Les métiers du recyclage et du réemploi, un secteur en croissance

Parmi les facteurs qui expliquent l’augmentation des perspectives dans le secteur du recyclage et du réemploi figurent la transformation des modes de consommation et une sensibilité accrue des Français aux enjeux environnementaux. Ainsi que l’arrivée de nouvelles technologies de tri et les évolutions réglementaires, avec notamment la loi AGEC sur les biodéchets, pour lesquels les collectivités doivent proposer une solution de collecte et de valorisation d’ici le 1er janvier 2024.

Par ailleurs, le développement du secteur de l’économie circulaire est porté par les engagements des États à respecter les accords de Paris et à s’orienter vers la décarbonation de l’économie, dans le cadre des objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU. De nouveaux cadres réglementaires s’imposent désormais aux entreprises, qui intègrent au cœur de leur stratégie la responsabilité sociale et environnementale (RSE). La préservation des ressources fait partie de ces objectifs, et a conduit à augmenter le tri des déchets en vue de leur valorisation ou de leur réemploi. 
 

La collecte et la valorisation des déchets : une priorité 

Depuis 2000, le nombre d’installations de valorisation des déchets (tri, compostage, valorisation énergétique, valorisation matières, méthanisation) a augmenté d’environ 50 %. La France s’est fixée comme objectif de porter le taux de recyclage des déchets non minéraux non dangereux à 55 % en 2020 et 65 % en 2025. Les collectivités locales développent la collecte sélective des déchets ménagers (porte à porte, conteneurs d’apports volontaires et déchèteries). Le développement du tri par les particuliers, les professionnels et les entreprises a permis de créer des emplois dans les territoires, notamment pour la valorisation des déchets triés et dans le cadre du développement des déchèteries. 

Le secteur du recyclage compte 1 100 entreprises, des multinationales aux PME en passant par les ETI. Réparties sur l’ensemble du territoire français, leur activité consiste en la collecte, le tri, la valorisation matière des déchets industriels ou le négoce de matières premières issues du recyclage (MPiR). De plus, 18 filières spécialisées dites de « responsabilité élargie du producteur » ont été mises en place pour organiser la collecte et la valorisation de certains flux de déchets (emballages, déchets du bâtiment, véhicules hors d’usage, déchets d’équipements électriques et électroniques, huiles usagées, etc.), coordonnées et organisées par des des éco-organismes. 
 

Le recyclage : une branche dynamique pour l’emploi

La branche du recyclage, qui compte actuellement 28 000 salariés, est dynamique, innovante et présente des perspectives d’évolution professionnelle. Cette famille professionnelle fait partie des emplois de l’économie verte, car ces métiers contribuent à mesurer, prévenir, limiter ou corriger les dommages des déchets sur l’environnement. Parmi ces métiers, l’assainissement et le traitement des déchets sont des professions ouvertes aux personnes peu ou pas diplômées, tout comme le métier d’opérateur de production ou d’agent de récupération et de recyclage.

La Federec (la Fédération professionnelle des entreprises du recyclage) tient à jour la cartographie des métiers du recyclage sur le site https://www.recyclage-info.fr, et propose près de 300 offres d’emploi. Quelque 8 000 postes pourraient être créés dans le secteur des déchets d’ici 2030 selon une étude sur les emplois et compétences liées au recyclage commandée par Federec et réalisée par Kyu associés. Douze filières principales du déchet sur lesquelles les entreprises de la branche interviennent au niveau de la collecte, du tri, du traitement et de la valorisation ont été analysées dans cette étude.

Veolia et Derichebourg sont les leaders dans ces filières. Chez Veolia, plus de 1 000 emplois sont actuellement à pourvoir pour l’activité de recyclage et de valorisation des déchets, « métiers pour lesquels l’apprentissage est une bonne porte d’entrée », partage Jean-Marie Lambert, DRH de Veolia. Responsable de centre de tri, chef de quart dans une usine de transformation des déchets en énergie, chargé d’affaires pour les matières plastiques recyclées… les métiers du recyclage et de l’énergie verte sont en expansion. 
 

Les métiers de la réparation en forte augmentation  

Depuis le 1er janvier 2021, un indice de réparabilité figure sur certaines catégories d’équipements électriques et électroniques, afin d’accompagner les consommateurs au moment de leur acte d’achat en leur indiquant si les produits proposés sont facilement réparables ou non. La demande des consommateurs en matière de réparation explose et le manque de techniciens en réparation se fait ressentir. Selon une récente étude de l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), une majorité de Français (54 %) plaide en faveur d’une révision partielle de notre modèle de consommation en privilégiant le réemploi, la réparation, le recyclage et les services partagés.

De nouveaux emplois sont créés chaque année dans ce secteur en évolution. Le réseau Envie, par exemple - qui propose de nombreuses offres d’emploi toute l’année -, accompagne et forme plus de 2 000 collaborateurs chaque année à la collecte du matériel usagé et défectueux, au tri des appareils à réparer ou à recycler, au nettoyage, à la rénovation et à la réparation des équipements puis à la vente ou à la location de ces appareils en magasin. 
Pour faire face à l’augmentation de la demande de réparateurs d’appareils électroménagers,  Fedelec, la Fédération de la profession des électriciens et des électroniciens, annonce la création d’un Certificat de qualification professionnelle, qui vient d’être accepté par l’ensemble de la branche électronique, et d’une formation de Réparateur conseil d’équipements électriques et électroniques (RC3E) de niveau 4, 

En attendant la mise en place de ces formations, le groupe Fnac-Darty a créé sa propre école de formation, et Murphy, spécialiste de la réparation d’électroménager à domicile, a créé la Murphy Académie. Le développement de ces formations est bien la preuve d’un réel développement de cette filière et des besoins associés. En effet, 97 % des appareils sont réparables, une panne sur deux est réparée le jour-même sans pièce détachée, et dans 60 % des cas, l'appareil est réparé en moins de 30 minutes. À chaque fois qu’un appareil est sauvé, ce sont environ 60 kg de déchets qui sont évités !
 

De nombreux objets peuvent être recyclés et valorisés

Historiquement porté par les acteurs de l’économie sociale et solidaire (Ressourceries, centres Emmaüs…), le marché de l’objet d’occasion connaît une forte expansion depuis une vingtaine d’années. La proportion des Français qui achètent d’occasion est passée de 25 % en 2009 à 48 % en 2018, selon une étude du Credoc en 2019.

Le succès des plateformes d’achat et vente d’occasion (e-bay, le boncoin, vinted, etc.) ne se dément pas. Des réseaux comme Emmaüs Alternatives, Le Relais ou les labels Seconde main emploient des agents de tri, mais aussi des vendeurs pour leurs boutiques. Ils collectent, remettent en état et revendent des articles de seconde main. Des enseignes en ont profité pour valoriser leurs offres de seconde main et des acteurs traditionnels se sont renouvelés pour créer leur propre offre de revente en ligne. Le reconditionnement touche aujourd’hui tous les secteurs : électronique, téléphonie, vêtements, accessoires de sport, mobilier, livres, jouets… Toutes ces associations et entreprises recrutent et cherchent de nouveaux agents de collecte, de tri et de valorisation.