Améliorer l’équilibre entre vie professionnelle et parentalité de leurs salariés, un vrai enjeu pour les entreprises

Selon l’étude « Concilier vie professionnelle et responsabilités éducatives /Guide entreprises : mieux comprendre pour agir ! », éditée par l’Observatoire de la qualité de vie au travail en partenariat avec Solutions parentalité Nathan, notre pays affiche un taux d’activité de 80 % pour les mères et de 90 % pour les pères. Ces salariés sont confrontés, chaque jour, à l’impératif de mener à bien leur vie professionnelle tout en veillant à l’éducation de leurs enfants. La crise sanitaire, et plus particulièrement les confinements, ont à la fois éclairé et exacerbé les difficultés à conjuguer parentalité et activité professionnelle. La présence continue au sein du foyer des parents et des enfants a remis en question les différents temps (éducatif, professionnel, social), la répartition des tâches ainsi que l’organisation du travail.  

Des constats éloquents

Comme le montre l’étude de l’Insee et de la Dares « emploi, chômage, revenus du travail » édition 2022, l’arrivée d’un enfant influence différemment les trajectoires professionnelles des mères et des pères. Les premières ont davantage tendance à réduire leur temps de travail, changer moins souvent d’emploi et travailler plus près de leur domicile, ce qui freine leur évolution de carrière tout comme leurs augmentations de salaire. De leur côté, les pères augmentent leur temps de travail et sont plus nombreux à se dire « confrontés à des situations de tension » au sein de leur entreprise. 

Certes, les temps changent et les tâches sont un peu mieux réparties au sein du foyer, mais force est de constater que les femmes subissent une charge mentale plus élevée compte tenu de leur rôle prédominant dans la gestion des problématiques familiales. Cela explique sans doute - comme le montre le « Bulletin de recherches emploi formation » (Bref) numéro 385 du Céreq (Centre d’études et de recherches sur les qualifications) -, pourquoi « les fonctions de management restent inégalement réparties entre les sexes ». Et cela, alors que les femmes sont désormais plus diplômées que les hommes. Une étude de la Dares sur l’articulation des temps parental et professionnel au sein des couples enfonce le clou en établissant que les mères consacrent en moyenne les trois quarts de leur temps disponible à leur enfant, versus moins de 60 % pour les pères. 

Des progressions au fil du temps

Le code du travail a mis en place de nouveaux dispositifs visant à concilier vie professionnelle et condition parentale (à l’image de l’allongement du congé paternité de 14 à 28 jours), laissant le soin aux conventions collectives de branches ou aux accords d’entreprises de les renforcer. À titre d'exemple, la convention collective de la Coiffure autorise une absence de 3 heures pour un salarié ayant un ou des enfants scolarisés de moins de 13 ans. Celle des Sociétés d’assurances permet à un parent de prendre une journée pour la rentrée scolaire d’un ou plusieurs enfants de moins de 7 ans. Quant à la convention collective de la Pâtisserie, elle permet une demi-journée d’absence. 

De plus en plus d’entreprises mettent en place diverses initiatives pour soutenir leurs employés, notamment en offrant des possibilités de télétravail ou d’aménagement d’horaires sans diminution de salaire aux femmes enceintes. Certaines entreprises proposent également une prime de naissance aux nouveaux parents, un congé parental d’éducation, ainsi que l’accès à une place dans une crèche d’entreprise ou inter-entreprises, etc. L’employeur peut aussi octroyer des Chèques emploi service universels (CESU) pour contribuer au financement de la garde d’enfants (assistante maternelle ou baby-sitting), ou encore pour des cours particuliers à domicile.

La prise en compte de la parentalité, un levier de fidélisation et de performance

L’intégration du sujet de la parentalité en entreprise est devenue indissociable des démarches de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Offrir aux employés parents une meilleure qualité de vie influe directement sur la performance de l’entreprise. 

Selon l’étude « Pratiques Parentalité en Entreprise en 2021 » menée par Aparentière, cabinet de conseil et de formation spécialisé dans les grandes mutations du travail, 84 % des professionnels des RH estiment que ce sujet doit faire partie intégrante de la politique RH. Mais seules 45 % des entreprises la favorisent, avec trois mesures phares : 
-    une flexibilité accrue des conditions de travail (ex : 100 % de télétravail durant la grossesse) ; 
-    un congé maternité et paternité payé à 100 % ;
-    des jours de congés enfants malades supplémentaires. 

D’après une enquête menée en 2022 par le site Internet maplaceencreche.com, trois raisons majeures poussent les entreprises à accompagner la parentalité : 

1. Simplifier le quotidien des salariés, améliorer la qualité de vie au travail à 90 %, 
2. Fidéliser les salariés à 76 % ; 
3. Travailler la marque employeur et faciliter les recrutements à 56 %. 

Des marges de progrès

Dans un article intitulé « Parent +salarié, l’équation impossible ? », La Carabane Conseil, acteur majeur de la transformation humaine et sociétale des entreprises, informe qu’aujourd’hui près d’un salarié sur 3 est en situation de fragilité psychologique ; ce chiffre passe à 1 sur 2 pour les parents. Avec, à la clé, des risques de surmenage, voire de burnout. Une situation qui conduit à une hausse de l’absentéisme, des démissions et manque d’engagement, sans oublier les dommages causés à la marque employeur. L’Unaf (Union nationale des associations familiales) tire la sonnette d’alarme : les salariés attendent à 47 % des horaires flexibles et ils sont 28 % à vouloir plus de souplesse sur le télétravail. Améliorer l’équilibre des temps de vie des salariés parents contribuera à leur attachement à leur entreprise et à son pouvoir d’attractivité vis-à-vis des nouveaux talents. Cela participera également à une réduction des inégalités professionnelles entre les femmes et les hommes.

Établi par JLL, leader mondial du conseil en immobilier d’entreprise, le baromètre des préférences salariés 2022 met en exergue une information primordiale : l’équilibre vie personnelle–vie professionnelle est en tête des priorités pour 59 % des salariés dans un contexte post-crise. À une époque marquée par des tensions de recrutement qui s’apparentent parfois à une véritable chasse aux talents, une expérience collaborateur marquée par une meilleure qualité de vie et de bien-être grâce à une gestion du temps plus harmonieuse représente décidément un atout différenciateur pour les entreprises. 

10 actions pour mieux conjuguer parentalité et activité professionnelle

1. Mieux indemniser le congé parental, en particulier lors des premiers mois de l’enfant.
2. Proposer plus de flexibilité dans l’organisation du travail. 
3. Mettre à disposition des solutions de garde ou participer à leur financement.
4. Octroyer un soutien financier pour permettre aux parents de payer un professeur particulier ou des cours en ligne. 
5. Fournir des informations sur les dispositifs et les aides disponibles via des supports écrits, des conférences ou des ateliers.
6. Attribuer des jours d’absence pour des événements liés à la scolarité. 
7. Encadrer les horaires de réunions en évitant celles qui commencent très tôt ou se finissent tard, pour ne pas pénaliser les parents devant déposer et/ou récupérer leurs enfants. 
8. Proposer une mutuelle avec une couverture avantageuse pour les salariés et leur famille.
9. Accorder des congés supplémentaires pour l’allaitement, un enfant malade, prolonger le congé maternité et paternité…
10. Garantir un droit à la déconnexion.  

À lire

Le guide et la charte du Parental Challenge : 100 actions pour aider les entreprises à construire leur politique parentale.