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Les ressources humaines font (aussi) leur transition numérique

Intelligence artificielle, IA générative, algorithmes… la technologie crée des opportunités pour les RH, dont elle optimise les fonctions. Et l’humain dans tout ça ? Soft skills et éthique numérique sont au programme. Décryptage avec Hongxia Peng, maître de conférences en sciences de gestion à l’université de rouen normandie.

Publié le  06/09/2024

En 2023, selon le cabinet Gartner, 46% des directions des ressources humaines (DRH) prévoyaient d’augmenter leurs investissements dans les nouvelles technologies. Ce chiffre fait écho aux mutations du monde du travail, qui transforment nos modes de production et nos métiers. Dont ceux des ressources humaines (RH), qui connaissent ces dernières années des changements déterminants.

Anatomie d’une digitalisation

« Bien qu’elles soient considérées comme des fonctions support, les RH exercent en réalité de nombreuses activités opérationnelles », constate Hongxia Peng, maître de conférences en sciences de gestion et management à l’université de Rouen Normandie. Précisant que, pour analyser leur évolution à l’aune des nouvelles technologies, il convient de distinguer ces activités opérationnelles de la dimension stratégique des ressources humaines. Pour l’experte, la transition numérique s’est d’abord centrée sur des tâches comme la gestion administrative du personnel ou la gestion de paie. Dans un second temps, elle s’est étendue au recrutement, à la formation, à la gestion des compétences et des carrières.

Il y a une vingtaine d’années, l’arrivée des progiciels de gestion intégrée (ERP - Enterprise resource planning) a constitué l’un des points de bascule. « Ces outils ont permis d’accélérer la transition numérique des RH et d’élargir la portée de celle-ci », indique Hongxia Peng. Plus récemment, l’explosion des données numériques, la montée en puissance des usages digitaux et l’apparition de technologies de rupture à l’instar de l’intelligence artificielle (IA) et de l’IA générative ont créé de nouvelles opportunités. Mais cette fois-ci à un autre niveau : « La dimension transformatrice des fonctions RH se focalise désormais sur les activités organisationnelles et stratégiques. »

Des humains toujours aux commandes

Introduction de la réalité virtuelle dans la conception de formations, utilisation d’algorithmes pour analyser les CV, rédaction d’offres d’emploi via des processus automatisés, aide à la prise de décision, anticipation de besoins par le biais d’algorithmes de prédiction… La transition numérique présente de multiples avantages.

« Outre les tâches récurrentes qui peuvent être réalisées dorénavant par les machines, les nouvelles technologies donnent aux RH les moyens d’uniformiser et d’optimiser leurs processus », observe Hongxia Peng. Elles s’autorisent alors à explorer d’autres thématiques que sont, par exemple, le management du télétravail ou le développement des collaborations en mode hybride.

Un tournant dans leur manière d’exercer, à une nuance près : « Si les métiers des RH sont en pleine transition technologique, il me semble pertinent de suggérer que les fondamentaux des fonctions RH résident dans les interactions humaines, quels que soient les cas d’usage et les outils », insiste Hongxia Peng. Les interactions humain-machine facilitent une partie du travail opérationnel et organisationnel des ressources humaines, mais ne constituent qu’un moyen et non une finalité.

Muscler ses savoir-être professionnels

Qui dit mutation des métiers dit aussi mutation des compétences. Selon une étude LinkedIn, l’émergence des IA et IA génératives pousse les recruteurs à muscler leurs savoir-être professionnels, les soft skills. Notamment la communication, la création de liens, l’adaptabilité, la résolution de problèmes et la pensée critique. Ces technologies requièrent par ailleurs des compétences analytiques et prédictives. Et elles incitent les RH à se former à l’éthique numérique, afin de fournir un cadre adapté et responsable aux entreprises.

Hongxia Peng estime que « les fonctions RH passent d’une logique d’adaptation à une logique d’exploration, et d’une logique d’utilisation à une logique d’inspiration ». Elles se positionnent davantage en amont du processus de transition numérique, avec la possibilité d’enrichir les ressources à partir desquelles elles travaillent et d’en créer de nouvelles.

Enfin, les RH sont amenées à développer des compétences propres aux nouveaux modes et environnements de travail, pour accompagner les managers dans l’animation de leurs équipes à distance, concevoir des espaces de bureaux collaboratifs, ou encore guider les salariés dans la prise en main d’outils numériques.