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Commerce & vente : pourquoi le secteur est un bon propulseur de carrières pour les jeunes

Le commerce représente environ 20 % des salariés en France. En Provence-Alpes-Côte d'Azur, la filière fait partie des secteurs historiquement créateurs d’emplois. Mieux : l’hétérogénéité des métiers et les nouvelles exigences des recruteurs facilitent les reconversions.

Publié le  09/10/2018

En Provence-Alpes-Côte d'Azur, 39 % de l’emploi total concerne le commerce et la vente

L’INSEE indique que le commerce, la construction et les services ont été « les trois moteurs de la croissance de l’emploi » de la région. Ainsi, le commerce et la vente comptaient, en 2015 en Provence-Alpes-Côte d'Azur, près de 10 000 entreprises et 93 700 emplois. Dans la région, l’OPCA du secteur, Forco, indique que « l’emploi salarié lié au commerce » rassemble 39 % de l’emploi salarié total. Et au sein de ces emplois, 79 % concernent le commerce de détail, c’est-à-dire la distribution finale, grande (supermarchés...) ou petite (épiceries...).

Ce constat est également confirmé d’après les observations de terrain. L'évolution est positive et certains employeurs disent même ressentir un manque de candidats.

Dans les Bouches-du-Rhône, les métiers du commerce et de la vente en 2017 sont toujours parmi les métiers les plus recherchés, notamment dans le commerce de proximité.

Christophe Neuville
Directeur de l'agence France Travail Marseille Paradis

Avec une précision importante : un recrutement sur deux de cette filière est un emploi saisonnier.

Ce dynamise fait du commerce et de la vente un important propulseur de carrières, en particulier pour les jeunes.

Des métiers très polarisés dans la région

Les métiers de la vente et du commerce sont divers et différents selon les bassins d’emploi. Certaines villes de la région ont des profils métiers très marqués. Par exemple, à Nice, le commerce de luxe est dominant. Les compétences recherchées sont donc spécifiques à ce secteur, notamment la vente assistée (le conseil auprès des clients) et la compréhension des langues étrangères (anglais et russe notamment).

À Marseille, les commerces sont plus hétérogènes – les compétences recherchées, en conséquence, aussi. Certaines boutiques, positionnées sur des produits grand public, recherchent par exemple des jeunes pas nécessairement expérimentés et qui auront surtout un travail de logistique dans le magasin : réassort, mise en rayons, etc.

Autre positionnement, autres besoins : les magasins moyen de gamme. L’objectif de ces commerces est de fidéliser la clientèle. La compétence recherchée est donc avant tout la vente assistée (le conseil aux clients). Par ailleurs, la connaissance des réseaux sociaux et la gestion des sites e-commerce des boutiques sont aussi demandées. 

Le e-commerce est de plus en plus demandé. Cette évolution nécessite de nouvelles compétences, ce qui se ressent dans les besoins exprimés par les entreprises.

Raphaele Fleurot-Marie
Chargée de mission à la Direction territoriale France Travail Vaucluse

Un secteur qui recrute beaucoup de jeunes, dont les compétences recherchées évoluent

Le commerce et la vente recrutent énormément chez les jeunes. Ainsi, un jeune sur quatre commence a travaillé dans un des 100 métiers offerts par le secteur. Pour ces candidats, la numérisation des points de vente est une donnée importante.

Cette évolution « engendre de nouvelles tâches mais aussi de nouveaux métiers et donc de nouvelles compétences » explique en effet l’OPCA du commerce et de la distribution, Forco. Un constat confirmé par les observations de France Travail : il y a aujourd’hui moins d’emplois non qualifiés ou qui ne demandent pas d’expérience.

Certains métiers sont d’ailleurs tendus : commerciaux, attachés commerciaux, ingénieurs commerciaux… De manière générale, les emplois liés à la vente directe, c’est-à-dire qui nécessitent d’être présent directement auprès du client et donc de savoir le conseiller si nécessaire, manquent de candidats.

Dans la vente, les candidats ont besoin d’une appropriation technique sur les produits qu’ils vendent et la mobilité est un impératif pour des employés qui peuvent parfois se déplacer plusieurs heures par jour. Par ailleurs, le vendeur en vente directe doit aussi connaître des techniques de ventes adaptées à son secteur, sa clientèle, etc., qui lui sont spécifiques.

Au-delà de cette première évolution (une plus grande qualification demandée), la diversité de métiers nécessite des compétences plurielles, y compris selon les zones géographiques. Ainsi, un vendeur à Marseille ne pourra pas exercer de la même manière à Nice, où les types de commerces et d’activités diffèrent.

Cette hétérogénéité des métiers permet des reconversions facilitées dans la mesure où, dorénavant, les employeurs recherchent plutôt des compétences que des diplômes.

Des reconversions facilitées par la recherche de compétences plutôt que de diplômes

C’est une évolution importante : dans le commerce et la vente, les employeurs cherchent avant tout des compétences plus que des diplômes. Cette nouvelle donne permet à France Travail d’être efficace grâce aux formations sur une compétence précise.

C’est donc tout le travail institutionnel autour de l’emploi qui évolue. Ainsi, France Travail opère maintenant sur les compétences plutôt que sur les métiers eux-mêmes. Il s’agit alors de valoriser les compétences des demandeurs d’emploi (appétences personnelles, expériences…) et ensuite chercher les métiers dans lesquels celles-ci sont recherchées. Une méthode également appliquée pour les recruteurs, qui se basent d’abord sur les compétences liées aux métiers qu’ils recherchent pour ensuite chercher les demandeurs d’emploi qui possèdent ces dernières.

Cette évolution facilite les reconversions, dans un sens comme dans l’autre. Ainsi, par exemple, un technicien peut devenir commercial par le biais d’une alternance en mettant en valeur ses compétences techniques. Et éventuellement vice-versa.

Formations personnalisées et « pitch & job » : des mesures pour faciliter les recrutements

Permettre à un demandeur d’emploi d’acquérir une compétence précise qui lui manque pour pouvoir postuler à une offre d’emploi : tel est l’objectif de certaines formations d'adaptation proposées par France Travail et ses partenaires, comme l’action de formation préalable au recrutement (AFPR). Par exemple, des formations dans la vente ont été proposées en anticipation de l’ouverture du centre commercial Prado, à Marseille.

Autre dispositif : le « pitch & job ». Le principe : des demandeurs d’emploi se présentent en quelques minutes devant différents employeurs. L’intérêt ? Pour les entreprises, c’est un gain de temps : « les employeurs voient 20 personnes en deux heures, ce qui est plus souple pour eux. Ils déclarent donc des retours très positifs, parce que ça va vite et parce qu’ils voient la personnalité du candidat et ses compétences avant tout, comme un CV vivant » expliquent les responsables de l’opération. Pour les demandeurs d’emploi, c’est une façon d’être embauchés plus facilement – et aux meilleures conditions possibles : les demandeurs d’emploi travaillaient leurs compétences d’abord, ce qui les valorise davantage. Et les employeurs deviennent alors concurrents sur ce type de recrutement.