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Le nucléaire, une filière dynamique qui recrute
Pilier incontournable du mix énergétique national, la filière nucléaire française se relance à vitesse grand V. Les acteurs clés du secteur prévoient de recruter 100 000 personnes d’ici à 2033. Quels sont les métiers les plus recherchés ? Quelles actions sont mises en place pour valoriser le secteur et dynamiser le recrutement ? Tour d’horizon.
Publié le 04/02/2025
Les tendances clés pour mieux comprendre les enjeux d’un secteur décisif pour l’avenir
Le poids du secteur nucléaire le positionne à la troisième place de la filière industrielle française, derrière l’aéronautique et l’automobile. Dans un contexte où il devient fondamental de proposer une production d’électricité fortement décarbonée pour répondre aux objectifs de neutralité carbone à l’échelle nationale et mondiale, la filière du nucléaire est très attendue. Déjà reconnue pour son excellence et son savoir-faire de premier plan, le secteur embauche 220 000 salariés, en emplois directs ou indirects, soit 6,7 % de l’emploi industriel français.
La filière rassemble sur le territoire, à travers 3 200 entreprises – 63,8 % de PME et 22 % de TPE –, tous les acteurs nécessaires pour garantir une maîtrise complète de l’ensemble des métiers qualifiés et de savoir-faire non délocalisables. Pour répondre aux défis du dérèglement climatique, de l’indépendance énergétique, continuer de couvrir plus de 70 % de la production française d’électricité, de grands projets structurants mobilisent tous les acteurs de la filière, des grands donneurs d’ordre aux sous-traitants qui génèrent l’essentiel des recrutements (73 % des emplois sont présents dans les entreprises sous-traitantes, 42 % des salariés occupent des postes dans l’exploitation et la maintenance, 22 % dans la construction des centrales).
Le secteur embauche 220 000 salariés, en emplois directs ou indirects, soit 6,7 % de l’emploi industriel français.
Des travaux exceptionnels au-delà de 2030 : une opportunité pour l’emploi
De grands chantiers sont entamés pour entretenir et moderniser le parc nucléaire, et prolonger de vingt ans la durée de fonctionnement de ses réacteurs au-delà des quarante ans prévus initialement. Le programme « Grand carénage » 2014-2025, lancé par EDF, prévoit de prolonger l’exploitation des centrales, mais comprend aussi la gestion du vieillissement des installations et le rehaussement des niveaux de sûreté. Ces travaux d’envergure, avec des actions planifiées jusqu’en 2030, s’accompagnent d’un plan de recrutement de 20 000 personnes. L’autre « chantier du siècle » se concentre sur la création de six réacteurs pressurisés européens (EPR), la rénovation des centrales en activité et le développement de réacteurs nucléaires innovants de petite taille SMR/AMR.
Les estimations sur les besoins de main-d’œuvre tournent autour de 100 000 emplois prévisibles sur dix ans, soit 10 000 emplois par an équivalents temps plein, hors gains de productivité. Selon le programme MATCH, outil de pilotage du Groupement des industriels français de l’énergie nucléaire (Gifen) : parmi les 84 métiers « cœurs » de la filière nucléaire recensés, 20 ont été identifiés comme les plus porteurs, parce qu’en tension, d’ici à 2033. Il s’agit de postes opérationnels comme câbleur, chaudronnier, ferrailleur, électricien, coffreur-brancheur, et des métiers d’ingénierie tels qu’études conception électricité, exploitation, sécurité nucléaire, dessinateur-projeteur, chef de projet…
Dans le cadre du programme de relance du nucléaire, l’enjeu RH majeur est de fiabiliser les compétences de ces sous-traitants qui seraient les principaux recruteurs dans la conduite de ces travaux.
En effet, ces derniers répondent à des appels d’offres et sont amenés à recruter sur des territoires parfois éloignés de leur siège dans des délais très courts pour mettre en œuvre les marchés.
Les estimations sur les besoins de main-d’œuvre tournent autour de 100 000 emplois prévisibles sur dix ans, soit 10 000 emplois par an.
La formation, un levier majeur pour le maintien des expertises et le renouvellement des compétences
Parmi les formations achetées entre 2023 et 2024, en hausse de 4 % par rapport à l’année précédente, celles en soudage (4 156), maintenance industrielle (2 274), habilitation nucléaire (1 628), chaudronnerie (652), réalisation et montage de tuyauterie (544) font partie du top 5. Si les places achetées ne sont pas toutes attribuées uniquement à la filière nucléaire – certaines formations s’appliquant à l’industrie mécanique et métallurgique –, le taux d’accès à l’emploi est très nettement supérieur pour les formations relatives au nucléaire. Ainsi, 90 % vont vers la prévention nucléaire, 78 % vers l’habilitation nucléaire et 84 % vers le contrôle non destructif, en comparaison au taux moyen d’accès d’emploi, tout de même en augmentation de 65 % suite aux différentes formations proposées.
Des agences de prestataires en région, relais des perspectives et des évolutions de carrière
Cinq agences régionales de prestataires de l’industrie nucléaire quadrillent le territoire : GIE Atlantique, GIMest, GIPNO, Ifare dans le sud-est et Peren dans le Centre-Val de Loire. Elles ont pour mission principale de nouer de solides relations auprès des acteurs et des donneurs d’ordres nationaux, afin de les accompagner et de les conseiller dans les domaines concernant la qualité, la sécurité et l’environnement. Elles veillent également à améliorer l’adaptabilité et le maintien des compétences des salariés. Enfin, pour rendre les métiers de la filière plus attractifs, elles s’efforcent d’informer et de promouvoir, auprès des jeunes et des demandeurs d’emploi, les métiers exercés par les prestataires de services de l’industrie nucléaire, tout en s’assurant que les évolutions de carrière soient possibles.
Pour couvrir les besoins en main-d’œuvre et donner une autre image des postes jugés en tension dans le domaine, l’Université des métiers du nucléaire a été créée à Paris en 2021. S’y déroule la Semaine des métiers du nucléaire du 3 au 7 février 2025, organisée par France Travail et de nombreux partenaires.
Des événements sur tout le territoire pour dynamiser l’emploi et rendre la filière attractive
En identifiant plusieurs problématiques, France Travail s’est entouré de nombreux partenaires (EDF, Ifare, Nuclear Valley, Assystem, entre autres) pour planifier une série d’actions phares. Afin de promouvoir l’attractivité des métiers de la filière du nucléaire, plusieurs ateliers de découverte et des parcours sont organisés en région avec des visites de chantiers école ou de centrales.
Pour répondre aux difficultés de recrutement que connaît la filière face au développement croissant des besoins énergétiques, France Travail se mobilise pour accompagner les alternants afin qu’ils ne sortent pas de l’industrie. Au niveau national, une convention a été signée avec EDF et d’autres partenaires pour développer les compétences sur les territoires grâce à un apprentissage chez EDF puis un reclassement des alternants sortants chez leurs sous-traitants. France Travail participe également à la création d’événements pour donner de la visibilité aux postes à pourvoir. Parce que le recrutement est crucial, des salons et des forums de l’emploi présentant le secteur sont régulièrement proposés en présentiel ou en distanciel, en vue de faciliter les rencontres et d’éclairer sur les grands enjeux de la filière.
La formation et l’évolution professionnelle sont des étapes centrales pour attirer et conserver les talents, France Travail veille à rester l’un des interlocuteurs privilégiés des entreprises et entretient un dialogue régulier avec les acteurs clés du secteur pour recueillir les besoins des entreprises, identifier les métiers déficitaires et proposer des plans d’action en concertation.
Les chiffres à retenir
- 220 000 emplois directs et indirects dans plus de 3 200 entreprises.
- Des besoins en main-d’œuvre de l’ordre de 100 000 emplois (10 000 emplois par an équivalents temps plein pendant dix ans)
- 73 % des emplois sont présents chez les sous-traitants
- 47,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires
- 970 millions investis par an dans la Recherche & Développement
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