Article

« La quantité de CV que nous recevons démontre l'attractivité de la RATP »

Afin d’améliorer son offre de services et en prévision de la Coupe du monde de rugby 2023 et des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, la RATP lance une campagne de plus de 4 900 recrutements. Rencontre avec Jean Agulhon, DRH du groupe RATP.

Publié le  07/06/2023

 

jean_agulhon_art_org.jpg

 

 

Vous avez récemment annoncé une campagne de recrutements d'un volume exceptionnel, avec plus de 4 900 CDI à la clé. À quels enjeux vont répondre ces recrutements ?

Parmi ces quelque 4 900 CDI, nous allons recruter 2 700 conducteurs et conductrices de bus dans l'ensemble de la région parisienne, 700 agent(e)s de gares et stations, 400 conducteurs ou conductrices de métro, 600  ingénieurs et cadres, 120 agent(e)s de sûreté, ainsi que 400 technicien(ne)s de maintenance. Nous avons besoin de tous ces métiers pour revenir au niveau d'offre demandé par l'autorité organisatrice, Île-de-France Mobilités. Nous avons besoin de réembaucher des conducteurs de bus et de métro pour remettre l'offre à hauteur de ce qu'elle était avant le Covid.

Il y a aussi l'enjeu d'anticiper deux grands événements nécessitant des ressources exceptionnelles : d'une part la Coupe du monde de rugby qui se déroulera en France du 8 septembre au 28 octobre prochain, et d'autre part, de façon encore plus massive, les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Cela va nécessiter du personnel supplémentaire pendant ces événements, nous anticipons donc les besoins pour être prêts. Enfin, le troisième enjeu est lié au prolongement de lignes dans un avenir proche, la ligne 11 dont l'inauguration se fera au printemps 2024, et la ligne 14, dont le prolongement sera finalisé mi-2024. Ces chantiers impliquent des recrutements supplémentaires d'agents de station, de conducteurs et de mainteneurs. 

 

« Tout le monde parle du sens au travail, et dans ce domaine-là, la RATP présente de nombreux atouts. »


Sur quelle période se déroule cette campagne de recrutement ?

Ces recrutements se font sur l'ensemble de l'année 2023. Compte tenu des volumes en jeu, nous avons commencé ces recrutements depuis fin 2022. L'an dernier, nous avons reçu près de 100 000 CV, ce qui nous a permis de partir lancés, comme dans une course. Par exemple, depuis le début de l'année, nous avons déjà recruté plus de 550 conducteurs de bus. La quantité de CV que nous recevons démontre l'attractivité de la RATP.

 

Entre 2021 et 2022, le nombre de CV reçus par la RATP a augmenté de 30 %. Comment analysez-vous cette hausse ?

Nous faisons du mass transit [les transports en commun publics dans les zones urbaines et périurbaines, dans tous leurs modes, Ndlr.] depuis plus d'un siècle : nous n’avons pas construit 200 kilomètres de lignes de métro souterraines et 350 lignes de bus du jour au lendemain… Aujourd'hui, la RATP a vocation à répondre à des enjeux sociétaux majeurs, notamment en matière de transition écologique, ce qui amène assez naturellement à une augmentation constante des CV reçus. Tout le monde parle du sens au travail, et dans ce domaine-là, la RATP présente de nombreux atouts.

 

Est-ce que certains métiers font l'objet de difficultés particulières de recrutement ?

Certains métiers nécessitent d'être recrutés plus tôt, du fait de la durée de formation initiale ou spécifique requise. Quand vous confiez la responsabilité de la sûreté d'une ligne ou d'une station à quelqu'un qui porte une arme, cela nécessite une formation conséquente. Il en va de même pour les conducteurs de bus et de métro et les agents de station qui suivent plus de quarante jours de formation. Il y a quelques métiers pour lesquels nous rencontrons, comme toutes les entreprises françaises, quelques difficultés liées à la pénurie des viviers. C'est notamment le cas pour les opérateurs et techniciens de maintenance qualifiés, pour lesquels un certain nombre de voies de formation a été supprimées. Il faut les reconstituer, mais cela prend du temps. Toutes les entreprises confrontées à cette pénurie de compétences dans les métiers de la maintenance doivent s’adapter. Par ailleurs, dans les métiers de la sûreté, notre niveau d'exigence nous amène à avoir des processus de recrutement longs et sélectifs. 

 

« Nous affichons notre raison d'être : être un acteur de la qualité de la ville, de la transition énergétique et écologique. »


Quels autres métiers nécessitent une phase de recrutement plus longue ?

De façon classique, dans les métiers de l'informatique et du digital, nous sommes en compétition avec beaucoup d'entreprises. Mais la RATP arrive à tirer son épingle du jeu. Nous affichons notre raison d'être : être un acteur de la qualité de la ville, de la transition énergétique et écologique. La notion de service public portée par la RATP correspond à des valeurs et des finalités qui parlent beaucoup aux candidats, dans toutes les catégories professionnelles et tous les métiers. Le 23 janvier dernier, nous avons signé un certain nombre de dispositions de revalorisation salariale, ce qui renforce notre attractivité en dépit de ce que peut provoquer comme inquiétude la réforme des retraites, avec la perspective de suppression du régime spécial de retraite. 

 

Quelles sont les principales avancées de cet accord salarial, signé avec trois des quatre organisations syndicales représentatives de l'entreprise ?

Cet accord a été signé dans le cadre des Négociations annuelles obligatoires (NAO). En matière de méthode, il est prévu de se revoir en milieu d’année pour faire un point sur l'état de l'inflation. L'accord a été signé en fonction de la vision que nous avions au mois de janvier, de ce que pourrait être l'inflation pour l'année. Il aboutit à une augmentation de 1 365 euros net (soit une augmentation de 5,7 % en moyenne), donc presque un mois de salaire pour les métiers en entrée de grille salariale. À cela s'ajoute une négociation conclue quelques jours auparavant sur le métier de conducteur de bus. Là aussi, en contrepartie d'une augmentation du temps de travail annuel et de souplesses d'organisation, nous avons procédé à une revalorisation de la rémunération des salariés. 

 

Comment votre partenariat avec Pôle emploi se décline-t-il pour ces recrutements ?

Nous sommes depuis longtemps en relation avec la Direction régionale de Pôle emploi Île-de-France et avec les équipes de proximité de Pôle emploi pour mener ensemble des opérations de job dating et de forums emploi. Cela nous a permis de nous inscrire dans les dispositifs de Pôle emploi comme les POE (Préparations opérationnelles dans l'emploi) ou les CAE (Contrats d'accompagnement vers l'emploi). Dans les semaines à venir, nous allons organiser un partenariat à un niveau plus national pour examiner les conditions d'un élargissement de notre vivier de recrutement au-delà de la petite et la grande couronne de la région parisienne. Par conséquent, que ce soit sur les métiers de la sûreté ou encore ceux de la maintenance, nous pouvons nous appuyer sur le réseau national de Pôle emploi pour capter les candidats potentiels. 

 

« La capacité d'évolution professionnelle fait partie de l'ADN de l'entreprise, et c'est un élément d'attractivité. »


Serait-ce la première fois que la RATP organiserait des opérations de recrutement en province ?

Les plus anciens de la RATP nous disent que cela a déjà été fait, il y a 20 ou 30 ans. Nous avons une communauté venant des Outre-mer, nous avons eu beaucoup de Bretons, même si dans un passé plus récent, ce sont surtout les habitants du bassin parisien qui ont répondu à nos besoins. Nous relançons donc ce processus : par exemple, nous réalisons actuellement une opération avec La Réunion qui doit permettre d'accueillir une trentaine de stagiaires dans l’un de nos centres de formation d'apprentissage.

 

Au cours des dernières années, avez-vous fait évoluer vos outils de sourcing et vos modes de recrutement ?

Nous continuons à privilégier les relations de proximité, que ce soit par la participation à des forums métiers ou dans les écoles, ou encore dans l'identification de certaines formations. Nous avons amélioré l'articulation entre la marque employeur et les campagnes de recrutement en travaillant sur notre raison d'être et sur l'identification des spécificités du groupe RATP : la transition écologique, la transition énergétique et la mission de service public. La possibilité de changer plusieurs fois de métier dans sa carrière à la RATP est un atout.

Traditionnellement, on entre comme conducteur de bus pour devenir ensuite conducteur de RER, comme opérateur pour finir cadre supérieur. Cette capacité d'évolution professionnelle fait partie de l'ADN de l'entreprise, et c'est un élément d'attractivité. Comme vous allez l'observer dans les semaines à venir, cela va être complété par une campagne de la branche professionnelle du transport urbain qui, à son tour, a investi dans une marque employeur transversale aux différentes entreprises qui la composent pour mettre en avant tous les métiers contribuant aux transports publics. 

 

Quels outils utilisez-vous pour communiquer sur votre campagne de recrutement ?

Au-delà du message, nous diversifions nos approches pour faire connaître nos métiers. Notre compte TikTok est l'un des plus suivis parmi les comptes d'entreprises ! Nous avons des partenariats sportifs, et comme nous avons un objectif de féminisation - pour aller à contre-courant des préjugés que certains métiers peuvent susciter -, nous avons une convention avec la Fédération française de boxe pour réaliser des opérations de job dating avec eux. Nous avons également un partenariat historique avec les écoles de rugby de la région parisienne. Nous essayons d'être les plus entreprenants et créatifs possible dans nos opérations de sourcing.

 

Depuis 2017, vous avez développé un programme intitulé « RATP au Féminin ». De quoi s’agit-il ?

Face à l'enjeu de féminisation croissant de nos recrutements, nous avons bâti un programme d'ambassadrices exerçant parmi nos 230 métiers. Elles sont engagées à nos côtés pour promouvoir nos métiers auprès des écoles, dans les séminaires, forums et opérations de recrutement. Ces ambassadrices jouent un rôle en externe pour susciter des vocations chez les femmes, mais aussi en interne, pour mettre en avant des parcours de promotion sociale. Nous avons besoin de montrer ces exemples de réussite en interne pour encourager les femmes à suivre des parcours professionnels plus ambitieux.

 

Quel est le pourcentage de femmes dans les fonctions d’encadrement à la RATP ?

Aujourd’hui, 36 ou 37 % des fonctions d'encadrement sont occupées par des femmes. Au-delà de la seule question du taux, on peut noter les profils de direction : la personne à la tête de la Direction technique - en charge le développement de l'expertise historique de la RATP -, est une femme ; celle en charge du RER et des agents de station est une femme, tout comme celle qui s’occupe de la stratégie et de l'immobilier. Nous réussissons donc cette féminisation dans des fonctions « cœur de métier », et pas seulement dans des fonctions support. Le métier de conducteur de bus peine encore à se féminiser malgré nos actions... Mais année après année, nous arrivons à progresser et le réseau « RATP au féminin » réussit à développer les vocations. 

Lire aussi : Diversité dans la tech : E-mma casse les codes 


 

Plus d'actualités

Article

France Travail continue à œuvrer pour un [...]

Le 26 janvier 2023, France Travail a renforcé sa sa palette de dispositifs de lutte contre toutes les formes de discriminations par la signature de la Charte d’Engagement LGBT+ portée par l’Autre Cercle, association française de référence pour l’inclusion des personnes LGBT+* au travail. Fort de 55 000 agents, le cœur de métier de France Travail repose sur son capital humain. L’organisation ambitionne donc d’être à la hauteur des défis posés par les enjeux contemporains d’égalité au travail.

Article

« L’attractivité des métiers du soin est une [...]

L’attractivité des métiers de la santé et du soin à domicile est un véritable enjeu de société, selon Yves Piot, Responsable du pôle Juridique d’Adédom, la fédération nationale qui défend et soutient le développement des activités des associations et des structures gestionnaires à but non lucratif œuvrant dans l’aide, le soin à domicile et les services à la personne. Rencontre.

Opinions

Jérôme Fourquet, directeur du département [...]

La question est volontairement provocante mais dit bien la transformation fondamentale en cours dans le monde de l’entreprise. Changement du rapport au travail, diffusion du télétravail, aspirations au sens et à l’utilité, priorité à l’individualisme et à l’épanouissement personnel, refus de la carrière linéaire, modification du rapport de force employeurs-employés, accélération technologique : l’entreprise est fragilisée dans son espace-temps (tout le monde ne travaille plus en même temps, dans le même lieu) et percutée de tous côtés dans sa forme traditionnelle.

Ailleurs sur le site

CHIFFRE-CLÉ

87,5 %

Des entreprises satisfaites vis-à-vis des services de France Travail

L’état de l’emploi dans votre ville

Retrouvez les chiffres du marché du travail dans votre commune de plus de 5000 habitants.

Ex : 33000

Ensemble pour l'emploi

Retrouvez tous les chiffres permettant d'évaluer l'efficacité de notre action auprès des demandeurs d'emploi et des entreprises.