Comment et pourquoi recruter dans la rue ?

Pôle emploi sort des murs

En train, en bus, via l’installation de stands sur les places des communes ou le tractage dans la rue… le recrutement hors les murs se développe chez Pôle emploi comme dans certaines entreprises. L’automne dernier, Pôle emploi avait déjà embarqué à bord du « Train de la Relance » pour installer des « villages de l’emploi » sur les parvis des gares de douze villes de France. Les conseillers de Pôle emploi sont ainsi allés à la rencontre de demandeurs d’emploi, ont pu répondre à leurs questions, faire le point sur leur projet professionnel et, le cas échéant, leur proposer des formations. Des rencontres avec des entreprises s’y déroulaient également.

Dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, les « Places de l’emploi » permettent également de multiplier les rencontres entre Pôle emploi et les demandeurs d’emploi, de les orienter vers des métiers qui recrutent, de leur prodiguer des conseils pour des formations ou la rédaction de CV et lettre de motivation, de leur proposer un espace numérique pour découvrir les outils qui aident à la recherche d’emploi.

Toucher des personnes éloignées de l’emploi

« Recruter dans la rue présente de nombreux avantages, souligne Nicolas Morby, président fondateur d’Ethypik, start-up spécialisée dans le recrutement de rue. Cela permet de vulgariser les métiers en tension sur lesquels les gens ont de fausses croyances, cela permet aussi de toucher des personnes très éloignées de l’emploi et de leur redonner de l’espoir en leur disant qu’ils ont un talent et des compétences. » Sollicité par des entreprises comme Suez, Metro, Veepee, Hectar, Médecins sans frontières, Keymex ou encore Oxfam, Ethypik a développé toute une panoplie d’outils déployée dans la rue pour recruter essentiellement des travailleurs faiblement qualifiés mais aussi certains profils hautement qualifiés.

Un premier questionnaire, réalisé par un docteur en science cognitive, permet de comprendre la personnalité du futur candidat. Un second portera sur les métiers, pour identifier celui qui peut lui correspondre, axé sur les compétences techniques et les soft skills.

Un recrutement de proximité

Autre avantage du recrutement de rue : aller à la rencontre des futurs candidats permet de rester près des territoires qui recrutent. Les candidats sont ainsi près de leur futur employeur. « Les personnes connaissent leur quartier, cela permet de se projeter avec leurs enfants, par exemple », explique Nicolas Morby.

Cette exigence de proximité et la volonté d’aller à la rencontre des candidats a poussé de son côté l’entreprise d’intérim Proman à innover en lançant son propre bus de l’emploi. Avec l’accord des municipalités, le bus Proman s’installe pendant une matinée ou une journée dans un village ou une ville, et les gens viennent déposer leur candidature, recevoir des conseils d’orientation professionnelle ou de formations que l’entreprise propose également.

L’entreprise distribue aussi des prospectus dans les boîtes aux lettres, dans le métro etc. Le choix des lieux n’est jamais anodin : dans les quartiers d’appartements, il pourra s’agir de viser une population ouvrière, tandis que les besoins en jobs étudiants pousseront l’entreprise à s’installer à la sortie d’une faculté.

Parfois le hasard ou le bouche à oreille permettent aussi de rencontrer le candidat idéal Le recrutement de rue est ainsi une manière de recruter décalée, que la simple visite de l’une des 400 agences du groupe n’aurait pas permise.