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« Les ETI offrent une grande richesse de métiers aux nouvelles générations »

Au cœur des territoires et de l’industrie française, le dynamisme des Entreprises de taille intermédiaire (ETI) est synonyme d’emploi. L’attractivité auprès des jeunes talents n’en reste pas moins un réel défi pour elles. Rencontre avec Frédéric Coirier, co-président du METI (Mouvement des entreprises intermédiaires) et PDG du groupe Poujoulat.

Publié le  12/01/2023

 

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En France, on entend souvent dire que les ETI sont les « championnes des territoires ». Pouvez-vous nous rappeler le rôle que ces entreprises jouent au niveau de l’économie et de l’emploi ?

Frédéric Coirier : « La France compte 5 400 Entreprises de taille intermédiaire. À mi-chemin entre les PME et les grands groupes, les ETI comptent entre 250 et 5 000 salariés et réalisent un chiffre d’affaires allant de 50 millions à 1,5 milliards d’euros. À elles seules, elles emploient plus de 3,4 millions de personnes en France, soit environ 25 % de l’emploi salarié. 40 % de leurs effectifs se trouvent dans le secteur de l’industrie. 

Avec 80 % des établissements situés hors d’Île-de-France, les ETI sont très ancrées dans les territoires. Elles y jouent un rôle très structurant. C’est par exemple le cas en Vendée ou dans les régions des Pays de la Loire et de l’Auvergne-Rhône-Alpes. Elles investissent énormément en R&D et génèrent de nombreux emplois indirects au sein d’écosystèmes locaux de PME et de TPE. Là où les ETI sont implantées, l’emploi va bien !

Les ETI produisent beaucoup en France tout en étant très exportatrices en Europe et dans le reste du monde : on compte au moins 500 leaders européens ou mondiaux sur leur marché. Parmi lesquels figurent des marques comme Sisley, Caudalie ou Clarins dans les cosmétiques, Fleury-Michon ou Sodébo, dans l’agroalimentaire ou encore à mon groupe Poujoulat, dans l’univers des conduits de cheminée et des sorties de toit métalliques. »


 

Malgré ce dynamisme, le METI perçoit le recrutement des jeunes talents comme un vrai défi. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?

FC : « À mon sens, cela tient avant tout à un déficit d’image. Les ETI sont des entreprises saines, en place et innovantes, mais plutôt discrètes. Jusqu’ici, elles n’avaient pas trop l’habitude de communiquer. La catégorie à laquelle, elles appartiennent est par ailleurs assez récente. Celle-ci n’existe dans la loi française que depuis 2008. Auparavant, on ne parlait que de grands groupes ou de PME. On ne distinguait pas les entreprises se situant à mi-chemin. 

Résultat : même si ce déficit d’image tend à se combler, les jeunes talents ne vont pas forcément avoir le réflexe ETI quand ils se lancent dans la vie active. Ils vont souvent penser start-up ou grand groupe. Et pourtant, la grande richesse de nos métiers a beaucoup à leur apporter. Si je prends l’exemple du groupe Poujoulat, que je dirige, nous couvrons un spectre de plus de 150 métiers, allant du commerce à la production, en passant par la maintenance, la logistique et le digital, avec de très nombreuses opportunités de recrutement à la clé. » 


 

Justement, comment gérez-vous cette question de l’attractivité auprès des jeunes talents dans votre groupe Poujoulat ?

FC : « C’est un enjeu important pour nous. Le fort développement que connaît Poujoulat sur le marché des cheminées, s’accompagne en effet d’importants besoins en recrutement. En l’espace de 3 ans, nous avons doublé notre chiffre d’affaires qui est passé de 200 à 400 millions d’euros. 
L’an dernier, nous avons ainsi recruté 150 nouveaux collaborateurs sur un effectif de près de 2 000 salariés. Cette année, dans toutes les régions, nous prévoyons encore d’embaucher entre 50 et 100 collaborateurs supplémentaires à des postes d’opérateurs de production ou de conducteurs de ligne de production, de caristes ou de préparateurs de commandes. Nous cherchons aussi des talents dans le marketing, le commerce, les bureaux d’étude, la R&D ou les techniques d’exploitation forestière.


Le fait que Poujoulat, soit leader sur son marché et communique activement, donne de la visibilité à sa marque employeur. Nous menons des actions de sponsoring, expliquons nos métiers via des vidéos sur internet ou des journées portes ouvertes et participons localement à des forums pour l’emploi. Nous sommes aussi très présents sur le terrain du mécénat et engagés au niveau des énergies renouvelables. Toutes ces actions génèrent un bouche-à-oreille positif et participent à notre attractivité auprès des jeunes talents. »

Pour aller plus loin : RH : Top 5 des bonnes pratiques au service d’une marque employeur impactante


 

Pour autant, il n’est pas toujours facile de recruter sur certains métiers en tension, notamment dans la production. Quelle est l’approche de Poujoulat sur ce point ?

FC : « Pour pourvoir nos postes en production, nous avons aussi recours chez Poujoulat à la Méthode de recrutement par Simulation (MRS) en lien avec Pôle emploi, qui permet d’évaluer les habilités des candidats, sans CV. Nous menons également ensemble des opérations de formation auprès de demandeurs d’emploi de longue durée, afin de faciliter leur réinsertion. Dans ces métiers, ce qui prime, c’est le savoir-être, l’envie de progresser, de s’intégrer dans une équipe.
Portée par la mécanisation et la robotisation, la féminisation des métiers que nous avons opérée nous permet aussi d’adresser chez Poujoulat un vivier de talents beaucoup plus large qu’auparavant et de mieux couvrir nos besoins en recrutement. Il y a 5 ans, nous comptions dans nos ateliers 3 % de femmes. Aujourd’hui, elles sont 30 %. J’en ai la conviction profonde : les femmes et les jeunes sont l’avenir des ETI ! » 


 

"Les femmes et les jeunes sont l’avenir des ETI ”


Quels éléments les ETI doivent-elles valoriser auprès des jeunes talents pour se distinguer des PME, des TPE ou des grands groupes ?

FC : « Les ETI réunissent en quelque sorte le meilleur des deux mondes. Comme dans les grands groupes, nous offrons de vraies perspectives de carrière et des postes attractifs aux jeunes qui nous rejoignent. Au sein de structures stables, nous favorisons les mobilités professionnelles, nous nous développons à l’international, investissons dans la R&D et sommes très engagés en termes de RSE. 

Nous donnons beaucoup plus d’autonomie et de liberté dans la prise de décision à nos collaborateurs, que dans les très grands groupes, qui fonctionnent davantage en silo. C’est un vrai marqueur différentiant.

Comme les PME et les TPE, les ETI sont des entreprises à taille humaine prônant des valeurs de proximité. Nous travaillons avec des fournisseurs locaux et les sites de nos entreprises dépassent rarement le nombre de 100 ou 150 personnes. Souvent situés hors des métropoles, en région, les ETI offrent une vraie qualité de vie à leurs salariés sur des territoires attractifs. Et ce, tout en leur donnant la possibilité de travailler sur des projets de plus grande envergure que dans des entreprises de plus petite taille.

Enfin, les ETI favorisent la promotion interne et fournissent d’important efforts en termes de formation et d’apprentissage. Le nombre d’apprentis qui atteint les 5 % a doublé ces dernières années. Certaines ETI ont développé leurs propres Centres de formation des apprentis intégrés (CFA). Cela leur permet de former le personnel de production, mais aussi de faciliter l’accueil de personnes en reconversion, venant d’autres secteurs comme l’hôtellerie-restauration par exemple. » 


 

Comment voyez-vous l’avenir sur le terrain de l’emploi pour les ETI ?

FC : « Malgré la conjoncture difficile, l’avenir s’annonce riche en opportunités en matière d’emploi. Les ETI vont continuer à se développer, à investir et à innover sur les territoires. Dans de nombreux secteurs, la transformation digitale s’intègre dans toutes les composantes de l’entreprise : e-commerce, conception assistée, simulation, dématérialisation des process… Et cela va demander de s’appuyer sur de nouvelles compétences techniques que nous pourrons aller chercher auprès des jeunes générations. Ce sera également le cas sur les sujets de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables qui représentent des enjeux forts dans de nombreuses ETI industrielles. Enfin, ces entreprises, tournées vers l’export et les marchés européens, vont continuer à rechercher des compétences en commerce international. Tous les jeunes talents qui ont de beaux projets professionnels et envie d’évoluer doivent penser ETI ! »

 

3,4 millions, c’est le nombre d’emplois en France au sein des ETI
Sources : METI

 

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