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« France Travail et l'Université des Métiers du Nucléaire unissent leurs forces pour promouvoir les métiers et les formations de la filière du nucléaire. »
Du 5 au 9 février 2024, France Travail et l’Université des Métiers du Nucléaire (UMN) organisent la 2e édition de la Semaine des métiers du nucléaire. Au programme : des événements sur tout le territoire pour faire la promotion de la filière auprès des demandeurs d’emploi, des salariés en reconversion et des étudiants. Interview croisée d’HÉLÈNE BADIA, PRÉSIDENTE DE L’UMN, ET FRÉDÉRIC TOUBEAU, DIRECTEUR RÉGIONAL DE FRANCE TRAVAIL AUVERGNE-RHÔNE-ALPES ET RÉFÉRENT DE LA FILIÈRE NUCLÉAIRE AU NIVEAU NATIONAL.
Publié le 05/02/2024
Quel a été le bilan de la 1re édition de la Semaine des métiers du nucléaire qui s’est déroulée en 2023 ?
Frédéric Toubeau : Le bilan de la 1re Semaine des métiers du nucléaire a été très positif. Nous avons organisé près de 280 événements, et établi des partenariats avec 20 acteurs nationaux. Au total, 400 entreprises ont participé à l’événement, offrant des opportunités professionnelles à 8 000 demandeurs d'emploi.
Quels seront les temps forts de cette 2e édition de la Semaine des métiers du nucléaire ?
F. T : La 2e édition de la Semaine des Métiers du nucléaire, organisée du 5 au 9 février 2024 en partenariat avec l'Université des Métiers du Nucléaire (UMN), présente un programme varié. Axés sur la découverte de la filière, des métiers, des formations et des postes à pourvoir, les temps forts visent à résoudre les défis de recrutement actuels et futurs. Nous prévoyons six webinaires nationaux, en collaboration avec nos partenaires, destinés aux candidats et aux entreprises.
Du 26 janvier 2024 au 23 février 2024, un salon en ligne baptisé « La filière nucléaire recrute ses talents » proposera des offres d’emploi sans pré-sélection. Des événements autour de la Méthode de Recrutement par Simulation (MRS) seront également organisés pour promouvoir cette méthode qui a fait ses preuves pour recruter autrement. Des actions de recrutement auront lieu sur tout le territoire, tels que le job dating EDF en Normandie, le Forum du nucléaire en Hauts-de-France, et le Stade vers l’emploi en Auvergne-Rhône-Alpes.
« En élargissant le vivier de candidats, la Méthode de recrutement par simulation assure une diversification des profils. »
Frédéric Toubeau
Directeur régional de France Travail Auvergne-Rhône-Alpes
Pourquoi avoir choisi de mettre en avant la Méthode de Recrutement par Simulation (MRS) pour cette 2e édition ?
F. T : La Méthode de recrutement par simulation (MRS) s'impose comme un choix stratégique pour répondre aux besoins des entreprises du secteur. Face à une pénurie de candidats formés et habilités, la MRS offre une approche objective permettant d'évaluer rigueur, respect des consignes, savoir-être et compétences difficiles à cerner lors d'entretiens classiques. Son approche personnalisée évalue avec précision les compétences nécessaires. En élargissant le vivier de candidats, la MRS assure une diversification des profils.
Ce processus accéléré cible directement les compétences requises et offre un gain de temps considérable aux entreprises dans leurs recrutements. Afin de faire découvrir cette méthode aux recruteurs, nous avons conçu un book MRS qui présente la méthode et détaille les 17 métiers et les tests afférents, adossés à des témoignages d’entreprises dans toute la France.
Que représente la filière du nucléaire dans le secteur de l’industrie ?
Hélène Badia : La filière nucléaire représente 220 000 emplois directs ou indirects en France. C’est la 3ème filière industrielle française, avec des centaines de métiers passionnants qui contribuent à la transition énergétique de la France. C’est donc une filière d’avenir et qui recrute !
« La filière nucléaire recrutera environ 10 000 collaboratrices et collaborateurs par an jusqu’en 2033, soit 100 000 recrutements tout niveau, du CAP au Bac +5. »
Hélène Badia
Présidente de l’Université des Métiers du Nucléaire
Quels sont les besoins de recrutement dans ce secteur pour l’année 2024 et les suivantes ?
H. B : La filière nucléaire a besoin d’environ 10 000 nouvelles collaboratrices et collaborateurs par an jusqu’en 2033, soit 100 000 recrutements, du CAP au Bac + 5. Travailler dans le nucléaire, c'est rejoindre une filière qui, offre des perspectives d’emplois dans la durée, et qui contribue à relever les enjeux de la lutte contre le réchauffement climatique et de la souveraineté énergétique. Cette filière offre des emplois dans toute la France et pour des carrières évolutives avec des rémunérations très attractives !
Quels sont les métiers en tension ?
H. B : L’étude menée en 2022/2023 dans le cadre de l’Engagement développement et compétences (EDEC) a permis d’identifier, parmi les 84 métiers « cœur » du nucléaire, les 20 métiers sensibles (cf. encadré) dans les domaines de la maintenance, du pilotage de projet, de l’exploitation, de l’environnement etc…
Quels profils sont recherchés par les entreprises du nucléaire ?
H. B : Les compétences liées aux métiers dits en tension (cf. encadré) sont les profils les plus recherchés. Ce sont des métiers aussi bien ouverts aux hommes qu’aux femmes; à des personnes en formation initiale ou en reconversion et à des demandeurs d’emploi; à tout niveau de diplôme, du CAP au Bac+5 (ou plus).
Quelles actions menez-vous tout au long de l’année pour séduire les candidats ?
F. T : Nous mettons en œuvre une série d'actions tout au long de l'année pour promouvoir le secteur auprès des candidats. Par exemple, nous organisons des ateliers de découverte au sein des Centres Nucléaires de Production d'Électricité, tels que des visites de chantiers écoles de centrales nucléaires en collaboration avec le GIE Atlantique en région Nouvelle-Aquitaine afin de rendre les métiers plus attractifs. Dans le but de répondre aux difficultés de recrutement, nous encourageons l'alternance, comme en région Hauts-de-France, où nous organisons des campagnes avec des job datings et un accompagnement personnalisé des entreprises.
Nous mettons également en place des actions de formation pour développer les compétences des potentiels candidats, comme la création de plateaux techniques et de centres de formation à proximité des centrales en région Auvergne-Rhône-Alpes. Enfin, nous consolidons notre statut d'interlocuteur privilégié des entreprises en étant au plus près des ARP (Associations régionales de prestataires), comme en région Grand Est et Auvergne-Rhône-Alpes où des conventions ont été signées. Ces partenariats nous permettent de recueillir les expressions de besoins des entreprises et de proposer des plans d'actions adaptés, renforçant ainsi notre position stratégique au sein du réseau France Travail.
« Nous reconnaissons l'importance d'attirer davantage de jeunes et de femmes vers le secteur du nucléaire, et nous déployons des initiatives ciblées pour répondre à cet enjeu. »
Frédéric Toubeau
Directeur régional de France Travail Auvergne-Rhône-Alpes
Les jeunes et les femmes sont encore peu présents dans le secteur du nucléaire, que mettez-vous en œuvre pour séduire ces publics ?
F. T : Nous reconnaissons l'importance d'attirer davantage de jeunes et de femmes vers le secteur du nucléaire, et nous déployons des initiatives ciblées pour répondre à cet enjeu. Afin de susciter l'intérêt des jeunes, nos équipes dédiées - notamment celles en charge du Contrat Emploi Jeune (CEJ) et de l'accompagnement individualisé des jeunes (AIJ) -, sont activement engagées. Un exemple concret de cette démarche est le challenge « FORINDUSTRIE », une initiative spécifiquement orientée vers les jeunes.
Ce projet novateur propose une expérience immersive, similaire à un jeu vidéo d'aventure, au cours de laquelle des demandeurs d'emploi - encadrés par leurs conseillers -, explorent virtuellement les opportunités offertes par le secteur nucléaire. Ce challenge offre une approche ludique pour découvrir les différents métiers et secteurs de l'industrie nucléaire. Par ailleurs, notre collaboration avec Women In Nuclear France témoigne de notre engagement en faveur de la diversité. Nous organisons des webinaires et afterworks en partenariat avec cette association, notamment lors de la Semaine des métiers du nucléaire. Ces actions, sont reconduites pour cette 2e édition.
Quelles sont les évolutions de carrière possibles dans le secteur du nucléaire ?
H. B. : La filière nucléaire propose des perspectives de carrières stimulantes, avec la possibilité de vivre des expériences uniques en participant à la réalisation de projets d'ampleur nationale dans toute la France, mais également au renforcement de la compétitivité de la France à l'international. Les compétences des salariés du nucléaire sont reconnues et encouragées. Le secteur propose une large palette de métiers, et les grands groupes proposent des parcours professionnels diversifiés.
« France Travail et l’Université des Métiers du Nucléaire collaborent étroitement pour renforcer les dispositifs de formation existants et promouvoir le levier de l'alternance. »
Frédéric Toubeau
Directeur régional de France Travail Auvergne-Rhône-Alpes
Comment France Travail et l’Université des Métiers du Nucléaire travaillent ensemble pour promouvoir les métiers et les formations auprès des candidats ?
F. T : France Travail et l'Université des Métiers du Nucléaire unissent leurs forces pour promouvoir les métiers et les formations de la filière du nucléaire. Nous renforçons l'attractivité de la filière en collaborant sur des initiatives conjointes de communication et de sensibilisation. L'objectif est d'élargir le sourcing afin d'accroître les viviers de recrutement. De plus, nous collaborons étroitement pour renforcer les dispositifs de formation existants et promouvoir le levier de l'alternance. Cette approche vise à répondre aux besoins du secteur nucléaire en offrant aux candidats des opportunités de formation adaptées et en favorisant l'intégration de l'alternance dans le processus de développement professionnel.
France Travail Auvergne-Rhône-Alpes a mis en place depuis 2020 une équipe Atom’Emploi pour accompagner les demandeurs d’emploi, quelles sont ses missions ?
F. T : Atom’Emploi est la première équipe France Travail dédiée à 100 % au nucléaire. Ses missions englobent la promotion active des métiers du secteur, l'identification des candidats adaptés aux besoins spécifiques de la filière, et le soutien aux entreprises en définissant leurs besoins de recrutement et en les accompagnants dans leur processus de sélection. Cette collaboration implique des partenaires clés tels qu'EDF, l’association Information formation aide au recrutement et emploi (IFARE), et Nuclear Valley, assurant ainsi une approche synergique adaptée à la région et renforçant l'efficacité des actions d'Atom’Emploi.
Comment soutenez-vous les entreprises dans leur démarche de recrutement ?
F. T : En réponse à la demande croissante en main-d'œuvre au sein de la filière, nous intensifions notre accompagnement aux entreprises en établissant des partenariats. Un exemple concret de cette démarche est la convention nationale signée entre Assystem et France Travail, élargissant ainsi notre collaboration à l'échelle nationale. Cette convention vise spécifiquement l'extension du dispositif de Préparation opérationnelle à l'emploi individuel (POEI). En ciblant des profils variés, ce dispositif joue un rôle essentiel dans la création d'emplois durables au sein de la filière. Nous travaillons main dans la main avec nos partenaires, pour mettre en place des solutions concrètes répondant aux besoins spécifiques des entreprises et favorisant l'intégration réussie des nouveaux talents dans le secteur nucléaire.
« Les besoins en recrutement se font ressentir dans toutes les régions de France, mais ils seront particulièrement marqués en Auvergne-Rhône-Alpes et en Normandie. »
Hélène Badia
Présidente de l’Université des Métiers du Nucléaire
Hormis la région Auvergne-Rhône-Alpes, quels autres bassins d’emploi sont concernés par les enjeux en matière d’emploi et de formation dans le nucléaire ?
H. B : Les besoins en recrutement sont une réalité dans toutes les régions de France, mais ils seront particulièrement marqués en Auvergne-Rhône-Alpes et en Normandie, régions historiquement importantes pour l'industrie nucléaire en raison des projets de construction d'EPR et de recyclage. D'autres régions, telles que les Hauts-de-France et le Grand Est avec le projet CIGEO, qui abritent des installations nucléaires ou des projets, constitueront également des zones d'emploi importantes.
Quelles actions mettez-vous en œuvre pour fédérer tous les bassins d’emploi ?
F. T : France Travail Auvergne-Rhône-Alpes, en tant que chef de file nationale, joue un rôle central dans le partage des bonnes pratiques et dans la dynamique de collaboration au sein du réseau France Travail visant à fédérer tous les bassins d'emploi. Avec, par exemple, une implication significative pour la 13e édition du Forum Sud Nucléaire, qui se tiendra le 6 février 2024 à Saint-Paul-Trois-Châteaux (26). Cet événement co-organisé par une équipe interrégionale réunira les acteurs des régions Occitanie, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Auvergne-Rhône-Alpes dans un effort commun de consolidation des bassins d'emploi.
NUCLEAIRE : 1 SECTEUR D’AVENIR ET 20 MÉTIERS EN TENSION
Le secteur du nucléaire compte quelque 20 métiers en tension. À savoir :
- Les métiers liés à la prolongation de durée de fonctionnement des centrales nommé le grand carénage : automaticien, bobinier, chaudronnier, électricien, fondeur, forgeron, soudeur, technicien maintenance, technicien radioprotection, tuyauteur, personnel certifié pour les contrôles non destructifs (END- CND).
- Les métiers d’ingénierie qui préparent les nouveaux réacteurs EPR2 : chef de projet, ingénieur études conception électricité, ingénieur études conception mécanique, ingénieur procédés/ingénieur installation générale
- Les métiers du génie civil qui construiront les nouveaux réacteurs EPR2 : conducteur de travaux, monteur, coffreur-bancheur, dessinateur- projeteur, projeteur génie-civil/projeteur BIM.
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