Article

Agroalimentaire français : quand un géant se réinvente

Premier secteur industriel français, l’agroalimentaire compte plus de 459 000 collaborateurs et 17 372 entreprises*. Hautement stratégique, cette industrie connaît une véritable mutation, faisant face à des défis considérables en matière de transition écologique, d’alimentation, d’innovation et d’emploi. Panorama.

Publié le  06/11/2024

Agro_770.jpg

Verdir l’industrie

D’après le Haut conseil pour le climat (HCC), l’empreinte carbone du système alimentaire représenterait 25% de l’empreinte carbone totale du pays. En outre, toutes les étapes de la chaîne d’alimentation – production de matières premières, transformation, distribution… – compteraient pour un quart des émissions de gaz à effet de serre (GES) des Français. La décarbonation figure donc parmi les enjeux clés de la transition écologique des industries agroalimentaires, donnant lieu, entre autres, à l’expérimentation de diverses initiatives comme le déploiement de modes de production bas carbone, l’optimisation des processus de production, et l’amélioration énergétique des procédés de fabrication.

Le secteur est également engagé dans une dynamique de « sobriété hydrique », et prend part à ce titre au plan d’action pour une gestion résiliente et concertée de l’eau, un dispositif gouvernemental qui prévoit d’atteindre une baisse de 10% d’eau prélevée d’ici à 2030, en mettant l’ensemble des filières économiques à contribution.

Tendre vers une alimentation plus saine, durable et transparente

Dans le même temps, les industries agroalimentaires doivent relever le défi de proposer une alimentation plus saine, durable et transparente, en droite ligne avec les nouveaux modes de consommation. Dans les faits, cela se traduit par la mise en œuvre de plusieurs chantiers en lien avec la lutte contre le gaspillage alimentaire – qui doit être réduit de moitié à horizon 2030 –, et la production de denrées alimentaires à faible impact environnemental et en adéquation avec les exigences de qualité nutritionnelle.

L’information aux consommateurs devient par ailleurs incontournable depuis l’implémentation du Nutri-Score. Pas moins de 1 200 entreprises productrices de denrées sont d’ores et déjà activement impliquées dans la démarche.

Innover aujourd’hui pour demain

L’alimentation est aussi synonyme d’innovation, on parle d’ailleurs d’alimentation de demain. Le concept ? Miser sur les nouvelles technologies pour améliorer la traçabilité des produits, augmenter les rendements de production tout en réduisant leur impact sur l’environnement, et accélérer le développement des protéines alternatives. Ce marché est en effet au centre des préoccupations des industries agroalimentaires. La consommation de substituts de viande est en forte augmentation, particulièrement les protéines végétales dont la demande devrait augmenter de 43% dans les cinq prochaines années.

En parallèle, le secteur s’intéresse de près à la fermentation de précision, une technologie grâce à laquelle il est possible de produire des protéines, des enzymes, des vitamines et autres molécules au moyen de l’ingénierie microbienne. Selon l’Association nationale des industries alimentaires (ANIA), cette approche pourrait par exemple permettre la fabrication de produits laitiers sans avoir recours à

Investir massivement dans les talents et les compétences

À l’aune de ces transformations, il s’avère indispensable d’investir dans le développement de compétences et l’attraction des talents. Cet enjeu est central alors que 30 000 emplois restent non pourvus chaque année et que 70% des entreprises agroalimentaires sont confrontées à des difficultés de recrutement.

Pour inverser la tendance, la filière s’organise autour d’initiatives visant non seulement à fidéliser ses salariés, mais également à promouvoir ses métiers auprès de tous les publics, notamment les jeunes. En 2023, plus de 4 000 évènements se sont tenus en ce sens. De même, le secteur a rejoint le dispositif 1 jeune 1 solution, ainsi que Compétences et métiers d’avenir, un programme de France 2030 qui favorise la création de parcours de formations dans de nombreuses industries à l’instar de l’agroalimentaire.

 


*https://www.ania.net/presentation-ania/nos-chiffres-cles