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« Avoir une diversité de profils dans l’entreprise, c’est une force et c’est de la performance »

Créée en 2018 à l’initiative du président de la République, la communauté « Les entreprises s’engagent » entend agir pour une société plus inclusive et plus durable. Tour d’horizon de ses ambitions, de ses actions et de ses résultats avec Sylvie Jéhanno, co-présidente de la communauté « Les entreprises s’engagent » et présidente-directrice générale de Dalkia.

Publié le  04/03/2024

Jehanno_art_org.jpg (Sylvie Jehanno)

 

Quels sont le rôle et la particularité de la communauté Les entreprises s’engagent ?

Sylvie Jéhanno : La communauté Les entreprises s’engagent est originale car elle rassemble autour de la table de façon très pragmatique les entreprises, France Travail et l’État, à savoir la Direction générale de l’emploi au niveau du ministère et les préfectures sur le terrain. Elle est née du souhait d’Emmanuel Macron d’impliquer beaucoup plus les entreprises dans la construction d’une société plus inclusive et d’un monde plus durable. Cette volonté s’est illustrée par de grands programmes nationaux, le premier étant 1 jeune, 1 solution, avec l’objectif d’offrir plus d’opportunités de stages, d’apprentissages et d’emplois.

Elle s’est poursuivie par le programme 1 jeune, 1 mentor, afin d’aider des jeunes éprouvant des difficultés à trouver des contacts. De mon côté, je mentore une jeune fille, je l’accompagne et j’échange avec elle sur la façon dont la société au sens large fonctionne tout en la sensibilisant à la culture. Lorsque l’on est issu d’un milieu social plus défavorisé, ce n’est pas si facile d’avoir confiance en soi et de trouver les bonnes portes d’entrée. Outre les grands programmes nationaux, nous avons décidé d’agir sur le terrain au niveau local. C’est pourquoi Les entreprises s’engagent propose une multitude d’actions au sein de 101 clubs, un par département. Chacun d’entre eux regroupe le même trinôme : l’agence régionale France Travail, un représentant de l’État et la communauté locale Les entreprises s’engagent qui agrège des entreprises de toutes tailles et fait participer des associations. Beaucoup d’initiatives sont animées par cette coalition qui fait sens. 

Quels types d’actions menez-vous et comment ?

S.J. : Des actions hyper concrètes ! Notamment pour aider les entreprises à recruter autrement. Nous participons par exemple aux opérations Du stade vers l’emploi organisées par France Travail, ou des événements du type Recrute ton boss (un job dating inversé). Le fait d’avoir placé l’opérateur France Travail au centre facilite la création d’une dynamique vers l’emploi. Aujourd’hui, notre communauté compte plus de 80 000 entreprises. Et nous nous appuyons sur plusieurs partenariats, comme le Medef, la CCI (Chambre de commerce et d’industrie) France, le comité stratégique de la filière automobile ou celui de la filière agroalimentaire entre autres. Nous nouons des partenariats avec des entreprises qui s’engagent et avec des fédérations qui entraînent leurs adhérents pour nous suivre et y trouver leur compte.

Car c’est une magnifique dynamique, extrêmement agile. Et c’est du gagnant-gagnant. C’est vrai pour les jeunes pour qui nous nous mobilisons fortement. On recense en effet, 1 400 000 jeunes en décrochage, sans emploi ni formation. Mais nous nous intéressons également à la question des seniors, du fait du prolongement de la durée du travail. Sans oublier d’autres profils tels que des personnes en situation de handicap ou des prisonniers en voie de réinsertion. Nous sommes ainsi très impliqués dans le sujet des achats inclusifs, qui nous semblent un levier pertinent de retour à l’emploi pour certains publics. Nous y consacrons des incitations et des formations dédiées. 
 

En 2024, nous allons nous concentrer entre autres sur l’inclusion par le sport, les questions de diversité, de féminisation et de biodiversité.


Quelles sont vos missions en tant que co-présidente ?

S.J. : Depuis 2022, la Communauté est animée par un groupement d’intérêt public, cocréé par le ministère du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion, France Travail et une association d’entreprises engagées. J’aimerais d’ailleurs souligner la qualité du travail des 500 personnes investies à temps plein pour animer les clubs, mettre sur pied les programmes régionaux, élaborer des formations, etc.

Avec Thibaut Guilluy, co-président des Entreprises s’engagent et Directeur général de France Travail, j’ai un rendez-vous hebdomadaire avec l’équipe de direction des Entreprises S’engagent pour faire un point sur les actions en cours. En parallèle, au sein d’un comité d’orientation et de réflexion stratégique, nous envisageons les prochains programmes et les priorités de l’année. Ainsi, cette année, nous allons nous concentrer entre autres sur l’inclusion par le sport, les questions de diversité, de féminisation, et aussi de biodiversité. 
 

Quel est le bilan de la communauté Les entreprises s’engagent ?

S.J. : Au lancement de la communauté, nous voulions rassembler 10 000 entreprises. Aujourd’hui, nous en comptons plus de 80 000, dont 15 000 nouvelles qui nous ont rejoints en 2023. Nous demandons à chaque entreprise adhérente de choisir des engagements. Nous en recensons désormais 40 000. Malgré ces chiffres impressionnants, je suis persuadée que nous sommes juste au début de l’histoire. Cette façon de décloisonner deux mondes, les entreprises recruteuses et des personnes éloignées de l’emploi, fonctionne. Nous réfléchissons d’ailleurs en ce moment à la mise au point d’indicateurs, par exemple sur le taux de conversion du dispositif des jeunes en immersion dans des entreprises durant plusieurs jours. Plus d’un sur deux trouve un emploi à l’issue de cette intégration. Créer des événements un peu différents conduit à promouvoir des mises en relation différentes.

D’ailleurs, pour préparer les entreprises à changer de regard, nous les formons. Ainsi, nous leur proposons d’assister à une pièce de théâtre appelée « Un employé nommé Désir ». J’ai fait jouer cette pièce chez Dalkia devant 200 managers. Ils se sont dits troublés par ces artistes qui miment avec beaucoup d’humour des entretiens et des réactions d’encadrants au quotidien. Je crois beaucoup au fait que l’on retient mieux lorsque l’émotion est présente.
 

Voir leur employeur s’intéresser à des questions sociétales participe à la quête de sens des salariés.


Comment pourriez-vous convaincre d’autres entreprises de vous rejoindre ? 

S.J. :  Actuellement, les entreprises recrutent. Or, recruter autrement, c’est un atout. Avoir une diversité de profils dans l’entreprise, c’est une force et c’est de la performance. Surtout à une période où les salariés attendent beaucoup de sens dans leurs missions. Voir leur employeur s’intéresser à des questions sociétales participe à la quête de sens des salariés. Chez Dalkia, les valeurs que nous portons ont un véritable pouvoir de fidélisation, de motivation et donc de performance. Elles reflètent celles de la communauté Les entreprises s’engagent.
 

Justement quels sont les grands enjeux de Dalkia ?

S.J. :  Nous avons beaucoup de chance car le fait de travailler au cœur de la transition énergétique donne du sens à nos actions. Nous accompagnons nos clients en France et à l’international dans la lutte contre le réchauffement climatique. Ainsi, nous développons pour les collectivités des solutions de chauffage ou de climatisation bas carbone à travers des réseaux de chaleur et de froid qui s’appuient sur des énergies renouvelables et de récupération locales. Nous sommes aussi très impliqués sur les sujets de sobriété et d’efficacité énergétique pour tous nos clients, qu’ils soient collectivités, industriels ou tertiaires.

Aujourd’hui, Dalkia compte plus de 20 000 collaborateurs en France dont 5 000 à l’international. Et nous continuons à recruter des compétences. 
 

La transition énergétique, c’est aussi une transition vers de nouveaux métiers.


Quels sont vos besoins en matière de recrutement ?

S.J. :  Ils sont importants  et comme en 2023, nous recruterons environ 3 000 nouveaux salariés en 2024 dont plus de 2 000 en France. Nous accueillons également environ 800 apprentis chaque année, que nous essayons bien sûr d’intégrer au groupe à la fin de leurs études. Nous recrutons sur une diversité de métiers, de l’ingénieur au technicien, que j’essaie de valoriser au maximum. À cet effet, un label  Les métiers de la transition énergétique  vient d’être créé et mis en visibilité sur le site de l’Onisep: du CAP au Bac +5, avec des diplômes très variés autour de l’électricité, du génie électrique, du génie climatique, des pompes à chaleur, ou des systèmes de réfrigération. Ce dernier métier, celui de frigoriste est, par exemple, en forte tension. Nous pensons qu’il en manque plus de 5 000 en France. 

Chez Dalkia, nous formons par ailleurs les personnes souhaitant nous rejoindre dans notre Campus. Je crois beaucoup au Bac Pro +1. Nous accompagnons donc des candidat(e)s vers le +1, voire le +2 ou +3 pour qu’ils acquièrent les bonnes compétences. Nous recrutons également des ingénieurs pour concevoir puis construire des installations de la transition énergétique.

Pour parvenir à recruter cette diversité de profils, il nous faut convaincre les jeunes qui ont envie de transition énergétique de rejoindre nos métiers techniques, qui permettent de lutter contre le réchauffement climatique. Selon l’Ademe, la transition énergétique en France, devrait créer plus de 300 000 emplois d’ici à 2030. Quant aux femmes, c’est un gros sujet pour moi, tant la parité est loin d’être atteinte chez Dalkia. Rejoignez-nous !
 

Outre les compétences techniques, quelles soft skills recherchez-vous plus particulièrement chez les candidats ?

S.J. :  Avant tout, un sens relationnel et humain. Nous cherchons des techniciens à l’écoute, qui savent s’adapter, ont envie de progresser et donc, de se former en continu. La transition énergétique, c’est aussi une transition vers de nouveaux métiers. Pour donner un exemple, les chaudières au fioul vont disparaître et laisser la place à des systèmes alliant plusieurs énergies renouvelables et du pilotage performant à la fois numérique et humain. Les compétences de nos techniciens vont donc évoluer. Nous sommes aussi très vigilants sur la capacité de nos salariés à travailler en équipe. Idem pour nos cadres, qui doivent faire preuve d’innovation, d’aptitude à piloter des projets, à se transformer et à travailler de manière collective. 
 

Plus globalement, comment attirer plus de candidats vers un secteur de l’industrie qui peine à recruter ?

S.J. :  Il faut parler des métiers techniques, les expliquer, montrer à quel point ils ont changé et se sont numérisés. Je rappellerais également la priorité accordée à la santé et à la sécurité. L’industrie s’est résolument modernisée. Et elle offre des parcours professionnels avec du concret et du sens. Avec un métier technique, on réalise quelque chose et on visualise la concrétisation d’un projet. Travailler dans un domaine tel que la transition énergétique, se révèle utile bien sûr, mais surtout, motivant. J’ajouterais que l’industrie est ouverte à des évolutions de carrière. Il est possible de passer de technicien à chef d’équipe puis à cadre. C’est un secteur qui recrute et qui propose des salaires attractifs. C’est enfin, une filière offrant des parcours durables et inclusifs. 
 

Les entreprises s’engagent, une communauté très active 

+80 000 entreprises adhérentes 
40 000 engagements
101 clubs régionaux et 1 club national
800 événements en 2023

Les thématiques principales d’engagement : jeunes, handicap, séniors, sobriété, sport, quartiers prioritaires de la ville, réfugiés, lutte contre récidive, Ukraine, achats inclusifs, lycées professionnels. 
Les types d’événements : stages collectifs, Masterclass, ateliers participatifs, visites d’entreprises, campus, tables rondes sur l’intégration du handicap ou sur recruter autrement, workshops, etc.
 

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