Pour recruter dans la petite enfance, Cnaf et France Travail récompensent des innovations

Un bac à sable pour des idées innovantes. Après plusieurs mois de réflexion et de co-construction, 14 projets régionaux portés par des binômes Cnaf et France Travail, élargis à d'autres partenaires institutionnels ou associatifs locaux, ont été présentés le 27 mars à Paris devant deux jurys composés d’experts du secteur.  

Les projets présentés ont en commun une volonté d’agir sur plusieurs leviers essentiels. Nombre d’entre eux visent en premier lieu à rendre les métiers de la petite enfance plus attractifs, en facilitant l’accès à la formation, en valorisant les parcours ou encore en favorisant l’immersion professionnelle. D’autres ont mis en lumière une problématique complémentaire : le frein que constitue l’absence de solution de garde pour beaucoup de demandeurs d’emploi, qui empêche une reprise d’activité. Un double enjeu souvent traité de manière conjointe par les équipes.

Ainsi, le projet « Trouve ton Assmat ! », porté par la région Grand Est, mise sur l’intermédiation pour connecter les parents en recherche de solutions de garde – souvent des demandeurs d’emploi – avec les assistants maternels disponibles. « C’est notre cœur de métier chez France Travail : mettre en relation », souligne l’équipe en charge de cette initiative. En Moselle, par exemple, 2 513 assistants maternels sont recensés, mais beaucoup peinent à remplir leurs créneaux, faute de visibilité. En miroir, de nombreux parents peinent à engager une recherche d’emploi sans solution de garde. Cette plateforme pourrait combler ce fossé. 

Par ailleurs, l’accueil individuel représente aujourd’hui le premier mode de garde en France, avec environ 800 000 places. Pourtant, près de 44 % des assistantes maternelles partiront à la retraite d’ici 2030. Or, les candidatures ne suivent pas. Plusieurs projets ont donc cherché à lever les freins à l’entrée dans ce métier.  

C’est le cas de l’équipe Nouvelle-Aquitaine, qui propose de réinventer le parcours d’accès à l’agrément. Leur proposition inclut des journées immersives pour mieux faire connaître la profession, un accompagnement collectif et des modules complémentaires pour sécuriser l’entrée dans le métier. Une piste particulièrement pertinente selon le jury, qui a salué « le potentiel immédiat de mise en œuvre locale d’une telle démarche ». 

Des projets aux formats variés, des ambitions partagées 

Les idées ont fusé durant cette journée de pitchs : des « couveuses territoriales », des « caravanes des métiers », des plateformes numériques ou encore des scénarios de storytelling pour revaloriser le secteur de la petite enfance. « Ce qui m’a frappée, c’est la diversité des projets », confie Elisa Bazin, directrice adjointe du SPPE et membre du jury. « Certains très ambitieux nécessitent plusieurs années de déploiement et des moyens conséquents. D’autres, au contraire, sont prêts à être lancés dès septembre. » 

Vers une phase d’incubation pour les projets lauréats 

À l’issue des pitchs, cinq projets ont été récompensés : ceux portés par les régions d’IDF, d'Occitanie, Grand Est, d’ARA et Bretagne annoncés par la Présidente du CA de la Cnaf Madame Sancerni et Alain Mauny Directeur Régional Nouvelle Aquitaine de France Travail (région cheffe de file du secteur santé, social, services à la personne). Mais au-delà des trophées, la journée marque surtout le début d’une nouvelle étape : une période d’incubation sera proposée dès avril pour accompagner les projets vers leur déploiement opérationnel, en travaillant notamment leur modèle économique, leur ancrage territorial et leur évaluation d’impact. 

« La journée est finie, mais la suite commence. Nous serons à vos côtés pour faire passer ces idées à l’échelle supérieure », a promis Isabelle Doal, directrice du CafLab et de la Cnaf. Car c’est bien là tout l’enjeu : faire émerger des réponses concrètes, inspirantes, adaptables, dans un contexte où la question du recrutement dans la petite enfance devient un enjeu national de premier ordre, au croisement des politiques de l’emploi, de la famille et de l’égalité des chances.