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« Les énergies renouvelables sont un secteur attractif pour les jeunes »
Dans le secteur concurrentiel des énergies renouvelables, comment recruter puis fidéliser les jeunes diplômés comme les profils expérimentés ? Formations sur mesure, partenariat avec France Travail, politique d’inclusion… Les réponses de VIRGINIE DOCAGNE, RESPONSABLE ATTRACTIVITÉ ET RESPONSABILITÉ EMPLOYEUR CHEZ EDF RENOUVELABLES.
Publié le 09/09/2024
Pouvez-vous présenter EDF Renouvelables ?
Virginie Docagne : C’est une filiale à 100% du groupe EDF. Nous comptons 5 000 collaborateurs, dont 1 500 en France, avec une importante activité à l’international. Nous sommes présents dans plus de 20 pays, majoritairement en Europe et en Amérique du Nord. Nous développons aussi des projets en Afrique du Sud, au Brésil, en Inde, en Chine, au Moyen-Orient… Aujourd’hui, en matière de capacité installée, nous détenons dans le monde 12,8 gigawatts (GW) nets de capacités de production d’électricité sans CO2.
Dans l’éolien, nous développons des parcs aussi bien terrestres que maritimes. Actuellement, nous avons des projets en mer posés, c’est-à-dire traditionnels, où les éoliennes reposent sur des fondations au fond de la mer. Et nous développons une technologie innovante d’éolien flottant, où les structures n’ont pas de fondations. C’est encore émergeant, mais prometteur : cela permet des installations en mer sur des zones avec de grandes profondeurs.
Le potentiel des énergies renouvelables étant considérable, l’activité a pris de l’ampleur pour devenir la filiale internationale qu’elle est aujourd’hui.
Comment EDF Renouvelables s’est-elle développée au cours des dernières années ?
V. D. : La branche énergie renouvelable d’EDF était une petite structure, qui s’est développée sur le modèle d’une start-up. Le potentiel des énergies renouvelables étant considérable, l’activité a pris de l’ampleur au fil des ans, pour devenir la filiale internationale qu’elle est aujourd’hui. Sur les cinq dernières années, nous avons un taux de croissance annuel moyen de 8,7% de nos capacités installées. Avec de fortes perspectives qui se dessinent pour l’avenir, notamment pour l’éolien en mer.
Le gouvernement a fixé un objectif pour 2050 de 50 parcs en service, représentant 45 GW. Deux des trois premiers parcs éoliens en mer en France sont exploités par EDF Renouvelables, et nous avons d’autres projets en construction ou en développement. L’objectif du gouvernement va se traduire par une nouvelle série d’appels d’offres et devrait donc générer un fort développement de notre activité.
Quels sont les grands enjeux de la filière et ses perspectives de développement ?
V. D. : Nous sommes au cœur de la transition énergétique. Le gouvernement fixe un cadre à travers la loi de Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), au sein duquel doivent s’inscrire tous les énergéticiens. Parmi les objectifs fixés par la PPE, les énergies renouvelables devront représenter 40% de la production d’électricité à horizon 2030. Actuellement, cette part est de 15% pour les énergies solaires et éoliennes et de 12% pour l’hydraulique. Au sein du groupe EDF, l’objectif est d’atteindre, d’ici 2030, 60 GW nets de capacité renouvelable installée, en incluant l’hydraulique.
Chez EDF Renouvelables, au-delà des projets éoliens en mer et terrestre, nos objectifs portent sur la mise en œuvre d’un Plan Solaire qui vise à faire de notre entreprise l’un des leaders en France, en captant 30% du marché d’ici à 2035. Par ailleurs, nous développons des projets pour le stockage de l’électricité associés à des moyens de production renouvelables. C’est une contribution au Plan Stockage du groupe EDF, qui vise 10 GW de nouvelles capacités d’ici à 2035.
Les métiers d’exploitation et de maintenance sont ceux qui connaissent les plus fortes tensions de recrutement.
Votre secteur connaît-il des tensions de recrutement ?
V. D. : Nous sommes dans un secteur industriel, et l’industrie dans son ensemble connaît des tensions en France. Néanmoins, nous souffrons moins que d’autres filières. Les énergies renouvelables sont un secteur porteur, attractif pour les jeunes, car nous répondons à leurs aspirations en ce qui concerne la transition écologique ou la préservation de la planète. Nous recrutons en moyenne entre 200 et 300 personnes en CDI par an en France, des jeunes diplômés comme des profils expérimentés, principalement sur nos cœurs de métiers : développement de projet et ingénierie, avec des profils Bac+5 ou ingénieurs, ainsi que les métiers d’exploitation et de maintenance, avec des profils plus techniques à partir de Bac+2/3. C’est sur ces métiers, notamment celui de technicien de maintenance, que nous connaissons les plus fortes tensions.
Nous accueillons également environ 200 alternants ou stagiaires par an, dont la plupart sont des candidats potentiels pour nos futurs recrutements en CDI. Nous sommes toutefois dans un secteur très concurrentiel, avec un enjeu important quant à la fidélisation de nos collaborateurs.
Quelles méthodes employez-vous pour attirer et fidéliser les talents ?
V. D. : Pour la filière de l’éolien en mer, qui est récente et en train de se structurer, nous créons à chaque nouveau projet d’installation des partenariats avec les établissements d’enseignement locaux pour développer les formations et les diplômes qui répondent à nos besoins. L’objectif : former des jeunes à nos métiers et les recruter localement, au plus près de nos installations.
Pour fidéliser, nous misons sur des valeurs fortes : respect, solidarité, responsabilité, coopération, agilité et passion. Elles sont vécues au quotidien par l’ensemble des collaborateurs. Et chaque nouvelle recrue suit un parcours d’intégration pendant quasiment un an pour découvrir ces valeurs, notre organisation et nos métiers. Nous leur offrons, par exemple, l’opportunité de participer à des opérations solidaires avec des associations dans le domaine de l’environnement ou de l’insertion.
De plus, le fait d’appartenir à un grand groupe comme EDF, présent partout dans le monde, avec de nombreux métiers, permet d’offrir une variété de parcours professionnels, de nombreuses perspectives d’évolution et de carrière au sein d’EDF Renouvelables et du groupe EDF.
L’éolien en mer apporte un nouveau type d’emplois en région.
Quelle est l’implantation d’EDF Renouvelables dans les territoires ?
V. D. : Une part importante des effectifs est basée à Nanterre, où se trouve notre siège. Nous avons également deux autres sites importants, à Montpellier et à Colombiers, dans l’Hérault. Nous comptons aussi sept agences de développement d’EDF Renouvelables, en plus de Nanterre, à Nantes, Strasbourg, Bordeaux, Lyon, Toulouse, Montpellier et Aix-en-Provence, couvrant ainsi presque toute la France. Enfin, entre le solaire et l’éolien, nous avons des parcs de production dans toutes les régions de France et, au plus près des sites, des antennes d’exploitation et de maintenance.
Nos projets sont de vrais projets d’aménagement du territoire, ils reposent sur un ancrage territorial fort. Pour chacun d’eux, nous travaillons en concertation avec les acteurs locaux : élus, collectivités, habitants, associations… Nos installations s’inscrivent dans la transition énergétique, la préservation de l’environnement et elles contribuent au développement de l’activité économique sur le territoire.
Comment s’établit la collaboration avec France Travail ?
V. D. : Nos offres d’emploi sont systématiquement partagées sur le site de France Travail. Ensuite, pour nos recrutements en région, France Travail est un partenaire incontournable. Nous travaillons avec l’agence locale, qui nous présente des candidats qui correspondent à nos besoins. Ce partenariat nous est essentiel, notamment pour les métiers de l’éolien en mer : cette filière nouvelle, en train de se structurer, apporte un nouveau type d’emplois en région.
Quelle est la politique du groupe EDF en faveur de l’insertion et de l’intégration des populations éloignées de l’emploi ? Et dans le domaine de la diversité, de l’inclusion, de la lutte contre les discriminations ?
V. D. : Au niveau du groupe EDF comme à celui d’EDF Renouvelables, notre engagement est quotidien et se traduit dans nos valeurs. Notre ambition en matière de responsabilité sociale est de garantir la non-discrimination, l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, d’accueillir les salariés en situation de handicap et d’aider à l’insertion des jeunes, notamment ceux issus de milieux défavorisés. Nous travaillons ainsi avec des associations comme Elles bougent ou Rêv’Elles. Enfin, la Mission Handicap chez EDF Renouvelables porte cette volonté d’inclure les salariés en situation de handicap, de les recruter et d’adapter les postes en conséquence. Un travail en lien étroit avec la Mission Handicap du groupe EDF.