« Nous nous assurons que les compétences sont adaptées aux besoins du marché du travail »

Quels sont pour le SPE suédois les objectifs de cette Année européenne des compétences ?

Linda Schön-Doroci : Nous travaillons toujours avec nos homologues de l’Agence nationale pour l’éducation (Skolverket, l’équivalent de l’Éducation nationale) sur la définition de nos objectifs pour l'année qui coïncide avec la présidence suédoise de l'Union européenne (UE). Dans le cadre de l’Année européenne des compétences, nous travaillons sur les quatre domaines prioritaires, à savoir : s'assurer que les compétences sont adaptées aux besoins du marché du travail ; faire correspondre les aspirations et les compétences des personnes aux opportunités ; promouvoir et accroître des investissements plus efficaces et inclusifs dans la formation et le perfectionnement ; attirer des ressortissants de pays tiers de l’UE possédant les compétences nécessaires et leur offrir des opportunités d'apprentissage et la reconnaissance de leurs qualifications.

Quelles compétences seront les plus demandées en Suède dans les années à venir ?

Linda S.-D. : Nous nous attendons à une demande croissante de compétences techniques avancées, mais aussi à une augmentation encore plus importante de la demande de compétences numériques de base dans presque toutes les professions. Les tâches nécessitant des compétences sociales et émotionnelles - qui peuvent être considérées comme complémentaires aux tâches numérisées et aux compétences numériques - devraient aussi augmenter dans de nombreuses professions. La possibilité de communiquer les résultats d'une analyse automatisée en est un exemple. Même si la demande de compétences manuelles devrait diminuer dans les années à venir, elles représenteront encore une grande partie des compétences demandées jusqu'en 2030.

Ces compétences sont nécessaires dans quels secteurs ?

Linda S.-D. : Les secteurs professionnels où nous prévoyons que la demande sera supérieure à l'offre dans les années à venir sont ceux de la santé, de l’informatique et de la tech, de la formation professionnelle et de l’enseignement. 

Comment les salariés et les demandeurs d'emploi peuvent-ils acquérir ces compétences ?

Linda S.-D. : Les compétences techniques avancées sont principalement acquises dans les universités et les collègues avec d'autres prestataires publics et privés d'éducation tels que l'éducation municipale des adultes (komvux), l'enseignement professionnel supérieur (Yrkeshögskolan) ou Teknikcollege, une plateforme qui regroupe les formations certifiantes. Pour soutenir l'apprentissage tout au long de la vie, plusieurs initiatives visent à accroître les compétences numériques de base des citoyens, telles que les sites digitalajag.se et internetstiftelsen.se. Les acteurs du système éducatif public sont également une source essentielle de connaissances. Afin d'acquérir des compétences numériques de base et des compétences sociales et émotionnelles, les salariés et les demandeurs d’emploi peuvent suivre une formation en cours d'emploi - telle que l'apprentissage par la pratique - ou via la formation professionnelle. 

Comment les compétences sont-elles reconnues et validées en Suède ?

Linda S.-D. : En Suède, la validation des compétence est effectuée par une variété de prestataires au sein de tous les établissements scolaires et dans la vie professionnelle. Hormis l'université, il existe aujourd'hui une responsabilité claire et à long terme pour la validation au sein du système éducatif formel et dans la vie professionnelle (industrie validation). Le SPE suédois peut utiliser la validation comme outil de travail avec les demandeurs d'emploi. Dans le cadre des travaux visant à instaurer un système de validation cohérent, national et permanent, le gouvernement suédois a décidé de mettre en place un tout nouveau règlement de validation qui vise à créer une base pour une compréhension commune et une uniformité de la validation dans l'ensemble des domaines de l'éducation et du marché du travail.

La réglementation doit fonctionner comme un complément aux réglementations qui existent déjà en matière de validation au sein de l'université des sciences appliquées, de l'éducation municipale des adultes, du service de l'emploi et de l'université. L'ordonnance sur l'enseignement supérieur stipule que les universités et les collèges ont l'obligation de traiter et de prendre des décisions concernant l'éligibilité sur la base de compétences réelles. Les étudiants peuvent également demander des crédits en fonction de leur expérience professionnelle ou de leurs études non universitaires. Le Parlement a aussi décidé de modifier la loi sur l'Éducation afin que la validation au sein du komvux réponde davantage aux besoins du marché du travail et des individus. 

Quels sont les changements induits par la modification de la loi sur l’Éducation ?

Linda S.-D. : Les changements signifient, entre autres, qu'une obligation est introduite pour la commune d'origine de veiller à ceque toute personne souhaitant faire cartographier ses compétences avant une formation ou un examen au sein de komvux se voit proposer une cartographie initiale. Le responsable de komvux doit également s'assurer qu'un étudiant qui a besoin d'une validation se la voit proposer si la validation se fait dans le cadre d'un ou plusieurs cours payés par la commune d'origine de l'étudiant. Il clarifie également ce que l'on entend par « validation » et à quels documents la personne qui a effectué une validation a droit.

Vous êtes-vous inspiré du dispositif de Validation des Acquis de l'Expérience (VAE) qui existe en France ?

Linda S.-D. : Nous nous sommes beaucoup concentrés sur l'introduction d'une classification nationale pour construire l'infrastructure des compétences. Pôle emploi semble être allé plus loin que nous en ce qui concerne les soft skills et nous souhaitons apprendre davantage de ce travail qui nous intéresse.