Quels métiers recruteront d’ici 2030 ?

Dans le rapport « Quels métiers recruteront d’ici 2030 », le Ministère du travail via la Dares et France Relance se sont prêtés à un exercice périlleux : anticiper les métiers qui recruteront le plus à horizon 2030. Pour ce faire, les deux organismes se sont basés sur différents scénarios macroéconomiques, parfois difficiles à évaluer dans un contexte troublé mêlant crise sanitaire et guerre en Ukraine. 

Un million d’emplois créés entre 2019 et 2030

Selon les calculs, un chiffre ressort, celui de 800 000 emplois à pourvoir annuellement pour répondre aux nouvelles créations de postes ainsi qu’aux départs en retraite. A noter, 90 % de la vacance des postes sera liée à des fins de carrières de la génération des baby-boomers. Ainsi, la création nette d’emploi en France entre 2019 et 2030 est estimée à un million.

Parmi les métiers à la création nette d’emploi la plus importante se trouvent les ingénieurs informatiques. Il y en aura en France en 2030, 115 000 de plus qu’en 2019, soit une augmentation de 26 %. Autre secteur en forte croissance, celui de la santé et du soin à la personne. Entre 2019 et 2030, le nombre d’infirmiers et sages-femmes devrait progresser de 18 % (+ 113 000 professionnels), tandis que le nombre d’aides-soignants sera en hausse de 15 % soit 110 000 nouveaux professionnels. 

Des embauches dans tous les secteurs, avec les départs en retraite

Au-delà des créations nettes, si l’on considère les remplacements des départs en retraite, certains métiers seront fortement recruteurs au cours des prochaines années. Arrivent en tête les agents d’entretien avec 488 000 postes à pourvoir, suivi des enseignants (329 000 postes à pourvoir), des aides à domicile (305 000 emplois à pourvoir), mais également les infirmiers et sages-femmes et les ingénieurs informatiques avec respectivement 256 000 et 190 000 emplois à pourvoir. 

Les métiers du soin et les ingénieurs informatiques sont les deux métiers en première ligne, alliant création de postes et renouvellement des départs en retraite.

Des tensions qui persistent

Selon l’étude prospective menée par la Dares et France Relance, certaines difficultés de recrutement devraient perdurer dans le temps. C’est le cas notamment des métiers d’aides-soignants, d’ingénieurs informaticiens et d’ouvriers qualifiés dans la métallurgie. Pour d’autres, à l’instar des aides à domicile, les tensions devront même s’accentuer dans les années à venir. « La majorité des métiers en tension aujourd’hui continuerait de l’être ou verrait leurs difficultés de recrutement s’aggraver d’ici 2030 en raison d’une faible attractivité. C’est le cas des aides à domicile, des personnels de ménage ou des conducteurs d'engins du bâtiment et des travaux publics », précise le rapport. 

Cécile Jolly, économiste à France Stratégie revient sur les conclusions de l’étude « quels métiers recruteront d’ici 2030 ? ». 

Quelle place pour les jeunes dans l’emploi en 2030 ?

Selon nos projections, il y aura entre 2019 et 2030, 7 millions de débutants sur le marché de l’emploi, soit 640 000 nouveaux entrants chaque année. Le niveau de diplôme des jeunes sortant de formation initiale sera plus élevé que par le passé. Ils seront ainsi 48 % à avoir fait des études supérieures en 2030, contre 46 % actuellement.

La demande sera un peu près équivalente à la fois sur les métiers qualifiés et les métiers non qualifiés. Tous les métiers auront, à l’avenir, des besoins en recrutement, y compris ceux qui détruisent de l’emploi. Ceci est lié aux nécessités induites par les besoins de remplacement des départs à la retraite.

Quelles sont les formations qui demain permettront d’entrer immédiatement sur le marché du travail ?

Il faut préciser que la formation ne sert pas exclusivement à entrer sur le marché de l’emploi. Il n’existe pas d’adéquation parfaite entre formation et emploi occupé. Ceci n’est pas particulier à la France : en dehors des métiers très techniques ou des professions règlementées (à l’instar des métiers du soin), les mêmes diplômes peuvent amener à des emplois très différents ! Autre constat général, le niveau de formation requis augmente dans tous les métiers, quel que soit le niveau de qualification. 

Quelles perspectives de carrières offertes aux jeunes qui choisiront les métiers du soin à la personne ?

Les métiers du soin continueront à être en forte croissance. Ceci s’explique en partie par la crise sanitaire, mais pas uniquement. Il y a aussi des raisons structurelles telles que le vieillissement de la population qui accroit les besoins de santé et d’accompagnement des personnes âgées en perte d’autonomie.

Les métiers de médecins, d’infirmiers, d’aides-soignants seront donc particulièrement recherchés dans les années à venir. Si, pour les infirmiers, le nombre de personnes formées répondra aux besoins futurs, ce n’est pas le cas pour les aides-soignants, avec une offre d’emploi plus importante que le nombre de personnes formées. Il y aura donc une accentuation des tensions sur les métiers d’aides-soignants.