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« La construction métallique recrute, des petits métalliers aux grandes entreprises »

La filière acier embauche dans les bureaux d’études, dans les ateliers et sur les chantiers. En particulier dans certaines régions industrielles. Profils recherchés, formations, conditions de travail… Le point avec NICOLAS POUVREAU, DÉLÉGUÉ GÉNÉRAL DE LA MAISON DE LA CONSTRUCTION MÉTALLIQUE.

Publié le  11/10/2024

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Quels sont les enjeux actuels de la construction métallique et est-ce un secteur pourvoyeur d’emploi ?

Nicolas Pouvreau : Pour répondre aux défis actuels, la filière acier a décidé de se regrouper. Nous collaborons avec plusieurs organisations représentant différentes typologies d'entreprises. Je travaille au Centre technique industriel de la construction métallique. Il y a aussi des syndicats représentant les grandes entreprises, l'Union des métalliers, rattachée à la FFB (Fédération française du bâtiment), représentant les petites entreprises, l'Enveloppe métallique du bâtiment pour les couvertures et bardages et un groupement d'entreprises indépendantes, l'ESA. Avant, chacun travaillait de son côté. Par exemple en matière de formation, sans coordination, contrairement au secteur du bois ou du béton qui savent se regrouper. Nous avons donc créé la Maison de la construction métallique pour parler d’une seule voix. En tant que délégué général, mon rôle est de fédérer tous ces acteurs.

Notre mission est de répondre aux attentes et aux besoins de nos entreprises et de les aider à naviguer dans les transformations scientifiques, technologiques et environnementales. Nous avons mis en place cinq comités pour traiter cinq enjeux principaux : environnement et développement durable, normalisation et réglementation, formation, valorisation de la filière et communication, compétitivité et nouveaux marchés. Ce besoin de structuration s’est accentué après la pandémie de la Covid-19, avec un désir de se réunir après ce choc psychologique.
 

Quelles sont les perspectives de développement de la construction métallique en France ?

N.P. : L’arrivée de nouvelles réglementations environnementales (RE2020, empreinte carbone, réemploi, économie circulaire...) nous oblige à fonctionner différemment. Les membres de la Maison de la construction métallique souhaitent transformer ces contraintes en opportunités. Dans les grandes villes, où l’espace est limité, il faut construire différemment. Nous explorons des solutions pour répondre à ces besoins en exploitant les avantages de notre matériau principal : l’acier. 
 

Comment ce mode constructif redonne-t-il de l’attractivité au secteur du bâtiment et de la construction en France ?

N.P. : Prenons l’exemple de la surélévation. Quand il n’y a plus de place au sol, il reste de l’espace en hauteur. Regardez les tours à Londres ou les maisons en pierre rehaussées. Extension, réhabilitation, rénovation, réversibilité des bâtiments en gardant la même structure : l’acier permet de fabriquer en atelier, comme un mécano, et d’assembler ensuite les modules métalliques sur site. L’acier se recycle à 100%, mais nécessite de le fondre et le transporter. Aujourd’hui, la meilleure solution consiste à favoriser le réemploi et la réutilisation.

Par exemple, un bâtiment peut être démonté puis remonté ailleurs, ce qui rend ce matériau neutre en carbone. La filière acier développe activement cette approche pour laquelle nous sommes déjà en avance. Nous demandons aux concepteurs d’élaborer les bâtiments en intégrant cette faisabilité. Les charpentiers métalliques mettent en place des filières de réemploi avec des monteurs, des démonteurs et des solutions de stockage.
 

Quels sont les différents métiers nécessaires à la construction métallique ?

N.P. : Nous avons besoin de personnes dans les services commerciaux et de chiffrage, dans les bureaux d’études, en production, dans nos ateliers et sur les chantiers. L’image de l’acier comme un secteur sale, dangereux et chaud est dépassée. Aujourd’hui, tout est géré par des outils numériques. Nous avons besoin de compétences variées, des CAP et BEP avec un savoir-faire métier, des Bac et BTS sur le numérique et des ingénieurs spécialisés en environnement.

Dans nos bureaux d’études, nous recherchons des dessinateurs et projeteurs capables de faire de l’écoconstruction et de calculer l’empreinte carbone. Nous avons aussi besoin d’opérateurs à commande numérique, de soudeurs dans les ateliers et de monteurs. Nous recherchons énormément de gens dans ces métiers.
 

Nous voulons montrer que ces métiers sont ouverts à tous. Nous travaillons sur des conditions de travail plus sûres, dans des ateliers plus propres et plus modernes.


Quels types de profils recherchez-vous pour ces métiers et quelles formations avez-vous mises en place ?

N.P. : Nous avons cinq membres fondateurs, des membres actifs et des membres correspondants. Parmi les membres actifs, il y a des organisations comme l’APK, qui travaille avec l’Éducation nationale pour adapter les formations existantes à nos besoins. Le Centre technique industriel de la construction métallique (CTICM) assure la formation continue. ConstruirAcier se charge de la promotion de la filière auprès des professionnels. Nous collaborons avec diverses organisations et centres de formation pour établir une cartographie des formations disponibles.

Nous travaillons avec les Compagnons du devoir, l’UIMM et l’Union des métalliers pour développer ces formations. Nous envisageons de créer des formations complémentaires manquantes, comme celles de superviseur soudage EXC1, coordinateur EXC2, assembleur, ou encore démonteur. 

Nous répondons aux besoins spécifiques des entreprises en créant des formations adaptées. Par exemple, les niveaux d’exigence technique de la norme EN1090 sont spécifiques à notre métier. La classe d’exécution EXC4 concerne les ponts, l’EXC3 les établissements recevant du public (ERP), l’EXC2 les bâtiments industriels ou de stockage et l’EXC1 les abris de jardin ou les auvents. Avant, les mêmes exigences s’appliquaient à EXC1 et EXC4, ce qui était inadapté pour les petites entreprises métalliques1. Nous développons des formations spécifiques à la demande, notamment pour des coordinateurs de soudure. Ces formations durent six mois pour une personne déjà dans le métier et un an pour une nouvelle recrue.
 

Quelles sont les conditions de travail dans le secteur de la construction métallique ? Ces métiers sont-ils accessibles aux femmes, aux jeunes et aux seniors ?

N.P. : Nous voulons montrer que ces métiers sont ouverts à tous. C’est pourquoi nous travaillons sur des conditions de travail plus sûres, dans des ateliers plus propres et plus modernes. Et nous promouvons les métiers du numérique et de la manutention assistée par des engins de levage. Les ateliers sont aujourd’hui équipés de machines-outils numériques, de convoyeurs pour transporter les pièces, ce qui rend les métiers plus accessibles.

Pour améliorer les conditions de travail, nous testons des exosquelettes pour prévenir les troubles musculosquelettiques et les maux de dos. Nous investissons dans la ventilation des ateliers et l’utilisation de torches aspirantes pour réduire les fumées de soudure. Nous investissons aussi dans l’intelligence artificielle ou la réalité virtuelle ou augmentée pour simuler les travaux avant de passer à la réalité. Nous collaborons étroitement avec la Carsat pour améliorer les conditions de travail et avec l’Ademe pour l’environnement. Les financements régionaux nous aident également beaucoup.
 

Quels sont vos besoins en matière de recrutement et quelles sont les régions où la demande est la plus forte ?

N.P. : La filière représente plus de 60 000 emplois directs. Toutes les entreprises du secteur recrutent, des petits métalliers aux grandes entreprises. Nous avons un besoin constant de recrutement dans tous les domaines, du chiffrage à la production, en passant par les bureaux d’études et les ateliers. La demande est particulièrement forte dans certaines régions industrielles, où la construction métallique est un secteur clé.
 

Comment collaborez-vous avec France Travail pour valoriser et pourvoir ces différents métiers ?

N.P. : Nous communiquons beaucoup et nous participons à des colloques, à la semaine de l’emploi et à des portes ouvertes. Nous sommes disponibles pour répondre aux besoins des entreprises et aider à la formation et à l’intégration des nouvelles recrues.

1Classes d’exécution :
EXC1 correspond à des fabrications simples telles que des bâtiments de stockage ou des abris.
EXC2 regroupe les constructions plus complexes, comme les bâtiments et les passerelles.
EXC3 : lorsque les constructions intègrent une classe de conséquence de niveau 3 ou lorsque des sollicitations dynamiques interviennent sur une classe de conséquences de niveau 2, le projet se retrouve alors en EXC3.
EXC4 : en cas de situation extrême (classe de conséquence 3, sollicitations dynamiques, catégorie de production 2), le projet est alors en EXC4. Cela peut également être la classe d’exécution pour des constructions en EXC3 de base qui auraient des conséquences de ruine extrêmes selon la législation nationale.
 

 

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