Jean-Marc Pontvianne, l'art du rebond

Il aura 30 ans le 6 août prochain. Le lendemain, Jean-Marc Pontvianne disputera les qualifications du triple saut aux Jeux Olympiques de Paris. Objectif, aller « chercher » la finale.

Son trentième anniversaire en toute simplicité ne sera pas son premier « sacrifice ». À Nîmes, où il a toujours vécu, il n'a assisté qu'une seule fois à la féria, qui est « la » grosse fête locale.

« Je ne sors pas, je me couche tôt. C'est un choix, indispensable pour en arriver là où je suis. Pas de regrets.»
30 ans, c'est justement l'âge de la maturité, plutôt tardive dans une discipline très technique où il faut plus de temps qu'ailleurs pour performer à haut niveau. Et un sport très « traumatisant », car il y a des risques de blessure.
« À titre d'exemple, il faut beaucoup de force pour encaisser le premier rebond, que l'on effectue avec le même pied que celui qui a pris la planche d'appel. Sur cette séquence appelée «   reprise cloche », on encaisse dix à douze fois son poids de corps sur la cheville ! »
Aujourd'hui, Jean Marc Pontvianne fait partie du top 8 mondial. Mais ça, c'est de la théorie.

« Tout se passe le jour J. Mais je crois qu'il y a moyen d'aller gratter une médaille. Je suis transcendé quand  un stade est plein. Dans ma discipline, il y a beaucoup d'interactions avec le public, que nous sollicitons en tapant des main pour lui proposer de rythmer notre course d'élan. Mes performances sont nettement  meilleurs quand le public est chaud que dans un stade vide...» 

Entraîné par son héros

Cette discipline du triple saut, il la découvre à ... 18 ans ! « Depuis petit, je faisais de l'athlé et à cet âge-là, on touche à toutes les disciplines. Je me suis spécialisé saut en longueur. À 18 ans, je découvre à la télé Teddy Tamgho, triple sauteur français qui bat le record du monde. Je suis fasciné. C'est cette discipline que je veux pratiquer ! Le lendemain, j'en parle à mon entraîneur qui est alors réticent car j'étais déjà bien lancé au niveau national en saut en longueur... »

À force d'insister, Jean-Marc Pontvianne s'inscrit à une compétition. Juste pour voir, après, seulement, une séance d'entraînement ! Et surprise, il réalise la meilleure performance française de la saison en junior ! À partir de ce jour-là, ce sera 100% triple saut ! Et depuis trois ans, il s'entraîne avec Teddy Tamgho, la légende française de la discipline qu'il a vu à la télé et qui lui a donné envie de faire ce sport !
Le résultat est quasi immédiat, avec une médaille de bronze aux championnat d'Europe 2022, son premier podium international. Et un record personnel  battu en 2023, avec un saut à 17,20 mètres.
« Ma qualité première est le rebond. J'ai une grosse capacité pliométrique ... » En clair, ses tendons savent parfaitement emmagasiner et restituer l'énergie. Mais rien ne vaut l'entraînement, encore et toujours.
« Mes parents m'ont inculqué la valeur travail. Je me suis construit à l'ancienne. Lors des mauvais moments, j'ai besoin du soutien de mes proches et je m'en sors grâce à eux. C'est un parallèle que je fais avec les demandeurs d'emploi et je suis très fier de représenter, depuis quelques mois, France Travail car j'y vois un lien avec mes valeurs », confirme le Nîmois.
Pour son trentième anniversaire, la fête sera décalée de quelques jours. Et s'il remporte une médaille, peut-être qu'il assistera à sa deuxième féria de Nîmes, avec sa récompense autour du cou...