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Métiers 2030 : La Dares et France Stratégie étudient l'emploi dans les régions
Face aux tensions que connaît le marché de l'emploi pour recruter sur certains métiers, la Direction de l'Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques (Dares) et France Stratégie se sont livrés à un exercice de prospective, intitulé « Les métiers en 2030 ». Focus sur la partie du rapport consacrée aux régions.
Publié le 08/09/2023
La déclinaison régionale du rapport « Les métiers en 2030 » dresse les constats suivants :
- Des déséquilibres entre besoins de recrutement et ressources en main d’œuvre plus marqués dans le Sud et l'Ouest.
- Des déséquilibres entre offres et candidats moins importants dans les régions du Centre-Ouest et du Nord-Est.
- L’Île-de-France, un territoire caractérisé par la jeunesse de ses nouvelles recrues.
Un million d'emplois devraient être créés entre 2019 et 2030. Comment analyser cette donnée ? Il faut avant tout y voir une tendance lourde, celle du remplacement des départs en retraite des derniers baby-boomers, qui représenteront 26 à 31 % des besoins de recrutement, selon les régions. Globalement, le nombre de nouveaux entrants sur le marché du travail ne devrait d’ailleurs pas suffire à combler le déséquilibre entre besoins de recrutement et candidats. Ainsi, au niveau national, 5 % des offres de recrutement ne seraient pas pourvues par les jeunes entrants sur le marché du travail d'ici 2030, et ce, plus particulièrement pour certains métiers. C'est par exemple le cas pour le métier de conducteur de véhicules, pour lequel le nombre de départs à la retraite sera important dans la décennie, ou encore pour celui de cadre technico-commercial, dont les créations de postes devraient continuer d'être dynamiques.
Des situations différentes selon les régions
Bien que certains facteurs comme la part de recrutements liée aux départs en retraite, soient similaires dans toutes les régions, l'équation de l'équilibre entre besoins et vivier de main d’œuvre peut néanmoins varier selon les territoires. D’après cette étude1, d'ici 2030, ce sont les territoires du Sud et de l'Ouest qui connaîtront les plus forts déséquilibres entre besoins de recrutement et ressources en main d’œuvre. En Occitanie, en Corse, dans les Pays-de-la-Loire, en Bretagne et en Auvergne-Rhône-Alpes, ce sont entre 6 % et 9 % des emplois proposés qui ne pourraient pas être pourvus ni par de nouveaux résidents, ni par des jeunes en début de carrière. D’ailleurs, ces régions seraient également les premières à manquer de certains profils, par ailleurs pénuriques dans toutes les régions, tels que les conducteurs de véhicules, les cadres commerciaux, les employés de maison et les aides à domicile.
Le « U de la croissance »
Cela s'explique entre autres par la présence de ce que l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) appelle le « U de la croissance », territoire s'étendant de la façade atlantique jusqu'à la Côte d'Azur, analysé comme la zone où l'emploi a le plus augmenté en France depuis quarante ans. L'analyse de la Dares souligne que des régions telles que l'Auvergne-Rhône-Alpes et l'Occitanie ont la caractéristique de concentrer une part importante de métiers de cadres de conception et de recherche, notamment présents dans une industrie de pointe à l'emploi croissant. Dans ces territoires allant de la façade atlantique jusqu'au bassin méditerranéen en passant par la Vallée du Rhône, les créations de poste devraient représenter entre 4 % et 8 % de l'emploi d'ici à 2030.
À l'inverse, les régions du Centre-Ouest et du Nord-Est de la France connaissent des déséquilibres entre offres d'emploi et candidatures inférieurs à ceux de la moyenne nationale, avec seulement 2 à 3 % des postes qui ne seraient pas pourvus à l'horizon 2030. Ces territoires ont une contribution inférieure à la croissance de l'emploi en France, et sont moins attractifs pour les travailleurs débutants comme pour ceux venant d'autres régions. Moins denses et majoritairement rurales, c’est le cas des régions Centre-Val-de-Loire, Bourgogne-Franche-Comté et Normandie, avec une forte présence de métiers dont les recrutements se contractent, notamment dans l'agriculture et l'industrie. De leur côté, le Grand Est et les Hauts-de-France se distinguent par une part importante de jeunes démarrant leur carrière, ce qui les aide à compenser un solde de mobilité géographique légèrement négatif.
L'Île-de-France, un territoire « jeune »
Si par sa taille et la population qu'elle concentre l’Île-de-France est la région qui compte le plus grand nombre d'actifs, avec 22 % de l'emploi métropolitain, sa part dans l'emploi tend à décliner dans certains domaines. Dans les décennies à venir, les créations nettes d'emplois devraient continuer de voir leur dynamique portée essentiellement par des métiers de cadres, notamment dans l'informatique, l'information-communication, la recherche-développement ou la gestion des entreprises, mais aussi par les métiers du care (aide et soin). L'Île-de-France se distingue notamment par sa jeunesse, avec la part la plus importante en France de jeunes débutants parmi les nouvelles recrues, ce qui s'explique notamment par l'abondante offre d'enseignement supérieur présente dans la région.
Par ailleurs, la part de seniors partant à la retraite dans les dix prochaines années est moindre en Île-de-France que dans les autres régions, ce qui contribue également à son dynamisme démographique. Celui-ci est néanmoins modéré par un déficit migratoire qui devrait perdurer à l'horizon 2030 : on estime à 8 % les offres d'emploi franciliennes qui feront suite à des mobilités de travailleurs franciliens vers d'autres régions.
450 000 personnes devraient retrouver un emploi
Certains métiers devraient continuer à connaître des déséquilibres de recrutement très variables d'une région à l'autre. C'est le cas par exemple des métiers agricoles de maraîchers, jardiniers et viticulteurs, surreprésentés dans les deux régions les plus agricoles de France, la Bretagne et la Nouvelle-Aquitaine (un déséquilibre entre 12 % et 17 % de l'emploi), ainsi que dans les régions viticoles de Bourgogne-Franche-Comté et du Grand Est. Les régions Nord-Ouest à proximité de l'Île-de-France sont caractérisées quant à elles par une concentration des métiers de la manutention, tandis que les régions plus touristiques se distinguent par la surreprésentation des métiers de la vente et de l'hôtellerie-restauration. Les façades atlantique et méditerranéenne se définissent par le poids spécifique des métiers de l'aide et du soin, liée à l'attractivité résidentielle de ces régions littorales par les seniors.
Si les déséquilibres entre postes à pourvoir et candidats vont continuer de s'accentuer pour un certain nombre de métiers, cela ne signifie pas pour autant que ces offres ne seront pas pourvues. En effet, la réponse à ces besoins de recrutement passe par l'embauche de salariés exerçant un autre métier : des immigrants (entrés sur le territoire au cours de la période de projection, de 2019 à 2030), des inactifs ou des demandeurs d’emploi. Dans le scénario de référence de cette projection, ce sont 450 000 personnes qui devraient retrouver un emploi et participer ainsi à combler les déséquilibres entre offres d'emplois et viviers de candidats.
Pour aller plus loin : lire le rapport de la Dares et de France Stratégie
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