Recrutements inclusifs : dans les coulisses du Forum emploi et handicap

Sonia, chef du secteur services du magasin Cultura dans le Loiret n’en revient pas. La voici parée avec vingt candidatures. De quoi assurer le renfort en personnel des fêtes de fin d’année. Mais aussi, pourquoi pas, le poste de conseiller de vente en CDI. Et, c’est certain, des stages rémunérés tout au long de l’année. « J’ai du choix, c’est top », sourit-elle.

Sonia participait pour la première fois au Forum emploi et handicap organisé par les quatre agences France Travail et Cap Emploi du bassin d’Orléans. Un événement unique par son concept même : une rencontre au temps compté, de 9 heures à midi, entre des demandeurs d’emploi en situation de handicap préparés de longue date et des recruteurs engagés à les embaucher si accord commun. 
« Toutes les entreprises engagées ont des postes à pourvoir », précise Françoise Boursault, chargée de mission partenariat à la Direction territoriale du Loiret France Travail. « Le retour à l’emploi est l’objectif premier. À l’issue du Forum, il y aura un important suivi de nos équipes qui reviendront vers elles pour concrétiser cette mise en relation par des embauches. »
 

De Parfums Christian Dior à Véolia

« Le Forum emploi et handicap est la concrétisation de notre travail au quotidien depuis des années », dit Audrey Bellanger, la coordonnatrice Cap Emploi du Loiret. Cette année, le Forum s’est tenu dans une salle mise gratuitement à disposition par la municipalité de Saran, dans la banlieue nord d’Orléans. Ce coup de main est le résultat d’une collaboration ancienne et étroite avec Stéphane Goudou, le directeur de l’Open Paratennis du Loiret. L’organisateur d’un des tournois de tennis fauteuil les plus côtés de France a mobilisé son réseau et ses contacts, tout comme l’ont fait l’Agefiph et la Mission locale de l’Orléanais, pour épauler les organisateurs du Forum. 

Et c’est ainsi que le 8 novembre, 38 entreprises étaient présentes à Saran. Des sociétés phare (Les Parfums Christian Dior, Cultura), de grands groupes (Thales, Vinci, Véolia), se sont mêlés à des entreprises engagées dans l’inclusion, comme le conditionneur TPC ou le recycleur Burban Palettes. Sans oublier les grands acteurs locaux que sont la Métropole et l’université d’Orléans et le Conseil régional du Centre-Val de Loire. 

Côté recrutement, les postes proposés reflètent de la diversité des secteurs représentés. Cela va d’ingénieur cloud à trieur/réparateur de palettes, en passant par mécanicien, plombier, agent agricole polyvalent, conseiller clientèle, juriste, chef de cuisine et bien d’autres encore.  

La plupart des recruteurs sont arrivés avec un kakémono qu’ils ont déroulé derrière leur table pour se présenter. L’ensemble dessine quatre allées bordées de bannières colorées et à neuf heures pétantes, un brouhaha envahit l’espace, annonçant l’arrivée d’une première vague de visiteurs.
 

Ateliers de préparation 

Les personnes qui se présentent à l’accueil sont connues et attendues. Cela fait plusieurs semaines que les équipes Handi Teams des quatre agences de France Travail (Nord, Sud, Est et Ouest) les préparent à l’évènement. Visuels, entretiens individuels, e-mails, SMS… les candidats ont été briefés sur les opportunités du Forum. Une partie d’entre eux a même suivi des ateliers pour s’y préparer. Ils ont ainsi pu échanger avec des conseillers France Travail et Cap emploi sur des questions essentielles comme savoir parler de son handicap dans un entretien d’embauche.

« Ils sont préparés et rassurés car ils savent que c’est un événement dédié », explique Audrey Bellanger, la coordinatrice Cap emploi du Loiret. « On est là dans le domaine de l’équité :  faire plus pour que tout le monde ait le même service, les mêmes chances sur le marché du travail. » 

Le plus, c’est aussi un étalement progressif des arrivées grâce à des horaires attribués afin d’éviter de longues attentes devant un stand et des bousculades dans les allées. C’est aussi une présence attentive des conseillers Handi Teams qui sont présents et se tiennent prêts à accompagner un candidat à la table d’un recruteur s’il ressent le besoin d’un soutien. 
 

Performance et bienveillance

Jérôme, 36 ans, qui a obtenu la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) en raison « d’un souci de santé », se déclare satisfait. En recherche d’un poste d’ingénieur dans le secteur de la QSE (qualité, sécurité, environnement), il a pu « échanger avec des entreprises et exposer en toute honnêteté à la fois [sa] situation de handicap et [ses] compétences ». Il a déposé un CV chez Onet et décroché un deuxième entretien chez Thales. « Les entreprises peuvent combiner performance et bienveillance envers leurs salariés, qu’ils soient en situation de handicap ou non », se félicite-t-il.

Le directeur général de Nippon Shikizai France a, lui, été impressionné par la motivation des six candidats assis à sa table pour un poste de responsable de ligne et d’agent de conditionnement dans l’usine de cosmétiques de Saint-Cyr-en-Val, dans le Loiret.  « Souvent ces personnes doivent abandonner leur métier pour en exercer un nouveau. Je me mets à leur place, c’est très compliqué », explique Jérôme Durand. 

« Nous évoluons dans l’industrie avec des postes manuels, debout ou assis, et nous devons les adapter aux personnes en situation de handicap au cas par cas. C’est pour cette raison que nous proposons une semaine d’essai en étroite collaboration avec France Travail. Cela permet au candidat de découvrir la mission. S’il est intéressé, nous assurons une formation de plusieurs semaines jusqu’à son intégration. » Et Jérôme Durand d’ajouter : « Ce matin, deux personnes correspondaient au profil de chacun des postes à pourvoir. » 

À la fin du Forum, les 280 demandeurs d’emploi présents ont été invités à répondre à un questionnaire (nombre d’entreprises rencontrées, d’entretiens effectués, de candidatures posées, motifs de satisfaction ou d’insatisfaction) qui se conclut par un appel à remarques et suggestions.  

 « On mesure la réussite au nombre de participants et de postes proposés », dit Françoise Boursault. « Mais plus encore d’après les retours que nous font les demandeurs d’emploi et les entreprises. Toutes les propositions d’amélioration de l’événement seront étudiées par nos équipes. »