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« Notre rôle : repérer les demandeurs d’emploi porteurs de projet et les accompagner »

Nouveau cap pour France Travail, premier soutien des créateurs d’entreprise en France : accompagner près de 100 000 entrepreneurs de plus par an d’ici à 2027. Conseillers spécialisés, système d’information partagé, coopérations tous azimuts… Le point avec JÉRÉMIE LORENTER, RESPONSABLE DU PROJET NATIONAL ENTREPRENEURIAT DE FRANCE TRAVAIL.

Publié le  25/09/2024

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Pouvez-vous nous présenter le projet national Entrepreneuriat ? 

J.L : Il s’inscrit dans le programme de transformation de Pôle emploi vers France Travail, appelé « Accélérer les recrutements et élargir les opportunités d’emploi ». Nous avons un objectif phare : soutenir les demandeurs d’emploi souhaitant devenir entrepreneurs. Ce projet reflète un changement d’approche et de philosophie visant à valoriser la fluidité des parcours professionnels et reconnaissant la diversité des expériences. Une carrière n’est pas un mouvement uniforme, elle s’illustre par différentes étapes et des allers-retours. Il est donc important d’accompagner les situations de rebond après l’entrepreneuriat et de valoriser les compétences acquises à cette occasion lors d’un retour à l’emploi salarié. 

Comment recréer une dynamique forte chez France Travail autour de cet objectif ? Cela requiert un repérage plus fin et plus efficace des volontés d’entreprendre, une meilleure orientation des profils entrepreneurs, un accompagnement optimisé et un suivi à plus long terme. Notre enjeu : maximiser les compétences et créer une adéquation optimale entre les entreprises nouvellement créées par les demandeurs d’emploi à la recherche de talents et le marché du travail existant.  

D’ici à 2027, nous souhaitons assurer le repérage et l’accompagnement de près de 100 000 personnes de plus par an dans leurs démarches entrepreneuriales. Et ce, en suivant au plus près la pérennité des entreprises créées à trois ans, un indicateur clé de viabilité. Nous travaillerons en étroite coopération avec les régions, les départements, Bpifrance et l'écosystème associatif d'accompagnement des entrepreneurs. 

 

Comment expliquer la mobilisation de France Travail pour soutenir l'entrepreneuriat ? 

J.L : Elle répond à un constat relayé par une enquête OpinionWay, en mars 2023 : 24% des Français souhaitent créer leur entreprise. Un chiffre qui s’élève à 49% chez les 18-30 ans. Certes, ce désir d’indépendance ne se concrétise pas toujours, mais il représente un potentiel important de création d’emplois nets. D’ailleurs, France Travail, qui accompagne 51% des futurs créateurs d’entreprise, recense 13% de ses inscrits en porteurs de projet. Il est crucial de leur proposer un accompagnement solide, car ces entrepreneurs peuvent aussi devenir des pourvoyeurs d’emplois pour nos candidats.  

J’aimerais ajouter que seuls 20% des entrepreneurs ou des porteurs de projet bénéficient d’un accompagnement, alors que celui-ci augmente de 20 points le taux de pérennité des entreprises à trois ans. Ce faible nombre de personnes suivies s’explique par le fait qu’elles ne s’orientent pas forcément vers les apporteurs de solutions. Or, elles sont inscrites chez France Travail. Et à partir de janvier 2025, ce sera aussi le cas des allocataires du RSA. Notre rôle : repérer les demandeurs d’emploi porteurs de projet et les accompagner.  

Ces entrepreneurs peuvent devenir des pourvoyeurs d’emplois pour nos candidats.


Avec quels outils et quels moyens renforcez-vous l’aide aux entrepreneurs ?  

J.L : Pôle emploi se limitait principalement au soutien des demandeurs d’emploi en phase d’émergence de leur idée entrepreneuriale. France Travail franchit de nouveaux caps en testant des dispositifs créateurs de valeur tout au long du parcours entrepreneurial et en prenant en compte toutes les situations (entrepreneurs en difficulté, à temps partiel, en situation de rebond…). 

Un système d’information (SI) partagé servira de fil rouge entre les partenaires du réseau pour l’emploi. Il favorisera l’uniformisation des diagnostics et le partage d’informations informatisées sur les parcours, les accompagnements et les formations. Autant d’indications essentielles pour les entrepreneurs, facilitant aussi l’échange de données avec l’Urssaf.  

Par ailleurs, nous continuons à percevoir l’effet levier des aides financières accessibles aux porteurs de projet bénéficiaires de l’ARE (aide au retour à l’emploi), notamment via l’ARCE (1) (aide à la reprise ou la création d’entreprise), un versement sous forme de capital d’entreprise des droits au chômage, cumulable avec l’ACRE (2) (aide à la création ou à la reprise d’une entreprise), une exonération de charges. Précisons que 90% des entrepreneurs passés par France Travail bénéficient d’indemnisations (ARE ou ARCE).  

 

Comment se concrétise l’accompagnement des porteurs de projet ?  

J.L : Lors de leur inscription chez France Travail, les demandeurs d’emploi sont interrogés sur leurs éventuels projets entrepreneuriaux. Nous souhaitons approfondir ce questionnaire, de façon à poser un diagnostic socio-professionnel prenant en compte l’aspect entrepreneurial. C’est d’autant plus important que ce diagnostic sera partagé sur le SI plateforme avec les différents acteurs.  

En outre, nous allons expérimenter des solutions pour aider les entrepreneurs de l'économie informelle, qui représentent 9 à 10% de l'économie française, à formaliser leurs activités. Certains d’entre eux mènent ce type d’activité sans immatriculation ni déclaration de revenu en période de transition ou en complément d’une activité salariée. Chez France Travail, nous avons vocation à être facilitateurs pour la régularisation de ces situations.  

Plus globalement, après l’étape de repérage de potentiels entrepreneurs, nous nous concentrerons sur la partie orientation. Nous mettons à leur disposition une prestation appelée Activ’Créa, destinée notamment à confronter une personne porteuse d’une idée de projet à la réalité de l’entrepreneuriat et à vérifier son aptitude à la concrétiser. Le suivi sera associé à des outils informatiques et à une réorganisation en agence, avec une spécialisation plus importante des conseillers qui accueillent ces publics.  

 

Nous lancerons un défi national sur l'entrepreneuriat, invitant les collaborateurs de France Travail à partager leurs bonnes pratiques.


Quelles sont les prochaines échéances du projet Entrepreneuriat ?

J.L : Lancé début 2024, il en est à sa phase initiale. Dès janvier 2025, nous débuterons des expérimentations pour améliorer l’identification et l'accompagnement des entrepreneurs, avec une généralisation prévue pour 2026. 
Le tout, en tenant compte de la diversité des situations entrepreneuriales, notamment pour les femmes et les habitants des quartiers prioritaires de la ville (QPV).

Nous sommes pleinement conscients du caractère émancipateur et du rôle moteur pour l’économie qu’est la création ou la reprise d’entreprise pour ces publics. Nous veillerons par ailleurs à mieux repérer les entrepreneurs susceptibles de devenir à leur tour recruteurs et à faciliter leur transition, avec le soutien des conseillers entreprises de France Travail.  
 

Comment abordez-vous la semaine ReStart, du 23 au 27 septembre 2024 ?

J.L : En réaffirmant notre engagement à prendre en compte de nouvelles situations telles que le rebond, ainsi que le diagnostic des entrepreneurs en activité. Nous mettrons l’accent sur la reconnaissance des compétences acquises même en cas de projet non abouti, encourageant ainsi les réorientations sans stigmatisation de l'échec. Nous fournirons également une meilleure réponse aux besoins de ces publics, y compris ceux confrontés à des défis psychologiques. Pour valoriser les compétences entrepreneuriales et faciliter l’intégration professionnelle future, nous étudierons les possibilités de proposer des initiatives telles que des badges ou des validations d'acquis. 

Pour faire rayonner l’entrepreneuriat dans toutes ses dimensions, la semaine ReStart est l’occasion, chaque année, de mettre à l’honneur nos écosystèmes de partenaires et la créativité de nos conseillers. En parallèle, nous lancerons un défi national sur l'entrepreneuriat, invitant les collaborateurs de France Travail à partager leurs bonnes pratiques, avec une finale à Paris sous l'égide de Thibaut Guilluy, le directeur général de France Travail, dont le passé professionnel en tant que Haut-commissaire à l’emploi et à l’engagement des entreprises souligne son engagement sur cette thématique.
 

(1) ARCE : aide financière versée par France Travail recouvrant une partie des allocations chômage sous forme d’un capital. 
(2) ACRE : exonération temporaire de cotisations sociales en début d’activité, accordée par l’Ursaff sous conditions.
 

Qui sont les porteurs de projet ?

 

Parmi les personnes inscrites chez France Travail affichant une volonté d’entreprendre, certaines recherchent principalement l’autonomie sans projet défini, tandis que d’autres élaborent des projets structurés issus de leur expérience professionnelle antérieure. 

Une partie des demandeurs d’emploi considère l’entrepreneuriat comme une évolution de leur statut salarié plutôt que comme un nouveau projet entrepreneurial à part entière. Contrairement à une idée reçue, les créations d’entreprises ne se limitent pas aux start-ups technologiques. France Travail soutient également des micro-entrepreneurs, artisans, commerçants, agriculteurs, artistes-auteurs… qui représentent une part significative de ses bénéficiaires. Avec un accompagnement spécifique pour des secteurs dans lesquels les revenus peuvent être cycliques ou soumis à des difficultés particulières (agriculture, culture…).  
 

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