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La filière textile tisse sa toile made in France
SEMAINE DES MÉTIERS DE L’INDUSTRIE. Depuis une dizaine d'années, une multitude d'initiatives en faveur de la relocalisation de la production textile émerge en France, notamment dans le secteur du prêt-à-porter. À la clé, des articles innovants, respectueux de l’environnement et créateurs d’emplois !
Publié le 01/12/2023
Après avoir tenu pendant quelques années un commerce de vêtements bio-équitables, Thomas Huriez a vu plusieurs de ses fournisseurs mettre la clef sous la porte, comme de nombreux acteurs dans la filière jeans en France. En 2013, avec son frère Grégoire, l’entrepreneur développe le projet de créer la marque 1083, et de produire des jeans et des baskets made in France (fabriqué en France).
Les deux frères lancent une première campagne de financement participatif pour produire 100 jeans. Leur succès dépasse leurs espérances avec près de 1 000 jeans vendus en deux mois, produits grâce au savoir-faire des Tissages de Charlieu et de l’atelier marseillais Création Anaïs. Progressivement, 1083 décide de créer ses ateliers de confection et de tissage. L'idée : produire des vêtements « fabriqués à moins de 1 083 kilomètres des clients qui les achètent en France métropolitaine. 1083 est la distance qui sépare les deux villes les plus éloignées de l'Hexagone », partage Thomas Huriez.
En neuf ans, 1083 peut se targuer d'avoir créé 250 emplois dans la filière, dont 105 emplois directs au sein de ses ateliers de tissage et de confection. L'entreprise possède aujourd’hui une usine à Romans-sur-Isère et une autre dans les Vosges, ce qui lui permet de produire l’ensemble du vêtement. 1083 continue toutefois de collaborer avec d'autres ateliers.
À l'opposé du modèle de la fast-fashion (mode rapide), Thomas Huriez valorise le modèle Made in France (fabriqué en France) de son entreprise. Si la fast-fashion (mode rapide) permet souvent d’acheter cinq jeans pour le même prix que celui d’un jean 1083 fabriqué en France, pour Thomas Huriez la différence est double : ce choix permet au consommateur d’acheter un produit de bonne qualité et de participer à la création d’emplois en France.
Encourager et valoriser le savoir-faire artisanal français
Pour Thomas Huriez, le développement de la filière passe par la valorisation des métiers manuels qui y sont essentiels. En effet, 60 % des salariés de son entreprise occupent des métiers de production tels que tisserand, ourdisseur, couturier ou encore ourleur. Pour répondre directement à cet enjeu, 1083 a fait le choix de créer sa propre école pour valoriser ces métiers auprès des demandeurs d'emploi. Lancée il y a quatre ans, « L’École du Jeans », en partenariat avec Pôle emploi et l'organisme de formation professionnelle de 1083, a ainsi formé près de 25 couturières à Romans et dans les Vosges, dont 15 travaillent encore aujourd'hui dans les ateliers de 1083.
Autre initiative de production industrielle textile dans l'Hexagone, l'opération Le Slip des Français a été menée en juillet dernier par les marques Le Slip Français et Eminence. En 2016, Eminence a élaboré un parcours de formation en collaboration avec Pôle emploi. Celui-ci a accueilli des personnes sans qualifications préalables qui ont pu apprendre le métier de couturier ce qui a abouti au recrutement de 25 salariés par Eminence.
Si produire en France implique un certain coût, cela permet d'encourager et de valoriser le savoir-faire artisanal français. Aussi, avec Le Slip des Français, les deux marques ont uni leurs forces pour rationaliser leurs coûts de production et proposer 50 000 slips à un prix exceptionnel de 20 euros, au lieu du prix standard de 40 euros. Autre exemple, Linpossible, collectif d'acteurs engagés (dans lequel figurent 1083 et Le Slip Français) qui œuvre en faveur du développement en France d'une filière du lin et chanvre textile 100 % locale.
Nous croyons beaucoup plus en la décentralisation qu'en la centralisation
Thomas Huriez
cofondateur de la marque 1083
La diversification comme principe
Pour désigner l'écosystème de cette filière textile qui renaît en France, Thomas Huriez parle aujourd’hui de « perma-industrie » : « Quand on regarde le monde vu du ciel, on voit des flux d'animaux, d'êtres humains, de production de matériel, comme une usine. Et en faisant cette comparaison, nous reprenons certains principes de la nature que nous essayons de reproduire dans nos usines. Par exemple, la diversification est un de ces principes ». Selon le fondateur de 1083, cela « permet de mieux gérer la production, d'accueillir de nouvelles compétences, de faire plus et mieux ».
La diversité des unités de production présente également l'avantage d'une dispersion géographique permettant de réduire la distance moyenne entre le lieu de production et le lieu d'achat des produits. « Nous croyons beaucoup plus en la décentralisation qu'en la centralisation », précise-t-il. La principale contrepartie consisterait à accepter que le processus prenne un peu plus de temps, du fait du nombre de partenaires impliqués.
En ce qui concerne la matière première, 1083 utilise principalement du coton bio, importé de Tanzanie, et développe dans un même temps une filière en France, avec des cultures de coton et de lin. L’entreprise mise aussi sur la production de coton recyclé, dans la perspective de diversifier et d’anticiper une difficulté d'approvisionnement sur une de ces matières premières. 1083 travaille également sur la notion d'économie circulaire afin de minimiser ses déchets : elle a lancé plusieurs collections respectant ses principes, en partenariat avec les marques Hopaal, Belleville et Le Slip Français.
Conscient des défis qu’une telle ambition suppose, Thomas Huriez est confiant dans l’avenir de la filière, car en participant à la réindustrialisation, ces différentes marques au modèle innovant contribuent à la création d'emplois durables en France.
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