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Industrie pharmaceutique : une énergie moteur pour l’emploi

SEMAINE DES METIERS DE L'INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE. En pleine transformation, la filière pharmaceutique diversifie ses leviers de recrutement, notamment dans le digital et les biotechnologies. Fruit du partenariat entre le syndicat des entreprises du médicament (LEEM) et Pôle emploi, cette semaine événementielle, du 2 au 6 octobre 2023, met en lumière une filière encore trop méconnue. Tour d’horizon avec Arnaud Chouteau, Directeur emploi formation au LEEM.

Publié le  02/10/2023

Que représente l’industrie pharmaceutique aujourd’hui en France ?

 

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Arnaud Chouteau : L’industrie pharmaceutique recense plus de 103 000 emplois sur tout le territoire, sur près de 150 métiers répartis entre les activités production, qualité, R&D, marketing/commercialisation, fonctions support, information médicale et réglementaire.

Le secteur ne s’adresse pas qu’aux scientifiques ! Il couvre une grande diversité de profils : du chercheur à l’opérateur de production, en passant par les métiers de bio-informaticien, conducteur de ligne de fabrication, data scientist, pharmacovigilance, webmaster… Sans oublier les métiers de la comptabilité, l’administratif, la finance, la communication ou la promotion du médicament. 
 

Le LEEM relaie aujourd’hui de nombreuses opportunités d’emploi. Qu’est-ce qui explique cette demande ?

A. C. : Alors que de nombreux secteurs étaient à l’arrêt pendant la pandémie, les entreprises du médicament ont démontré leur rôle essentiel pour garantir le traitement quotidien des patients, apporter des réponses, continuer à innover face aux enjeux sanitaires et participer à la sortie de crise avec la production de vaccins.

Agissant comme un révélateur pour beaucoup de gens, d’institutions et de politiques sur leur capacité de recherche, de production et de distribution, cette période a entraîné nombre de décisions visant à redynamiser et relocaliser le tissu de production en France et en Europe.

Un élément qui explique la croissance continue du secteur ces trois dernières années, le fort besoin en emploi et de jeunes talents. Toutes familles de métiers et contrats confondus, l’industrie pharmaceutique recrute entre 10 000 et 14 000 personnes chaque année, sur des métiers en forte évolution liée à la transformation du secteur, la prévention des épidémies, les besoins de santé d’une population vieillissante ou encore l’intégration des technologies.

 

Les compétences digitales, que tout le monde s’arrache, font partie de nos grands besoins

Arnaud Chouteau
directeur emploi formation au LEEM

Quels sont les métiers particulièrement en tension ?

A. C. : L’industrie manque notamment de conducteurs de ligne de production (opérationnels liés à la fabrication des médicaments) ou encore de contrôleurs qualité. Mais également de chargés de recherche, de pharmaco-vigilants (profils scientifiques, doctorants, pharmaciens…), et de techniciens en bio-production (fabrication de médicaments biologiques), un domaine où le besoin s’intensifie.

On estime aujourd’hui à 10 000 le nombre de postes à pourvoir à l’horizon 2030 dans les biotechnologies, à mesure que s’accroissent les traitements biologiques commercialisés par les laboratoires pharmaceutiques et le besoin en vaccins.

Les compétences digitales, que tout le monde s’arrache, font partie de nos grands besoins : plus de 5 000 postes sont à pourvoir d’ici à 2026 dans les métiers du numérique en santé, afin de répondre aux enjeux en matière d’intelligence artificielle, de simulation numérique, de big data ou de cybersécurité.

 

Quelles sont les problématiques de recrutement du secteur, notamment auprès des jeunes ?

A. C. : L’industrie pharmaceutique pâtit d’un déficit de connaissances et d’attractivité. Beaucoup pensent encore qu’elle se résume à des laborantins en blouse blanche qui font de la R&D - qui fort heureusement existent -, mais le secteur réunit bien d’autres disciplines. Trop souvent, les personnes qui ont toutes les compétences pour postuler chez nous n’y pensent ou ne le font pas, persuadées que cette industrie n’est pas pour elles, alors que le secteur recrute toutes typologies de profils.

Au LEEM, nous avons coutume de dire « du Bac au Bac +12 », et c’est une réalité. Cette mauvaise compréhension, notamment des jeunes, est d’ailleurs valable pour le monde de l’industrie en général, qui souffre d’une image éculée du travail à la chaîne, bien loin de la modernité de nos systèmes de production. Il nous faut casser ces préjugés. 


 

 

Il y a un vrai sens et une finalité à travailler dans cette industrie

Arnaud Chouteau
directeur emploi formation au LEEM

Quels critères et avantages mettez-vous en avant au sein du LEEM pour attirer les talents ?

A. C. : L’argument qui ressort beaucoup, et en particulier chez les jeunes qui choisissent notre filière, c’est la fierté d’agir pour la santé, soigner, améliorer la vie des patients. Il y a un vrai sens et une finalité à travailler dans cette industrie.

L’autre raison, ce sont les possibilités de carrière et d’évolution autour de nos 150 métiers et les passerelles qui existent entre eux. Un fait notable à l’heure où les nouvelles générations ne souhaitent plus nécessairement exercer le même métier tout au long de leur vie.

Enfin, il faut savoir que les conditions de travail et le niveau de salaire dans cette industrie sont plutôt favorables, voire supérieurs, aux autres secteurs industriels ; ou encore que le rapport salarial femme/homme est quasi à l’équilibre.
 

Faut-il ouvrir les coulisses des entreprises pour les faire connaître ?

A. C. : La sensibilisation à nos métiers commence dès le collège et le lycée, car contrairement à ceux de boulanger, fleuriste ou charcutier, ils ne sont pas visibles instantanément. Difficilement accessibles au grand public, nos systèmes de production exigent en effet le respect de protocoles stricts (systèmes de filtration de l’air, bonnes pratiques de fabrication, habillement spécifique…).

Parce que plus le champ de métiers d’une industrie est vaste, plus il est compliqué d’en connaître l’intégralité…, nous inaugurons la deuxième Semaine des métiers l’industrie pharmaceutique en collaboration avec Pôle emploi, ses partenaires ainsi qu’avec HandiEM - en charge de l’emploi des personnes en situation de handicap pour le secteur - afin qu’étudiants, candidats et demandeurs d’emploi se projettent concrètement dans nos activités.

Nous avons également conçu des vidéos en réalité virtuelle et organisé des rencontres entre jeunes et professionnels sur les salons et dans les écoles.

 

Comment la formation, adaptée aux évolutions du secteur, peut-elle dynamiser l’emploi ?

A. C. : Sur le digital, une des spécificités de notre industrie est que nous avons œuvré à la création d’un diplôme en intelligence artificielle avec une spécialité santé. Nous sommes également l’une des rares industries à disposer d’un comité université-industrie qui se réunit quatre fois par an pour évoquer les évolutions des métiers du médicament et leur impact sur les diplômes et filières qui peuvent être créés.

Nous sommes donc très proches de notre écosystème de formation afin d’adapter les cursus aux besoins des entreprises. Tout ce travail a abouti, en direction des jeunes, à un bond édifiant de l’alternance : de 1 600 contrats conclus en 2015, nous sommes passés à plus de 8 900 contrats en 2021. 

 

On estime aujourd’hui à 10 000 le nombre de postes à pourvoir à l’horizon 2030

Arnaud Chouteau
directeur emploi formation au LEEM

Sensibiliser les jeunes passe-t-il par de nouveaux leviers de recrutement ?

A. C. : Outre le développement de l’alternance, un mouvement de fond qui a encouragé la création d’un véritable vivier de jeunes talents, nous allons booster la connaissance du secteur et diversifier les recrutements à travers des actions ciblant les quartiers prioritaires de la ville (QPV) et les zones de revitalisation rurale (ZRR).

Objectif : briser le plafond de verre qui peut bloquer certains candidats, et sortir d’une image trop élitiste. L’industrie s’ouvre aujourd’hui à d’autres profils, diplômés ou non, qui ne nous perçoivent pas comme un débouché possible.

Les entreprises ont répondu présent sur des événements phare, organisés avec l’Éducation nationale mais également Pôle emploi, l’Apec, Nos quartiers ont du talent ou encore Mozaïk RH pour sensibiliser les jeunes en décrochage à la découverte de nos métiers. 

 

Quelle est l’ambition du partenariat conclu entre le LEEM et Pôle emploi, et notamment de la Semaine des métiers l’industrie pharmaceutique organisée du 3 au 8 octobre ?

A. C. : La première est de nourrir et pérenniser la dynamique de coopération opérationnelle entre le LEEM et Pôle emploi, la déployer sur tout le territoire et agir pour satisfaire les besoins des entreprises et notamment de nos 270 adhérents. Cette collaboration permettra de communiquer conjointement sur nos métiers afin de soutenir les recrutements, améliorer la situation des demandeurs d’emploi, pousser les offres de l’industrie pharmaceutique à l’échelle nationale, développer les méthodes de recrutement par simulation et doper la formation complémentaire via notamment les préparations opérationnelles à l'emploi collectives (POEC) et mises en situations professionnelles (PMSMP).

Concrétisé par cette semaine thématique, ce partenariat inclut l’organisation de plus de 50 événements, le partage d’informations, mais aussi des échanges entre les équipes handicap de Pôle Emploi et Handiem pour favoriser l’intégration de talents en situation de handicap, et tisser de nouveaux liens pour faciliter le recrutement de jeunes issus des QPV. 

 

2 questions à David Gallier, Directeur régional Pôle emploi Centre-Val de Loire

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Quel est l’objectif de la Semaine des métiers de l’industrie pharmaceutique ?

David Gallier : Nous sommes engagés aux côtés des professionnels de l'industrie pharmaceutique tout au long de l'année pour accompagner les demandeurs d'emploi vers ces métiers passionnants, mais cette Semaine des métiers de l'industrie pharmaceutique met en lumière l'attractivité de ce secteur. Des événements emploi et formation sont prévus tout au long de la semaine aux côtés de nos partenaires, le LEEM et HandiEM. Nous comptons plus d’une centaine d’actions organisées sur tout le territoire (plus d’une dizaine en Centre-Val de Loire).

Ces initiatives visent à permettre, par exemple, aux demandeurs d'emploi de découvrir les métiers, de se familiariser avec les formations disponibles, et aux entreprises de rencontrer leurs futurs collaborateurs et de nouveaux talents. Cette semaine est également l’occasion de favoriser l'inclusion des publics tels que les travailleurs handicapés, les jeunes, les résidents des quartiers prioritaires de la ville (QPV), ou encore les demandeurs d'emploi de longue durée.

 

Quels sont les engagements de Pôle emploi dans cette démarche ?

D.G : En tant qu’acteur incontournable au sein du marché du travail dont on suit au plus près les évolutions, notre rôle est aussi de collecter les offres des entreprises, de les conseiller dans leurs recrutements et de les mettre en relation avec les demandeurs d’emploi.

Le secteur pharmaceutique connaît une croissance significative, qui devrait se renforcer au cours des prochaines années, notamment grâce à l'annonce gouvernementale de relocaliser la production de certains médicaments en France. Cette décision vise à répondre aux enjeux des plans France 2030 et Innovation Santé 2030. Aujourd’hui, de nouvelles compétences sont nécessaires, et Pôle emploi est aux côtés des entreprises du secteur pour les accompagner dans ces évolutions.

En effet, nous avons pour mission d'accompagner cette industrie dans la recherche de compétences adaptées, tout en sensibilisant les demandeurs d'emploi aux opportunités offertes par la filière. Tout au long de l’année, les conseillers Pôle emploi apportent des solutions concrètes aux demandeurs d’emploi et aux employeurs, via des dispositifs tels que l’immersion professionnelle ou les formations d’adaptations en amont de l’embauche. 
 

L’industrie pharmaceutique en chiffres


103 000 salariés 

10 000 recrutements en moyenne par an sur plus de 150 métiers, de la recherche à la production, en passant par de nombreux autres métiers et notamment ceux du numérique

En 2022, 14 000 personnes ont été recrutées dans le secteur

Et les besoins sont immenses pour les prochaines années, avec notamment près de :

  • 10 000 postes ouverts d’ici à 2030 dans les biotechnologies 
  • 5 000 dans le numérique d’ici 2026

Une multitude d’événements pour découvrir les métiers du médicament

  • Des forums emploi et job datings pour faciliter les rencontres entre employeurs et talents potentiels.
  • Des rencontres avec les demandeurs d'emploi, personnes en reconversion ou en situation de handicap.
  • Des parcours de découverte des métiers pour mieux appréhender les opportunités offertes par la filière du médicament.
  • Des webinaires dédiés au secteur pharmaceutique et aux métiers qui recrutent, accessibles à tous en ligne.
  • Des visites d'entreprises pour découvrir les coulisses et les activités du domaine.
  • Des journées portes ouvertes dans les universités, écoles et organismes de formation pour orienter les futurs professionnels vers les formations adaptées.
  • Des rencontres avec les jeunes, collégiens, lycéens, étudiants en fac de pharma, en sciences et futurs ingénieurs, pour leur offrir un aperçu concret des métiers disponibles.

Deux rendez-vous majeurs : 
Paris le 3 octobre, au NewCap Event Center 
Lyon le 5 octobre, à L'UCLy 
 

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