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Maintien & soins à domicile : « Je dois 75% de mes recrutements au soutien de Pôle emploi »
Caroline Limousin est chargée de développement au sein de l’Association de maintien et de soins à domicile (AMSAD) de la Haute Gironde. Découvrons ses enjeux de recrutement et de formation, sa coopération de longue date avec Pôle emploi et l’étendue de sa créativité en fait de RH.
Publié le 07/11/2022
Caroline Limousin est chargée de développement au sein de l’Association de maintien et de soins à domicile (AMSAD) de la Haute Gironde. Découvrons ses enjeux de recrutement et de formation, sa coopération de longue date avec Pôle emploi et l’étendue de sa créativité en fait de RH.
Quelle est la mission de l’AMSAD ?
Caroline Limousin : L’Association de maintien et de soins à domicile de la Haute Gironde compte 360 salariés, une majorité d’aides à domicile, des aides-soignants et un petit service d’infirmiers. Notre objectif est le maintien et les soins à domicile des personnes fragilisées, majoritairement des personnes âgées, mais aussi des personnes en situation de handicap, des malades (nous disposons notamment d’une expertise sur la maladie d’Alzheimer). Son rayon d’action est le Nord-Gironde, un secteur rural avec peu d’emplois proposés. L’association est le troisième employeur de Haute Gironde : plus de 40 emplois durables (CDD/CDI confondus) et 70 stagiaires recrutés par an, pour 1 200 bénéficiaires accompagnés.
À quels enjeux de recrutement êtes-vous confrontée ?
C. L. : Nous rencontrons des difficultés, en particulier pour le poste d’aide à domicile. L’enjeu est de faire connaître ces métiers, de sélectionner les profils adaptés et de réussir leur formation et leur intégration. C’est mon job de chargée de développement ici à l’AMSAD, en tant que responsable de la formation des salariés et du recrutement.
À quoi ces difficultés sont-elles dues ?
C. L. : Chaque année, les « papy & mamy-boomers » sont plus nombreux. Cette génération arrive aux âges de la retraite et de la dépendance. La crise sanitaire provoquée par la Covid-19 a aussi accéléré le mouvement de retour à domicile de certaines personnes en EHPAD, inquiètes des contaminations potentielles en collectivité. Et pour cause : sur les 1 200 bénéficiaires de l’AMSAD, pas un seul cas de Covid-19 n’a été répertorié lors du premier confinement.
Au-delà de ces raisons, la priorisation de ce mode de vie est multifactorielle. Nous sommes en milieu rural, beaucoup de personnes sont nées dans les maisons qu’elles occupent. Elles y ont vécu en famille, parfois même avec plusieurs générations. Le milieu viticole joue aussi, les enfants doivent s’occuper des parents pour conserver la propriété à leur mort. Plus modestement, la prise en charge en EHPAD coûte cher. Le maintien à domicile apparaît comme une option plus économique.
« Depuis la crise sanitaire, nous avons constaté l’intérêt de professionnels en reconversion pour nos métiers. Des personnes qui recherchent du sens dans leurs missions. »
Caroline Limousin
Chargée de développement, AFSAD
Quels profils recrutez-vous ?
C. L. : Chaque année en moyenne, une trentaine d’aides à domicile, une dizaine d’aides-soignants et un à deux d’infirmiers. Chacun de ces métiers fait l’objet de formations et diplômes spécifiques (diplôme d’État d’aide-soignant, diplôme d’État d’infirmier, diplôme d’État d’accompagnement éducatif et social – DEAES).
Quelles qualités doivent avoir ces professionnels ?
C. L. : Pour les aides à domicile, des diplômes sont attendus, mais on peut y accéder sans package théorique préalable. Nous attendons surtout la motivation de la personne, des qualités humaines comme la bienveillance, l’empathie, le respect et l’écoute de l’autre, l’ouverture d’esprit… Si ces conditions sont réunies, on peut aisément former les personnes volontaires aux attendus techniques. Pour les infirmiers et les aides-soignants, les diplômes sont nécessaires, en plus de ces savoir-être.
Comment Pôle emploi vous accompagne-t-il ?
C. L. : Déjà, nous avons la chance d’avoir une conseillère entreprises Pôle emploi qui nous suit depuis 18 ans ! La qualité de cette relation et notre bonne coordination sont indispensables.
Ensuite, Pôle emploi propose des dispositifs très efficaces. L’Action de formation préalable au recrutement (AFPR) est notre dispositif numéro 1 pour former en vue de recruter. Avant, on mettait des annonces sur pole-emploi.fr, on recrutait via des centres de formation, on expliquait nos métiers et besoins aux demandeurs d’emploi lors des réunions d’information collective annuelles... C’est toujours pertinent mais cela ne suffit plus, nos besoins allant croissant.
« Sans Pôle emploi, nous ne pourrions assurer financièrement la mobilisation de nos équipes d’aides à domicile, d’aides-soignants et d’infirmiers pour former nos nouvelles recrues. »
Caroline Limousin
Chargée de développement, AMSAD
Quel est l’impact sur vos recrutements de l‘Action de formation préalable au recrutement ?
C. L. : Depuis quatre ans, l’AFPR nous permet de recruter les trois quarts des nouveaux collaborateurs de l’AMSAD chaque année, majoritairement au poste d’aide à domicile. Les formations sont assurées en interne par les professionnels de l’AMSAD, le tout co-financé par Pôle emploi. La formation dure deux mois, partagés entre la partie théorique et le stage. Pour le demandeur d’emploi, c’est un gage de sécurité, l’employeur s’engageant à le recruter en CDD de six mois dans la foulée.
Comment recrutez-vous ? Utilisez-vous des méthodes innovantes ?
C. L. : Nous recherchons en effet à faire connaître nos métiers autrement. J’entends souvent qu’aide à domicile est un métier en tension. Or, c’est surtout un métier peu connu. Il est aussi victime de clichés, du type « il fait le ménage chez les personnes âgées ». Voilà pourquoi, depuis plusieurs années, nous allons à la rencontre des demandeurs d’emploi et des prospects pour les sensibiliser.
Citons les Journées « découverte des métiers », qui proposent aux visiteurs un simulateur de vieillissement, des speed dating sur ces métiers, un escape game très populaire parmi les participants. En l’espace d’une heure, vous devez rechercher une personne âgée qui a disparu. Une façon ludique d’apprendre sur la mission et le secteur.
L’association ne vise pas ici le recrutement, mais elle plante les graines de l’intérêt. À cela s’ajoutent des missions découverte avec les Missions locales et de la promotion sur les réseaux sociaux.
Pour finir, avez-vous un exemple de parcours inspirant ?
C. L. : Frédéric était ouvrier sur une plateforme pétrolière. En recherche de reconversion à la suite d’un épisode de vie personnel, il a fait 15 jours d’immersion avec nous. Convaincu, il a d’emblée démontré des qualités humaines adaptées au métier d’aide à domicile. Il a donc poursuivi avec deux mois de formation dans le cadre de l’AFPR, puis un CDD de six mois. Le voilà maintenant titularisé en CDI. C’est là encore une force de Pôle emploi, qui propose ce dispositif de découverte – l’immersion professionnelle – pour permettre aux curieux de s’ouvrir à un métier, de façon non engageante, mais souvent éclairante.
Aller plus loin en vidéo : On est là pour vous ! #60 – Former avant d’embaucher, c’est possible
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