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Aéroportuaire : « De par la diversité de nos métiers, nous sommes convaincus qu’il y a une place pour tout le monde »

Créée en 2022, l’association Aéro Impacts Ressources Humaines (A.I.R.H) agit en faveur de l’égalité des chances dans la filière aéroportuaire, en innovant et en bousculant les codes établis. Amélie Lummaux, Directrice générale adjointe du Groupe ADP en charge du développement durable et des projets, et présidente de l’association, revient sur le travail mené par ce collectif.

Publié le  05/07/2024

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Quelle est la mission portée par l’association A.I.R.H ?

Amélie Lummaux : L’association A.I.R.H compte 30 entreprises de l’aéroportuaire, couvrant des fonctions souvent méconnues et pourtant essentielles au bon fonctionnement des aéroports, que sont par exemple les fonctions de sécurité, de prise en charge des bagages ou encore de manutention du fret aérien.

En rassemblant ces différents acteurs, nous portons l’ambition de fédérer les ressources humaines (RH) de la filière pour travailler sur l’attractivité de nos métiers avec une vision commune, et proposer des parcours de recrutement tournés vers les talents.

Aerowork couvre 56 métiers de l’aéroport, allant de l’agent de sécurité au chauffeur de navette, en passant par l’agent bagages, le technicien logistique et l’agent d’accueil. 


Vous œuvrez en faveur d’un recrutement « éthique et équitable ». Pouvez-vous nous en dire plus ?

A. L. : Nous souhaitons donner à chacun une chance de rejoindre nos métiers en cassant les freins à l’emploi. Pour ce faire, nous mettons en place des dispositifs permettant de cibler tous les publics et notamment les personnes les plus éloignées de l’emploi, à l’instar des bénéficiaires du RSA.
Nous avons par ailleurs à cœur de nous faire connaître auprès des candidats habitant au sein des territoires riverains des aéroports – Seine-Saint-Denis, Val d'Oise, Seine et Marne, Val-de-Marne, Essonne –, afin de privilégier l’emploi local.

Aerowork, la plateforme de recrutement sans CV ni photo, s’inscrit-elle dans cette démarche ?

A. L. : Parfaitement. Aerowork, que le Groupe ADP a lancé avec ses partenaires, offre un parcours de recrutement simplifié, basé sur la personnalité et les soft skills des candidats.

Concrètement, ce parcours consiste d’abord en une série de questions autour des appétences de la personne. Des informations d’ordre pratique sont ensuite renseignées, telles que la nationalité, le fait d'avoir le Bac ou la détention du permis de conduire. Une fois ces critères complétés, la plateforme soumet au candidat plusieurs suggestions de métiers correspondants à son profil.

 En 2023, 1 000 talents ont été embauchés via la plateforme, dont 10 % de bénéficiaires du RSA et une majorité de résidents des territoires riverains. 


À qui s’adresse la plateforme ? Et pour quels métiers ?

A. L. : Aerowork couvre 56 métiers de l’aéroport, allant de l’agent de sécurité au chauffeur de navette, en passant par l’agent bagages, le technicien logistique et l’agent d’accueil. Si certaines fonctions sont soumises à des critères spécifiques, comme le fait d'être ressortissant de l’Union européenne (UE), ou de savoir parler anglais, les postes recensés sur la plateforme permettent de trouver des opportunités pour tous.
De par la diversité de nos métiers, il y a une place pour tout le monde. D’ailleurs, rien qu’en 2023, 1 000 talents ont été embauchés via la plateforme, dont 10 % de bénéficiaires du RSA et une majorité de résidents des territoires riverains.

Quels critères utilisez-vous pour sélectionner les candidats ?

A. L. : À partir du moment où un candidat postule, son profil est transmis à l’ensemble des entreprises ayant des emplois à pourvoir sur ce métier. À réception de la candidature, les recruteurs concernés sont tenus de fournir une réponse positive ou négative dans les 72 heures. Si la réponse est positive, l’entreprise intéressée prend le relai et sort du cadre de la plateforme.

Quant aux réponses négatives, elles doivent être justifiées par le recruteur, dans un souci de transparence vis-à-vis du postulant, mais également vis-à-vis de l’écosystème Aerowork. Notre objectif étant de toujours mieux cerner les besoins des employeurs et de ne laisser aucun profil de côté. Nous travaillons d’ailleurs à la mise en place d’accompagnements et de formations complémentaires en ce sens, en collaboration avec les équipes de France Travail.

Cette initiative participe à mettre en lumière des métiers et des professionnels « invisibles » aux yeux du grand public. 


Cette approche vous permet-elle de mieux répondre aux enjeux de recrutement du secteur aéroportuaire, et plus largement, de l’aéronautique ?

A. L. : L’approche que nous déployons nous aide en effet à répondre à nos besoins en main-d’œuvre. C’est aussi une façon pour nous de prendre acte du rapport de force qui s’est désormais inversé entre candidats et employeurs, puisque la plateforme est pensée sous la forme d’une offre de services des entreprises, pour les talents. Une offre de services lisible, qui manquait jusqu’alors dans notre secteur et qui, compte tenu de sa simplicité, sert l’expérience de recrutement.
De même, cette initiative participe à mettre en lumière des métiers et des professionnels « invisibles » aux yeux du grand public, et suscite donc des vocations professionnelles.

D’une manière générale, diriez-vous que ce mode de recrutement inclusif vient renforcer la marque employeur des parties prenantes impliquées ?

A. L. : Sans aucun doute. Cependant, au-delà de la marque employeur propre à chaque organisation, nous sommes désireux de construire et de faire rayonner une marque employeur à plus grande échelle : celle de l’écosystème aéroportuaire. Que ce soit au travers de l’association A.I.R.H ou d’autres engagements comme les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, nous souhaitons unir nos forces et nos compétences avec nos partenaires, et ainsi démultiplier notre impact.