L’Allemagne est un pays fortement industrialisé

En Allemagne, le principal employeur est le Mittelstand, un réseau exceptionnel de PME dans les secteurs de la construction de machines et d’installations, de l’industrie et de la métallurgie. Les explications de Stephan Niser, Client Partner, Private Equity Practice Europe, Pedersen & Partners

Publié le  12/03/2025

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Quel est l’état du marché du travail en Allemagne ?

L’Allemagne est un pays très industrialisé, avec de nombreuses entreprises prospères et le Mittelstand qui constitue la colonne vertébrale de l’économie allemande. Le marché du travail y est solide. Sur 84 millions d’habitants, 45,72 millions de personnes occupaient un emploi en mars 2023  (+ 1 % par rapport à l’année précédente) dont 35,21 millions assujettis à l'assurance sociale obligatoire, et le taux de chômage atteignait 6,4% en février 2025. Cependant, ce taux est beaucoup plus élevé dans l’est de l’Allemagne , une région peu industrialisée. 

L'industrie se concentre dans les régions les plus dynamiques, de Hambourg à Düsseldorf, en passant par la Ruhr (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), Stuttgart, et Munich. Cette dernière a connu un essor non seulement dans l’industrie automobile, mais aussi dans les secteurs de la défense et des technologies (logiciels). Munich est à présent une ville plus internationale, où l’anglais est souvent la langue de travail dans le secteur de la tech. 

Comment fonctionne le système de l’emploi en Allemagne ?

Les individus intègrent le marché du travail par le biais des études, des stages, et des formations professionnelles. Il existe une pénurie dans les métiers techniques et dans les professions liées aux soins, ce qui explique le recours croissant à l’immigration en provenance d’Amérique latine, de Syrie, et d’autres régions. 

Pour les jeunes, il est essentiel d’acquérir de l’expérience par des stages pendant leurs études. Le système dual (« duales Studium ») combine formation en entreprise et études théoriques, facilitant l'intégration des jeunes sur le marché du travail. Ce modèle est particulièrement répandu dans le Mittelstand, le tissu des PME allemandes. Les grandes entreprises comme les cabinets d'audit et de conseil BCG, PWC ou EY collaborent également avec les grandes écoles pour attirer les talents. 

En termes d’évolution de carrière, cela dépend du secteur. Par exemple, l’industrie automobile traverse une période difficile, tandis que dans le secteur de la tech ou des start-ups, où les hiérarchies sont plus plates, les changements de poste peuvent être plus rapides. Une expérience internationale est aussi très valorisée, notamment pour comprendre d’autres cultures et être plus ouvert d’esprit. Par exemple, 80 % des ventes internationales de Mercedes-Benz se font en Asie, ce qui nécessite des managers capables de négocier avec l’Asie. 

Quels sont les leviers d’activation du marché du travail ?

Les principaux leviers sont la formation, l’éducation, et l’accompagnement à la recherche d’emploi. L’Agentur für Arbeit (Agence pour l’emploi) joue un rôle essentiel en indiquant les postes disponibles. 

Depuis le Covid, une certaine flexibilité s’est installée sur le marché du travail allemand, notamment avec le télétravail, qui était auparavant quasi inexistant. Cependant, un clivage générationnel est apparu : les jeunes souhaitent davantage de flexibilité (semaines de quatre jours, temps de travail flexible, congés le vendredi) et préfèrent des avantages comme des vélos de fonction ou des bons de voyage à des tickets-restaurants. Ils changent aussi plus fréquemment d’emploi, ce qui surprend les recruteurs plus âgés. 

Pour retenir ces jeunes talents, les entreprises misent sur une culture d’entreprise attractive et des conditions de travail adaptées.  

Le marché du travail allemand est stable et offre des opportunités de travail séduisantes aux talents internationaux, mais fait face à des défis administratifs pour intégrer ces nouvelles forces.


Quelles sont les caractéristiques du marché de l’emploi en Allemagne comparé à la France ?

Les différences culturelles sont marquées. En Allemagne, la ponctualité, la rigueur et l’efficacité sont des valeurs fondamentales. Les réunions commencent souvent avant l’heure prévue. Les employés allemands ont un fort sentiment d’appartenance à leur entreprise, perçue comme une seconde famille. En revanche, en France, l’accent est davantage mis sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. 

Le système d’apprentissage en Allemagne est très structurant, avec une intégration progressive des jeunes dans les entreprises dès l’école. En matière de protection sociale, l’Allemagne offre un système solide : les indemnités de chômage diminuent progressivement pour inciter à retrouver un emploi rapidement. 

L’économie allemande étant fortement industrialisée, les métiers d’ingénieurs et de production dominent le marché. Le marché du travail allemand est stable et offre des opportunités de travail séduisantes aux talents internationaux, mais fait face à des défis administratifs pour intégrer ces nouvelles forces. Par ailleurs, la digitalisation des services publics progresse lentement, accentuant les barrières pour les personnes peu familières avec les outils numériques. 

Quels sont les métiers les plus demandés par le Mittelstand ?

L'Allemagne fait face à une pénurie de travailleurs qualifiés, notamment dans les secteurs techniques. En 2023, environ deux millions de postes étaient vacants, une situation exacerbée par le vieillissement démographique. Presque tous les secteurs souffrent de pénurie : 

  • Ingénieurs mécaniques, électriques et en technologies de l’information. 
  • Techniciens spécialisés en maintenance et support technique. 
  • Professionnels du marketing et des ventes. 
  • Artisans qualifiés : électriciens, plombiers, ouvriers du bâtiment. 

La main-d’œuvre dans ces métiers vient souvent d’Europe de l’Est, reflétant une longue tradition de migration de travail. Pour pallier la pénurie de main-d'œuvre, l'Allemagne a assoupli en 2023 les règles d'obtention de permis de travail pour les travailleurs qualifiés étrangers, visant à attirer 400 000 travailleurs qualifiés par an. 

Comment se comporte le marché de l’emploi pour les seniors de 50 ans et plus ?

Certaines entreprises valorisent désormais l’expérience des employés plus âgés. Ces derniers sont généralement en meilleure santé que les générations précédentes et apportent une expertise précieuse. Des programmes de formation et de reconversion sont disponibles pour les aider à rester actifs jusqu’à l’âge de la retraite (67 ans). La population en âge de travailler devrait diminuer de 2 % d'ici 2045, tandis que la population âgée de 67 ans et plus devrait augmenter de 13,6 %, posant des défis pour le marché du travail. 

Quelle est la situation en matière de mixité et de diversité ?

Malgré des obligations légales en matière de non-discrimination, l’intégration des personnes en situation de handicap reste limitée. Des programmes de réinsertion existent, mais leur mise en œuvre effective est inégale. 

Concernant le travail féminin, des quotas ont été introduits pour encourager l’emploi des femmes, accompagnés de bonus pour les entreprises. Cependant, la question des écarts salariaux persiste. En 2023, environ 50 % des femmes travaillaient à temps partiel, souvent en raison de contraintes familiales et éducatives. 

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