonte de la fiche métier qui était obsolète, on a reçu des candidats et les tests nous ont permis de voir s’ils étaient “pré-câblés” pour le poste d’exploitant », indique Frédéric Megevand. Pour concevoir les tests, les tests de la régulation ambulancière ont été transposés sur l’exploitation. De plus, la FNTR a apporté ses connaissances au projet. « Elle a participé à la création de la MRS, notamment pour la partie exploitation qui concerne le pilotage des activités et l’ordonnancement des tournées », précise le directeur.

Par la suite, France Travail a généré son sourcing à travers des informations collectives. « 80 % des candidats se sont inscrits aux tests et sur 35 personnes inscrites, 27 les ont validés. C’est un très bon taux de transformation ! », s’enthousiasme Gaëlle Pelud. Avant d’entrer en formation, un job dating a été organisé afin que les employeurs puissent rencontrer les candidats, le but étant en partie de rassurer les entreprises. « En exploitation, il faut faire preuve d’agilité et d’organisation car vous êtes en lien avec les conducteurs, les clients et l’entreprise. C’est un métier où il y a du stress et de la tension », souligne la directrice d’agence.

Un parcours sur mesure pour recruter des profils différents

Sur les onze candidats restants, MEGEVAND Frères compte en recruter un tandis que d’autres structures plus importantes se sont engagées sur deux candidats. Ceux-ci sortiront de la période de formation avec une promesse d'embauche à la fin. Avant le lancement de cette initiative, les exploitants étaient souvent d’anciens conducteurs qui montaient en gamme. Pour Frédéric Megevand, le parcours sur mesure est un moyen de recruter des profils inattendus : « On attire des gens qui ne sont pas de ce métier, c’est ça qui est intéressant. Certains faisaient de la cuisine, de la pâtisserie, du marketing, etc. C’est une manière de sourcer différente qui permet de découvrir d’autres horizons. »

Grâce à ce parcours, les employeurs pourront recruter des candidats formés correspondant à leurs attentes immédiates.