Agriculture au féminin : des parcours loin des stéréotypes

Des femmes aux parcours variés et inspirants

Loin des stéréotypes qui ont la vie dure, les femmes qui exercent dans le monde agricole ne sont pas toutes femmes ou filles d’agriculteurs. Si 46 % viennent de familles agricoles, un tiers d’entre elles est issu d’un milieu rural non agricole et 24 % d’un environnement citadin. Mieux encore, 37 % des agricultrices ont intégré le secteur suite à une reconversion professionnelle.  

C’est ce qu’illustre le parcours de Fanny. Une jeune bretonne de 22 ans qui, après trois ans passés dans le secteur de l’hôtellerie-restauration, a décidé de sauter le pas et de se reconvertir comme ouvrière agricole dans une exploitation laitière. 

Et la présence féminine sur les exploitations ne date pas d’hier. Ainsi, 62 % des femmes agricultrices y travaillent depuis plus de dix ans, et 38 % depuis plus de vingt ans.

Le choix du cœur ou l’évidence du « travail passion »

Pour la grande majorité de ces femmes (93 %), l’agriculture est avant tout un « travail passion ». Ce qui les anime ? L’amour du métier (47 %) et leur lien avec la nature (51 %). Cet attachement profond à la terre et aux animaux témoigne de carrières qui vont au-delà d’une simple profession.

Naturellement, cet engagement se traduit par un fort désir d’entreprendre. Parmi les dirigeantes d’exploitation, plus de la moitié ont fait le choix de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. Elles innovent, diversifient leurs activités et s’adaptent aux évolutions du secteur. De la permaculture à l’agriculture biologique, en passant par les circuits courts et la vente directe, elles redoublent d’initiatives pour valoriser leur production et répondre aux nouvelles attentes des consommateurs à la recherche de produits artisanaux responsables et de qualité.

Un métier avec de nombreux défis à relever

Mais malgré leur passion, les agricultrices ne cachent pas les difficultés qu’elles rencontrent. En effet, 95 % jugent leur métier difficile, 87 % estiment qu’il est peu reconnu et 82 % considèrent qu’il est mal rémunéré. Les femmes sont confrontées à une inégalité de genre qui leur vaut de gagner en moyenne 29 % de moins que leurs homologues masculins.  

Si les trois quarts des agricultrices considèrent entretenir de bonnes relations avec les hommes du milieu agricole, 83 % des agricultrices constatent des inégalités et 31 % les jugent plus fortes que dans d’autres secteurs. Près de la moitié se sent moins soutenue, moins reconnue pour la qualité de son travail et moins acceptée. Elles estiment devoir redoubler d’efforts pour prouver leurs compétences dans ce milieu dit masculin et où les représentations genrées persistent. 

Autre point de tension : la conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle. Pas moins de 41 % des agricultrices expriment une insatisfaction, et ce chiffre monte à 52 % pour les cheffes d’exploitation. L’irrégularité des horaires, les responsabilités multiples au sein des exploitations, et les attentes sociales et familiales peuvent peser lourd sur la balance. 

Cependant, pour alléger la charge qui pèse sur les agricultrices, des collectifs féminins voient le jour, créant des espaces d’échanges et de réflexion afin de repenser la répartition des tâches et du travail dans le secteur agricole. 

Les femmes, moteur de l’agriculture de demain

Malgré ces défis, le métier d’agricultrice continue de passionner, et 81 % d’entre elles envisagent de poursuivre leur activité jusqu’à la retraite. Dans un contexte de transition écologique et de mutation du secteur, leur présence s’avère déterminante. Elles jouent un rôle moteur dans l’essor de l’agriculture biologique et des circuits courts : un tiers des exploitations bio sont dirigées par des femmes, témoignant de leur intérêt pour une agriculture durable et responsable.