Florian Baratte, Julien Hamy et Catherine Tripon, de l’Autre Cercle : « Avançons collectivement vers un monde du travail plus inclusif »

Chaque année lors du Mois des fiertés, en juin, de nombreuses organisations arborent les couleurs du drapeau arc-en-ciel sur leur logo pour témoigner leur soutien aux luttes contre les LGBTphobies. Mais avant de se faire porte-étendard de ces combats, ne devraient-elles pas commencer par prendre soin de leurs propres collaborateurs et collaboratrices ?

Florian Baratte

Les personnes LGBT+ sont là, les discriminations aussi. On a parfois tendance à penser que la bataille contre les LGBTphobies appartient au passé. Depuis plusieurs décennies, de nombreux droits ont été acquis.  Quant à la sphère culturelle et médiatique, elle s’est ouverte à cette thématique. Pourtant, la lesbophobie, l’homophobie, la biphobie  et la transphobie subsistent… sans faiblir. Le monde du travail en est une illustration. Aujourd’hui, plus de la moitié des personnes LGBT+ ont déjà entendu une expression LGBTphobe au sein de leur organisation. Près d’un tiers d’entre elles a déjà subi au moins une agression. Derrière ces chiffres alarmants et qui ne fléchissent pas : des situations de mal-être individuel qui peuvent affecter l’ensemble des équipes. 

C’est pour faire face à ces situations qu’avec L’Autre Cercle, nous accompagnons depuis 1997 les entreprises dans leur combat pour une société plus inclusive. Au cœur de nos engagements, la formation de toutes et tous. Les questions de diversité sont souvent considérées sous l’angle de l’âge, de la couleur de peau ou du handicap. Il est temps d’y intégrer l’ensemble des thématiques, dont les orientations affectives et les identités de genre. 

Julien Hamy

Il est normal de s’interroger sur la meilleure manière de prévenir les discriminations. D’autant que ce qui est évident pour certains ne l’est pas toujours pour d’autres. Grâce à des outils de compréhension de ces réalités, nous sommes là pour accompagner chacune et chacun. Pour avancer collectivement vers un monde du travail plus inclusif. Pour cela, il est essentiel de sensibiliser largement et d’ouvrir le dialogue, mais pas n’importe comment. L’inclusion n’est pas l’affaire de quelques-uns, c’est l’affaire de tous. 

La clé : se montrer à l’écoute. S’il y a bien un enseignement sur lequel le monde du travail peut s’appuyer, c’est de ne rien présupposer. Pour avancer efficacement sur un projet, il faut (se) poser des questions, se documenter, ne pas foncer bille en tête avant d’avoir compris ce que l’on attend de nous. 

Catherine Tripon

En matière de genre et d’orientation affective, c’est la même chose. On ne peut pas deviner l’orientation ou le genre de quelqu’un et, d’ailleurs, personne ne nous le demande. Il faut respecter la vie privée, ne rien attendre de particulier. Les personnes LGBT+ n’ont pas le devoir de faire leur coming out. Et nous avons le devoir de ne pas le faire à leur place. Nous avons aussi le devoir de ne pas réduire les personnes LGBT+ à leur orientation sexuelle ou à leur genre : ces collaborateurs et collaboratrices ne doivent en aucun cas servir de porte-étendard pour la diversité. C’est précisément en sortant de ces logiques de stigmatisation encore trop prégnantes que la parole pourra se libérer. 

Car aujourd’hui encore, une personne LGBT+ sur deux masque son orientation affective ou son identité de genre au travail, par crainte pour sa carrière ou son bien-être au sein de son équipe. Il reste encore beaucoup à faire pour créer des environnements où chacun puisse s’épanouir et se sentir libre d’être lui-même. Heureusement, nous sommes sur la bonne voie : celle de l’attention à l’autre, de l’apprentissage collectif et de l’écoute.

Liens utiles : 
•    26 janvier 2023 : France Travail signe la Charte d’engagement LGBT+ de l’Autre Cercle ;
•    La Charte d’engagement LGBT+ de l’Autre Cercle.